Attaques en Arabie saoudite: Trump renforce les sanctions contre l’Iran et envoie des renforts dans la région.
20 minutes.fr, 21/09/19Les Etats-Unis ont annoncé vendredi l’envoi de renforts militaires dans la région du Golfe après les attaques en Arabie saoudite attribuées à l’Iran et renforcé les sanctions contre la Banque centrale iranienne, présentées par Donald Trump comme « les plus sévères jamais imposées à un pays ».A la demande de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes Unis, le président a approuvé le déploiement de forces américaines, qui seront défensives par nature, et principalement axées sur les forces aériennes et la défense antimissile”, a annoncé le ministre américain de la Défense Mark Esper.
Le nombre exact des troupes et le type d’équipement envoyés en renfort n’ont pas encore été décidés, mais il s’agira d’un déploiement « modéré », qui ne se comptera pas en milliers, a précisé le chef d’état-major américain, le général Joe Dunford. Le milliardaire républicain avait annoncé plus tôt de nouvelles sanctions contre la banque nationale d’Iran. « Ce sont des sanctions au plus haut niveau », avait-il précisé dans le Bureau ovale. Mike Pompeo a réaffirmé dans un communiqué que « toutes les preuves désignaient l’Iran, et uniquement l’Iran » comme responsable des attaques en Arabie saoudite, une « agression sophistiquée dans sa conception et effrontée dans son exécution ».
« Solution de facilité »
Dans ses prises de parole publiques, parfois contradictoires, Donald Trump s’était montré de moins en moins enclin à des représailles militaires contre l’Iran. « Il n’y a jamais eu de pays plus préparé » que les Etats-Unis à mener des frappes militaires, a-t-il prévenu. « Ce serait la solution de facilité pour moi », « frapper 15 sites majeurs en Iran », « cela ne prendrait qu’une minute » et « ce serait une très mauvaise journée pour l’Iran ». « Mais ce n’est pas ce que je privilégie, si possible », a-t-il enchaîné.
Plusieurs « faucons » républicains l’incitent à faire payer Téhéran avec des frappes sur ses installations pétrolières ou militaires, estimant qu’il ferait preuve de faiblesse s’il n’apportait pas une telle réponse. Le milliardaire républicain a au contraire estimé que la meilleure manière « d’afficher la force » des Etats-Unis était de « faire preuve d’un peu de retenue ». « La retenue est une bonne chose », a-t-il insisté, assurant avoir fait « changer d’avis à beaucoup de monde » sur le sujet.
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Attaques en Arabie saoudite : Macron, Merkel et Johnson accusent l’Iran
Le Point, 24/09/2019
Lundi Le 23 septembre, les dirigeants français, allemand et britannique, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson, ont accusé l’Iran d’être « responsable » de l’attaque du 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes et l’ont exhorté à « s’abstenir de toute nouvelle provocation ». « Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible », ont-ils déclaré dans un communiqué commun à l’issue d’une rencontre à trois en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
Le président américain Donald Trump a affirmé qu’aucune rencontre n’était prévue « à ce stade » avec son homologue iranien Hassan Rohani, tout en n’excluant pas catégoriquement une telle hypothèse. « Nous n’avons rien de prévu à ce stade », a déclaré Donald Trump en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « Je n’exclus jamais rien », a-t-il ajouté peu après.
L’Iran « n’a toujours pas accepté l’offre » des États-Unis en faveur d’une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani, a déclaré lundi l’émissaire américain Brian Hook. « Le président a dit depuis deux ans qu’il était prêt à rencontrer le président Rohani », a dit le représentant spécial des États-Unis pour l’Iran lors d’une conférence en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. « C’est quelque chose que nous avons dit à plusieurs reprises ces dernières années. L’Iran n’a toujours pas accepté notre offre », a-t-il ajouté au cercle de réflexion Asia Society.L’émissaire a estimé que les Iraniens avaient « franchi une ligne » avec l’attaque d’installations pétrolières en Arabie saoudite, attribuée par Washington à Téhéran malgré les démentis iraniens. Mais, malgré cela, il a rappelé que Donald Trump avait récemment assuré que la porte n’était toujours pas fermée à une rencontre. Le président français Emmanuel Macron a annoncé avoir des entretiens séparés, lundi et mardi à New York, avec ses homologues américain et iranien. En première ligne sur ce dossier, il n’a pas exclu qu’une poignée de main historique puisse avoir lieu entre les dirigeants des deux pays ennemis.Donald Trump, lui, est resté très discret sur ce sujet depuis son arrivée à l’ONU dimanche soir. « C’est maintenant aux dirigeants iraniens de décider s’ils continuent comme si de rien n’était en subissant toujours plus de pression de la part des États-Unis ou s’ils viennent nous parler à la table des négociations », a encore lancé Brian Hook. Mais il a précisé que Washington voulait « un accord vraiment global » qui mette fin à ce que Washington juge être un comportement « déstabilisateur » de Téhéran au Moyen-Orient.
