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POURQUOI TANT DE HAINE?

  

    

 

 

LA CÉCITÉ DE L’INTELLIGENTSIA JUIVE ET DE L’OCCIDENT

Pierre Lurçat avec Yannick Urrien

JForum, 21 oct., 2016

 

 

Pierre Lurçat, avocat à Paris et à Jérusalem, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sionisme et sur l’histoire d’Israël. Il vient de publier un livre passionnant qui, contrairement aux idées reçues, démontre la victoire des idées pacifistes en Israël.

 

Selon l’auteur et malgré ce qui circule couramment dans les médias, Israël n’est pas un pays « d’extrême droite », car les intellectuels juifs pacifistes continuent de jouer un rôle majeur dans la délégitimation actuelle d’Israël.

 

Le parallèle avec la situation française est saisissant et c’est ce que démontre Pierre Lurçat dans l’entretien exclusif qu’il a accordé à Yannick Urrien sur Kernews, en direct de Jérusalem.

Kernews : Vous dénoncez la victoire des idées pacifistes en Israël et l’on observe un parallèle étonnant avec la situation en France, notamment dénoncée dans « Le suicide français » par Eric Zemmour. On pensait que la société israélienne était à l’écart de ce courant mais la grande surprise de votre livre, c’est que finalement les travers sont identiques…

 

Pierre Lurçat : Effectivement, Israël est décrit dans les médias occidentaux comme un état belliqueux, comme un État où le combat pour la survie passe avant tout. Or, finalement, si l’on regarde les choses de plus près, c’est le contraire. En Israël, vous avez ce que j’appelle le faux messianisme de la paix, c’est-à-dire l’idée que la paix est préférable à tout et qu’il faut faire tous les sacrifices pour y parvenir et vous avez aussi l’idée qu’Israël doit se conduire d’une manière exemplaire. Ce n’est pas seulement une idée imposée à Israël par la communauté internationale, mais c’est une idée qui a ses sources en Israël même et chez des penseurs qui ont une influence durable sur la société israélienne.

Comment expliquez-vous ce décalage médiatique ?

 

L’Occident est victime du prisme qu’il s’est lui-même forgé pour regarder Israël. À force d’accuser Israël de tous les maux en considérant que c’est le méchant, face aux Palestiniens qui sont les gentils, l’Occident finit par croire à ses propres mensonges et il n’est plus capable de regarder Israël d’une manière objective.

 

Vous dénoncez aussi la cécité d’une partie de l’intelligentsia juive, qu’elle soit en Israël ou ailleurs dans le monde…

 

Je m’intéresse à ce que j’appelle la trahison des clercs d’Israël, y compris avant 1948, puisque l’on sait bien que l’État d’Israël n’est pas né en un seul jour… Il s’est forgé au cours des décennies qui ont précédé et vous aviez déjà un débat qui ressemble étonnamment au débat actuel, notamment sur les questions de morale et de politique, ou de la guerre juste et injuste.

 

Qui sont ces clercs d’Israël ?

 

J’appelle les clercs d’Israël ces intellectuels qui font passer avant tout des principes moraux abstraits, sans tenir compte des réalités concrètes de l’État et du peuple juif. C’est un débat qui remonte aux années 20 et, dès qu’Israël a été confronté à une opposition violente, puisque les premières émeutes arabes datent des années 20, il y a eu une position paradoxale chez beaucoup d’intellectuels juifs de l’époque. Ils ont dit : « Si nous devions avoir un État qui se comporte comme tous les États, avec un nationalisme armé, alors on préfère ne pas avoir d’État… » C’est ce qu’ont dit mot pour mot des penseurs aussi influents que Martin Buber, Gershom Scholem et même Albert Einstein.

