C. Pentecôte
Sept années après Pessah, Pâque, se célèbre la fête de Shavouote, des Semaines, en français Pentecôte, le cinquième jour. Shavoute commémore la promulgation commémore la promulgation du Décalogue, des Dix Commandements, sur le mont Sînai. Elle s’accompagne de plusieurs coutumes dont une nuit d’études et la consommation de plats lactés. Jérusalem a sa façon bien à elle de célébrer Shavouote.
Tout de suite après la Guerre des Six Jours de 1967, alors que des risques de violence subsistaient, les Yérosalamitains se sont déplacés en masse vers le Kotel, le vestige du Temple, pour célébrer Shavouote et y lire les Dix Commandements. Cela correspondait à ce que la Bible nous enseigne sur les Trois Fêtes de Pèlerinage – Pâque, Pentecôte et Soukkote – quand, comme leur nom l’indique, les Juifs venaient en pèlerinage à Jérusalem.
La première fois que j’ai passé Shavouote à Jérusalem après 1967 a été en 1983. On m’avait alors expliqué que nombreux étaient ceux qui assistaient à des nuits d’études et qu’une partie d’entre eux se dirigeaient la nuit vers le Kotel pour la prière du matin et la lecture du Décalogue.
Je pars donc vers quatre heure du matin ; il y avait quelques personnes dans la rue, mais rien d’extraordinaire. Au fur et à mesure que je me rapprochai de la Vieille Ville, le nombre de piétons augmentait. Arrivé dans les ruelles de la Vieille Ville, c’était plein. Finalement, au lever du soleil, à proximité du Kotel, j’entends un bruit de fond. Il m’a fallu quelques secondes pour comprendre. Plus de 100 000 personnes étaient déjà amassées devant le Kotel et le bruit, c’était leur prière. La place était noire de monde. Lorsque les groupes de fidèles ont voulu utiliser les rouleaux de la Torah pour y lire les Dix Commandements, il a fallu établir une queue pour les différents groupes, tellement la foule était abondante. Voir et entendre cette foule laissent une impression durable.
Mais, même si Jérusalem est la ville des miracles, on n’y a pas encore inventé la cure de jouvence permanente. Je marche moins vite qu’il y a trente ans, je loge dns des appartements plus éloignés de la Vieille ville, je n’ai plus le courage de marcher plus d’une heure et demie à l’aller et autant au retour. La solution de rechange est alors la nuit d’études.
Toutes les synagogues de Jérusalem, et elles ne manquent pas, organisent e telles nuits. Tous les styles dont en concurrence, depuis l’étude classique des textes jusqu’à des débats philosophiques, depuis les plus rationalistes jusqu’aux plus mystiques… Des affiches, apposées sur tous les tableaux d’affichages, invitent les Yérosalamitains à participer à la nuit d’études dune synagogue spécifique. Le choix ne va pas de soi tellement est grand l’éventail des possibilités. Des amis m’ont dit : « nous commençons par telle synagogue pour entendre un conférencier de classe ; puis nous allons dans une deuxième synagogue, car, à une heure du matin, tel rabbin présentera une application contemporaine d’un texte ancien ». Un de ces sujets qui revient régulièrement est l’histoire de Ruth la Moabite que l’on lit à Shavouote. Elle a choisi de suivre sa belle-mère Noémie et de se convertir. L’expression de ce choixest remarquable « Partout où tu iras, ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ». (Ruth I. 16) À partir de ce cas, un rabbin peut présenter les problèmes contemporains de conversion en Israël, en particulier chez les immigrants de l’ex Union soviétique qui veulent tout à la fois se convertir, mais ne veulent pas mener une vie religieuse orthodoxe.
Les « vedettes » attirent une affluence considérable au point qu’une partie des gens restent dans la rue. La composition de l’auditoire est hétéroclite : vous y trouvez de nobles personnages, âgés, barbus, dans leurs vêtements de fêtes, des jeunes, en tenue plus à la mode, des très religieux, des religieux et des relax. Un grand nombre de jeunes adultes assistent à ces nuits d’études et, me semble-t-il, passent une bonne partie de la nuit à discuter dehors. J’ai la conviction que plusieurs couples se sont formés suite à ces nuits d’études. À nouveau, Yeshouroun, la grande dame des synagogues, fait preuve d’originalité. Certains de ses conférenciers sont d’un niveau exceptionnel, d’autres d’un niveau moyen, mais, pour empêcher que les assistants ne s’endorment, à trois heures du matin arrive un chœur qui non seulement chante des airs entraînants mais encourage les fidèles à participer.