Nous espérons que le pragmatisme l’emportera », a-t-il expliqué. Brian Hook a aussi renouvelé les appels américains à la communauté internationale, notamment aux Européens, pour qu’elle durcisse le ton à l’égard de Téhéran. « Je voudrais voir l’Union européenne imposer des sanctions à ces personnes et entités qui facilitent le programme de missiles de l’Iran, son programme de drones, qui sont derrière ces attaques », a-t-il dit. Il a aussi souhaité que le Conseil de sécurité de l’ONU « joue un rôle » puisque, a-t-il plaidé, « les attaques iraniennes violent clairement de nombreuses dispositions de la Charte des Nations unies ». Selon lui, si la communauté internationale reste discrète après les actes imputés à l’Iran, « les autres États voyous à travers le monde vont en tirer des leçons » pour leur propre comportement.
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L’Iran ou les Dérives de la Raison
Michèle Mazel,
benillouche.blogspot.com, 24 Septembre 2019
L’Assemblée générale des Nations Unies se tient cette année sous le signe de la tension dans le Golfe Persique. Le 14 septembre dernier, une attaque dévastatrice sur les installations pétrolières de l’Arabie saoudite a fait des dégâts considérables, entraînant des perturbations heureusement temporaires dans le cours de l’or noir. Bien que les Houthis du Yémen, armés et financés par l’Iran, en aient revendiqué la responsabilité, les soupçons se sont rapidement portés sur le pays des Ayatollahs. L’Arabie saoudite a été la première à l’accuser.
Les Européens quant à eux ont émis des doutes, rappelant que les Saoudiens faisaient partie de la coalition contre les rebelles houthis qui selon eux avaient donc de bonnes raisons de les attaquer. Lorsque les Etats-Unis ont eux aussi accusé l’Iran, les Européens ont évoqué l’obsession du président américain contre ce pays. Ce fut alors le tour de Boris Johnson de montrer du doigt Téhéran ; cette fois les médias expliquèrent qu’il agissait pour complaire à son allié américain dont il a grand besoin en ce moment.
Soudain, coup de tonnerre à l’ONU comme le rapporte Le Monde du 24 septembre : «Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson ont indiqué : «Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible», ont–ils déclaré …. «La France et l’Allemagne rejoignent ainsi l’Arabie saoudite et les États-Unis qui accusaient déjà l’Iran d’être derrière l’attaque». Par ailleurs, selon Le Monde, «Les Occidentaux accusent Téhéran d’avoir des visées hégémoniques dans la région, via le relais de milices sur place, le long d’un arc allant du Liban à l’Irak en passant par la Syrie». «Téhéran, précise le quotidien, s’en défend, assurant vouloir avant tout garantir sa sécurité face à ses voisins et rivaux du Golfe».
Le journal n’en dira pas plus. Cette louable tentative d’objectivité renvoyant dos à dos les uns et les autres ne répond pas à une question brûlante : qu’est-ce qui a bien pu convaincre la France et l’Allemagne de la culpabilité des Ayatollahs ? Car ce n’est sûrement pas de gaité de cœur qu’ils ont pris le risque d’offenser un régime pour lequel ils ont toutes les sollicitudes. On peut avancer l’hypothèse que les Etats-Unis, qui disposent de bases aériennes de pointe au Qatar et à Bahreïn, avec des systèmes de détection ultrasophistiqués, sans parler de quelques satellites espions se promenant dans les cieux du Moyen-Orient, ont été en mesure de présenter des preuves irréfutables.
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont dû se rendre à l’évidence. Tout de même, s’ils sont prêts à faire porter à l’Iran la responsabilité de l’attaque, ils ne vont pas jusqu’à condamner ce pays ; ils n’ont pas non plus osé exiger de Rouhani la reconnaissance de ses actes avant toute rencontre ou tout dialogue avec lui. Bien au contraire le président français a eu un long entretien avec Rouhani et en prévoit d’autres dans le cadre de sa politique d’apaisement des tensions dans la région.
Ainsi donc une attaque d’une violence inouïe sur les infrastructures vitales d’un pays membre des Nations-Unies restera sans réponse. Selon le Figaro du 24 septembre, «le président Rouhani a déclaré de son côté que l’Iran présenterait à l’ONU un plan de coopération régionale destiné à assurer la sécurité des eaux du Golfe». Gageons qu’il aura droit à la traditionnelle «standing ovation».
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