 

Vous parlez de Buber en lui consacrant un chapitre intitulé « Histoire d’une trahison ». Trahir, c’est ne pas dire ce que l’on pense ou ne pas faire ce que l’on dit, or sa pensée a toujours été claire dans ce domaine…

 

Je n’ai pas inventé le concept de trahison des clercs, puisque c’est le titre du livre de Julien Benda, et je dénonce des clercs qui trahissent leur peuple au nom de leurs principes abstraits. Buber en est l’exemple type. C’est le modèle du clerc d’Israël qui trahit – au sens intellectuel du terme – parce que c’est un membre important du mouvement sioniste et, très vite, il s’éloigne du mouvement sioniste pour défendre ses propres idées, c’est-à-dire que la morale passe avant tout, donc il ne faut surtout pas que le peuple juif se salisse les mains pour créer son État.

 

Ce principe visant à faire passer la morale au-delà des intérêts de l’État, n’est-ce pas une idée que l’on retrouve chez les intellectuels dans la plupart des pays occidentaux?

 

Effectivement, ce n’est pas un débat spécifique à Israël. Il y a finalement un parallèle entre la situation d’Israël et la situation de la France et de l’Occident en général. Quelque part, confronté à une situation extrême – par exemple à la situation de guerre que vit Israël depuis soixante ans, ou la situation du terrorisme exacerbé que la France connaît depuis un an – l’intellectuel doit tenir compte de la réalité pour infléchir sa pensée, ou alors il s’enferme dans sa tour d’ivoire pour défendre coûte que coûte ses principes. C’est le travers que l’on retrouve chez beaucoup d’intellectuels français.

 

On retrouve dans cette description des élites israéliennes une photographie de ce que l’on observe dans notre pays. En France, on parle des médias, des intellectuels, du syndicat de la magistrature… En Israël, c’est la même chose…

 

Pas tout à fait, parce que la société israélienne vit en état de guerre et elle a dû s’adapter. Les intellectuels sont minoritaires dans leurs positions. Mais en France on dit aussi qu’une majorité de Français n’est pas en harmonie avec la classe intellectuelle et médiatique…

 

Je connais moins bien la situation française. Mais, à certains égards, on peut dire que la France ressemble de plus en plus à Israël. La société est obligée de faire preuve d’une résilience face au terrorisme et, finalement, on retrouve des réflexes que l’on connaît bien en Israël. Le civisme en temps de guerre ou l’acte de bravoure des héros anonymes, ce sont des choses que l’on connaît bien en Israël.

 

Vous dénoncez cette rhétorique apocalyptique dans le discours politique israélien sur le thème qu’il y aura des catastrophes si Israël ne fait pas de concessions territoriales ou si Israël n’accepte pas les exigences de ses ennemis. On retrouve ce raisonnement intellectuel en France sur la question de l’immigration ou sur celle de l’islam : « Il ne faut pas mettre d’huile sur le feu pour ne pas embraser les choses et espérons que cela ne va pas s’aggraver… »

 

C’est la politique de l’autruche : faisons comme si tout allait bien et peut-être que l’avenir nous donnera raison et, surtout, n’aggravons pas la situation… C’est toujours la tentation des démocraties face à un ennemi totalitaire ou à un ennemi non démocratique : « Si on accepte ses exigences, peut-être va-t-il se calmer… » C’était la France de Daladier dans les années 30. Il y a toujours cette tentation en France face aux exigences islamiques.

 

 

 

DE L’ANTIJUDAÏSME À L’ANTISIONISME

Charles Rojzman

Causeur, 9 juin, 2016

   

 

Comment expliquer la virulence d’un antisionisme radical qui touche à la fois aujourd’hui  une partie importante de l’intelligentsia de gauche d’Europe, des Etats-Unis, de l’Amérique latine et l’ensemble du monde arabo-musulman? L’expliquer par la conduite des gouvernements successifs de l’Etat d’Israël revient à dire que les actions menées par cet Etat sont singulières et monstrueuses dans un environnement mondial où les atteintes aux droits de l’homme, les guerres et les conflits ethniques et religieux sont innombrables et encore plus importants. L’antisémite traditionnel a toujours affirmé, lui aussi,  que l’antisémitisme était provoqué par les agissements des Juifs.

