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Une fête à double date, l’une universelle, l’autre réservée à Jérusalem. Pourime, la Fête des sorts, commémore l’histoire d’Esther. Les Juifs, exilés de Judée, vivaient dispersés dans les cent vingt-sept provinces de l’Empire perse, « de l’Inde à l’Éthiopie » (Ester I : 1). Haman, le nouveau premier ministre, pays Assuerus, le monarque, pour obtenir le droit de tuer tous les Juifs pour se venger du fait que Mardochée, un leader juif, refusait de se prosterner devant lui. Mardochée ordonne à sa nièce, Esther, devenue épouse du roi, d’intervenir, même si c’est au péril de sa vie, pour sauver son peuple. Lors d’un repas dramatique, Esther dénonce Haman. Celui-ci est pendu, Mardochée le remplace, les Juifs qui s’attendaient à être massacrés sont sauvés et attaquent leurs ennemis. Le jour prévu par les sorts pour la tuerie , le 14 Adar, devient la fête de Pourime. À Suze, la capitale, un jour supplémentaire de combats fait que les Juifs ne célèbrent que le 15 Adar. Mais me direz-vous, cette histoire est très belle, mais qu’a-t-elle à voir avec Jérusalem ? Pour les responsables religieux juifs, il était hors de question qu’une ville étrangère, Suze, ait la primauté sur Jérusalem avec l’expression Pourim de Zuze, le 15, et non Pourime tout court, le 14. Ils ont décrété que toutes les villes d’Israël qui étaient entourées de murailles à l’époque de la conquête de Canaan par Josué célébreraient le 15. Jérusalem, en faisant partie, célèbre donc Shoushane Pourime, le Pourime de Suze au lieu du Pourime courant. Le résultat est que les diverses coutumes, lecture du livre d’Esther, dons aux pauvres, cadeaux de nourriture et repas de fête se font à Jérusalem un jour après les autres villes. Que faire des villes qui selon toute vraisemblance avaient des murailles à l’époque de Josué : Hébron, Jaffa, Acco (St-Jean d’Acre), Safed et Tibériade. Elles célèbrent à la date générale, le 14, mais, au cas où, pour éviter toute erreur d’interprétation, elles lisent le Livre d’Esther le 15. Tout ce système, compliqué – la majorité des Juifs n’y comprennent rien – et égalité avec Suze, puis dans un deuxième temps, suite à la disparition de Suze, assurer la primauté de Jérusalem sur toutes les cités. Je suggère, même si personne ne m’a demandé mon avis, de changer le nom de Pourime de Suze en Pourime à Jérusalem.