 

L’antisioniste à l’instar de l’antisémite traditionnel est saisi par une passion. En tant que « passionné », il n’est pas sensible à l’argumentation rationnelle et refuse la controverse sur les faits eux-mêmes. Bien entendu, je vise ici l’antisioniste et non la personne qui critique la politique du gouvernement israélien. Comme me le disait récemment une amie universitaire, donc en principe éduquée et habituée à exercer son esprit critique sur les événements sociaux et politiques : «  Je ne veux pas discuter avec toi du conflit israélo-arabe, car tu connais le sujet mieux que moi. »   Sa critique globale d’Israël n’était pas fondée sur une connaissance approfondie de l’histoire de ce conflit mais sur une affirmation de principe, inébranlable, confortée par la propagande de son milieu et de ses lectures orientées dans un sens unique.  Pour elle, définitivement,  Israël, c’était le méchant et le palestinien la victime.

 

La diabolisation d’Israël dans une partie importante de l’opinion publique occidentale a des caractéristiques semblables à la  diabolisation d’une personne. Diaboliser une personne consiste à exagérer ses défauts, ses faiblesses et la violence de ses comportements. C’est manquer d’empathie pour les causes qui l’ont amenée à avoir de tels comportements. C’est oublier, volontairement ou pas, certaines parties d’elle-même, certaines caractéristiques qui méritent louange et approbation. C’est enfin donner raison sans discernement à ses ennemis et justifier les comportements hostiles à l’égard de la personne concernée.

 

Diaboliser. En fait, ce mot révèle qu’il s’agit bien là d’une tendance constante dans la psyché, individuelle et collective : cela consiste à voir dans les affaires humaines qui nous paraissent trop complexes l’œuvre du démon. Le Moyen-Age n’est pas loin, où l’on croyait que le diable ne se contentait pas d’attendre passivement les âmes des pêcheurs mais intervenait activement sur la terre pour pervertir et semer le trouble dans l’œuvre divine.  L’antisémitisme renaît  dans les époques où sévit la croyance aux complots, où les populations perdent confiance dans leurs dirigeants qui ne les protègent plus des aléas de la vie, où l’avenir se montre incertain et menaçant et où il n’y a plus de compréhension des événements. En effet, la théorie du complot répond  à un besoin d’explication et de certitude. Dans l’histoire de l’Europe chrétienne, les Juifs ont joué ce rôle de bouc émissaire. Au Moyen-Âge, leurs actions malveillantes étaient censées expliquer toutes les grandes tragédies de l’époque, comme la peste.

 

Ce rapprochement entre le diable et les Juifs est très ancien. Il appartient à une tradition chrétienne  qui va des apôtres Jean et Marc à Luther et qui était une vision populaire très banale dans l’Europe chrétienne.  Cet antisémitisme se retrouve dans le Coran et dans les hadiths. Il est très remarquable qu’on ne le retrouve absolument pas dans les religions de l’Asie, bouddhisme ou hindouisme.

 

Tous les musulmans n’ont pas une haine consciente et déclarée des Juifs mais très peu de musulmans ont une vision réaliste et objective de la question palestinienne. La théorie du complot universel ourdi par les « sionistes » remplace trop souvent la réflexion sur les enjeux politiques et territoriaux  du conflit. On retrouve ici cette symbolique de la diabolisation.

 

Comme le dit le penseur égyptien-allemand Hamad Abdel Samad dans une conférence mise en ligne le 21 mars 2016 : « Notre haine des Juifs nous a empoisonnés.  On n’a pas de problème avec les Juifs, il ne s’agit que du conflit israélo-arabe. » Le conflit israélo-arabe serait la cause de toutes ces crises ? Le prophète Mahomet a promis que le jour du jugement ne viendra pas à moins que les musulmans combattent les Juifs. Imaginez qu’Israël dise aujourd’hui : «  Prends Jérusalem, prends Haïfa et Tel-Aviv aussi. » Serait-ce la fin de notre inimitié avec eux ? Dans ce cas, nous n’aurions pas droit au jour du Jugement. Notre Dieu établissait un lien entre le jour du Jugement et notre conflit avec les Juifs. L’histoire ne parle pas de terres, d’occupation et de droit. La source de la crise est que nous ne considérons pas ces gens comme des êtres humains. »

 

Ce rejet des Juifs dans la parole même de Dieu reste gravé dans l’inconscient collectif musulman. Les Juifs n’ont pas accepté la religion parfaite que leur proposait le messager de Dieu. Cet antisémitisme musulman réveillé par les humiliations de la colonisation occidentale, du sionisme et des victoires israéliennes, a contaminé dans l’histoire récente par la force des propagandes une partie de l’Occident de culture chrétienne.  Un occident chrétien qui avait également dans son inconscient collectif et ses traditions gardé le souvenir de ces Juifs perfides qui avaient crucifié le Christ et refusé sa révélation.

 

Les textes sacrés des musulmans et des chrétiens s’accordent donc sur ce point : le véritable Israël, le «  Verus Israël », c’est nous ! Nous, chrétiens dont le nouveau testament doit remplacer l’ancien. Nous, musulmans, dont le message reprend les paroles des prophètes Moïse, Joseph, et même Adam, tous musulmans avant l’heure.  Or, il est de fait que l’existence juive dans sa continuité et sa vitalité à travers les siècles et encore plus aujourd’hui, depuis leur émancipation, représente à la fois une accusation et une menace pour les deux autres religions monothéistes.  Croyants et incroyants peuvent hériter des préjugés et des peurs du passé et  les transposer dans un langage plus moderne.

 

Des élites pétries de mauvaise conscience

 

Ainsi, les élites occidentales progressistes, héritières à la fois du christianisme et du marxisme,  pétries de remords et de culpabilité, rendues coupables à la fois de la Shoah, de l’esclavage  et des colonisations, hantées par un antisémitisme séculaire, resté gravé dans l’inconscient collectif, se libèrent de leur sentiment de culpabilité  en accusant Israël de colonialisme et d’apartheid à l’encontre de la population palestinienne. « Par la grâce des « vertus chrétiennes devenues folles », selon la forte expression de G.K Chesterton, d’un néo-marxisme dévoyé et d’un islamisme conquérant,  le monde voit désormais dans le palestinien, le peuple prolétaire, le pauvre, l’opprimé qui fait face à  la force brutale et expansionniste de l’israélien colonisateur. La diabolisation d’Israël, désormais universelle, y compris dans des instances internationales se manifeste par des mensonges, des exagérations, un déni de réalités historiques pourtant bien connues.

 

Un monstre diabolique est ainsi créé. On reproche à Israël ce dont on a toujours accusé les Juifs : les meurtres d’enfants innocents, la haine de l’humanité et la volonté de domination, en premier lieu au Moyen-Orient, du Nil à L’Euphrate, ensuite pourquoi pas jusqu’à Tombouctou et enfin dans le monde entier.  Un bel exemple de projection, au sens psychanalytique du terme,  de la part de ceux qui, en Orient,  veulent accomplir leur propre rêve de domination universelle, comme de ceux qui ressassent en permanence, en Occident,  leur culpabilité névrotique.

 

 

 

PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF :

« L’ANTISIONISME EST DEVENU LA FORME DOMINANTE DE LA JUDÉOPHOBIE »

Noémie Halioua

L'Arche, 3 nov., 2016

 

           

Dans un entretien accordé à l’Arche magazine, le philosophe, politologue et historien des idées est revenu sur les nouvelles configurations antijuives ainsi que sur l’histoire de l’antisémitisme. Des thématiques largement explorées dans nombre de ses ouvrages, comme La Nouvelle Judéophobie paru aux éditions Mille et une Nuits, Une France antijuive ? édité chez CNRS Editions, ou plus récemment L’antisémitisme, aux éditions PUF.

 

L’Arche Magazine – Vous employez dans vos ouvrages les termes de « judéophobie », d’«antijudaïsme», ou encore d’« antisémitisme ». Quelle différence faites-vous entre ces formes d’expression de la haine des Juifs ?

 

Pierre-André Taguieff – Par le mot « antijudaïsme », je désigne le rejet des Juifs (peuple, ethnie ou nation) et du judaïsme (religion et forme de culture) fondé sur des arguments théologico-religieux, principalement d’origine chrétienne. Il faut clairement distinguer l’antijudaïsme comme hostilité à base religieuse de l’antisémitisme comme hostilité à fondement racial, racialiste ou raciste. Dans cette perspective, l’antisémitisme peut se définir comme l’ensemble des réactions contre l’émancipation des Juifs. Il apparaît donc comme un produit de l’époque moderne.

 

Il faut souligner le caractère mal formé du mot « antisémitisme », tributaire d’une vision raciale de l’histoire fondée sur la thèse de la lutte entre les « Sémites » et les « Aryens » (ou « Indo-Européens »), depuis longtemps abandonnée par les anthropologues, les historiens et les linguistes en Occident. Elle date d’une époque où l’on confondait ordinairement la langue et la race, où l’on passait des langues sémitiques à la « race sémitique » ou aux « races sémitiques ». La doctrine professée par ceux qui se disaient « antisémites » a été désignée par le mot « antisémitisme » (Antisemitismus), créé en 1860 et repris en 1879-1880 comme un étendard par l’idéologue et agitateur antijuif Wilhelm Marr, fondateur d’une « Ligue des antisémites » en septembre 1879.

 

La racialisation explicite de la « question juive » indique l’entrée dans un nouveau régime de judéophobie, post-religieux, marqué par l’attribution au « Juif » de caractères raciaux invariables, physiques et mentaux. Dans cette nouvelle forme de judéophobie, il n’est plus question de distinguer entre différentes catégories de Juifs : tout Juif, parce que juif, est désigné comme incarnant le « péril juif ». Telle est la première conséquence pratique, dont les conséquences politiques sont considérables, de la diffusion de l’idéologie antisémite.

 

J’utilise le mot « judéophobie », moins connoté, en tant que terme générique. On peut identifier ainsi la judéophobie antique (ou l’antijudaïsme païen) qui visait à la fois le judaïsme-religion et la judaïcité-peuple, la judéophobie théologico-religieuse chrétienne, dite ordinairement « antijudaïsme », la judéophobie antireligieuse des Lumières, la judéophobie anticapitaliste, révolutionnaire et socialiste, la judéophobie raciale et nationaliste, c’est-à-dire l’antisémitisme proprement dit, et la judéophobie post-antisémite contemporaine, structurée par l’antisionisme radical.

 

L’Arche magazine – Vous avez conceptualisé ce que vous appelez la « nouvelle judéophobie ». Quelles en sont les caractéristiques ?

 

Pierre-André Taguieff – Seize ans après le début, en octobre 2000, de la dernière vague antijuive mondiale, la France demeure l’un des pays les plus touchés par la haine des Juifs. Le diagnostic que j’avais dressé fin 2001, dans La Nouvelle Judéophobie (essai publié en janvier 2002), est largement confirmé. J’y avais notamment identifié l’émergence, à côté des formes persistantes mais résiduelles du vieil antisémitisme nationaliste d’extrême droite, d’une configuration antijuive inédite, située au point de confluence des mobilisations islamistes et des mouvements antisionistes radicaux d’extrême gauche. Tels sont toujours en 2016, dans l’espace idéologico-politique français, les trois fronts antijuifs observables, formés respectivement par les nationalistes, les islamistes et les gauchistes antisionistes. Le phénomène est observable autant dans l’opinion et le champ idéologique que dans les comportements. Au niveau élevé des faits antijuifs (actions violentes, menaces, injures, etc.) recensés depuis l’année 2000 s’ajoutent les massacres de Juifs commis par des jihadistes, de Merah à Coulibaly. En matière de haine des Juifs, il y a donc une exception française, que je me suis efforcé d’expliquer.

 

Aujourd’hui, la haine antijuive est portée par un antisionisme radical mâtiné de complotisme, un propalestinisme de propagande savamment orchestré et une islamisation croissante de la cause palestinienne, instrumentalisée par tous les islamismes (qu’ils soient chiites ou sunnites). Le propalestinisme fonctionne comme un puissant mythe victimaire, capable d’engendrer de la compassion et de l’indignation morale, de nourrir des passions militantes et de conduire à un engagement total, celui de fanatiques prêts à mourir en « martyrs ». Il marque l’entrée dans un nouveau régime de judéophobie, fondé sur l’attribution exclusive aux Palestiniens des traits d’un peuple messianique dont le salut dépend de la négation d’Israël.

 

L’Arche magazine – Il existe donc une nouvelle configuration de la haine antijuive, mais, avec le retour des nationalismes, le mythe du Juif hors-sol ne risque-t-il pas de refaire surface ?

 

Pierre-André Taguieff – Le thème du Juif « cosmopolite », « sans patrie » ou « internationaliste » a été marginalisé, sans disparaître pour autant, depuis que l’antisionisme est devenu la forme dominante de la judéophobie. Dans la rhétorique antijuive contemporaine, les Juifs, stigmatisés en tant que « sionistes », sont au contraire accusés de nationalisme, de racisme, de colonialisme et d’impérialisme. Les amalgames polémiques « antisionistes » consistent à assimiler le « sionisme » à « une forme de racisme », et l’État d’Israël à un État raciste, sur le modèle du Troisième Reich ou du régime d’apartheid de l’ancienne Afrique du Sud. L’instrumentalisation de l’antiracisme est l’un des principaux traits de la nouvelle configuration antijuive. Il fait couple avec la diabolisation complotiste du « sionisme » comme puissance occulte mondiale, accusée de dominer, opprimer et exploiter tous les autres peuples. Ce « sionisme mondial » est bien entendu une pure construction mythique, une chimère.

 

À supposer qu’elle puisse être définie comme une forme spécifique de xénophobie, c’est-à-dire une haine mêlée de crainte à l’égard du peuple juif perçu comme peuple étranger et hostile, la judéophobie se caractérise d’abord, voire se singularise, par sa permanence ou sa persistance dans l’Histoire, ce qui lui a valu d’être baptisée « la haine la plus longue » (Robert S. Wistrich), ensuite par sa forte charge mythique, indissociable de ses sources théologico-religieuses chrétiennes (puis musulmanes), et corrélativement par son intensité (culminant dans la diabolisation), enfin par l’universalité de sa diffusion, impliquant une capacité d’adaptation aux croyances particulières des cultures affectées. Dans chaque configuration antijuive, on reconnaît à la fois des thèmes d’accusation invariants, des représentations stigmatisantes nouvelles et des reformulations de rumeurs ou de stéréotypes négatifs. La répétition des motifs antijuifs légués par la tradition n’exclut ni l’intégration de nouvelles accusations, ni la métamorphose des anciennes.

 

L’Arche magazine – Pour combattre l’antisémitisme, la dénonciation suffit-elle ?

 

Pierre-André Taguieff – Le phénomène judéophobe étant l’effet de plusieurs causes ainsi que des interactions de ces dernières, il faudrait pouvoir agir sur la plupart d’entre elles pour espérer au moins limiter les dégâts. Le djihadisme, c’est-à-dire l’ennemi visible, se fonde sur une vision du monde qui s’oppose absolument à la modernité occidentale, en particulier à la sécularisation et au pluralisme caractérisant les sociétés libérales-démocratiques. La vieille question de la lutte intellectuelle contre le fanatisme à base religieuse revient à l’ordre du jour.

 

Deux fronts me paraissent devoir être privilégiés : d’une part, lutter contre la progression de l’imprégnation islamiste dans les milieux de culture musulmane et, d’autre part, remplacer par la connaissance et l’analyse du conflit israélo-palestinien la vulgate propalestinienne qui se diffuse aujourd’hui largement, avec l’israélophobie qui l’accompagne, relayée par de nombreux médias.

 

Mais ce programme de lutte se heurte à un obstacle principal, qui tient à ce que la judéophobie contemporaine est d’extension planétaire, ce qui lui fait perdre une grande partie de ses traits nationaux. Dès lors, il est vain de définir un programme strictement national de lutte contre l’actuelle vague antijuive. Cette lutte est aujourd’hui indissociable d’une lutte multidimensionnelle contre la séduction exercée par l’islamisme radical, une lutte qui ne peut être efficace qu’à la condition d’être menée au plan mondial. Cette lutte globalisée reste aujourd’hui de l’ordre du projet utopique, compte tenu de la multiplicité des facteurs à considérer et de leurs interactions complexes. L’inquiétude est donc justifiée. Elle présente cependant l’avantage de nous interdire de baisser la garde.

 

 

 

 

ACTUALITÉ

 

 

LE PREMIER MINISTRE AUSTRALIEN CONDAMNE

LA RESOLUTION ‘BIAISEE’ DE L’ONU

Times of Israel, 30 décembre 2016

 

 

Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull s’est démarqué d’une grande partie de la communauté internationale vendredi en attaquant la résolution adoptée devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, la qualifiant de “biaisée” et de “profondément troublante”.

 

Turnbull, qui prenait la parole lors d’une cérémonie d’éclairage d’une menorah à la Synagogue centrale de Sydney, a expliqué que “l’Australie se tient aux côtés d’Israël ». Nous soutenons Israël, la seule démocratie au Moyen Orient”, a rapporté le site australien de Jewish News.

 

Les commentaires de Turnbull surviennent après que son ministre des Affaires étrangères a indiqué jeudi que l’Australie aurait probablement voté contre la Résolution 2334 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui condamnait les implantations israéliennes.

 

Lé résolution a déterminé que l’établissement d’implantations au-delà des lignes de 1967 « n’a pas de validité légale et constitue une violation flagrante de la loi internationale ». La résolution n’a établi aucune distinction entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est.

 

Jeudi, le gouvernement britannique, qui a pourtant voté en faveur de la résolution, a critiqué le discours du secrétaire américain John Kerry qui s’en est suivi pour s’être concentré sur les implantations israéliennes et pour avoir commenté négativement la constitution du cabinet israélien. Un porte-parole de la Première ministre Theresa May a fait savoir qu’il était inapproprié de la part de Kerry d’attaquer le gouvernement israélien démocratiquement élu.

 

“Nous ne pensons pas que la négociation de la paix consiste à ne se concentrer que sur un problème – dans ce cas, il s’agit de la construction des implantations – quand de manière très claire le conflit entre Israéliens et Palestiniens est profondément complexe”, a déclaré le porte-parole. « Et nous ne pensons pas qu’il soit approprié d’attaquer la composition d’un gouvernement démocratiquement élu de la part d’un allié ».

 

Le gouvernement du Royaume-Uni, a ajouté le porte-parole, « a la conviction que les négociations ne réussiront que lorsqu’elles sont menées par les deux parties avec le soutien de la communauté internationale ».

 

Le leader australien a pour sa part réaffirmé l’appui de son pays à un accord de paix entre les Palestiniens et les Israéliens, qui, a-t-il spécifié, ne pourra être conclu qu’à travers des négociations directes entre les parties, un positionnement qu’Israël a mis en avant à maintes occasions.

 

“Nous soutenons une résolution pacifique des conflits entre Israël et les Palestiniens”, a-t-il ajouté, des propos repris par le site australien de Jewish News. “Nous soutenons une solution à deux États tout comme le gouvernement d’Israël. » Mais il a indiqué que tout accord « ne pourrait être négocié qu’entre les deux parties ».

 

Il a toutefois expliqué aux fidèles réunis à cette cérémonie des lumières qu’un tel accord ne viendrait pas du résultat de l’implication des Nations Unies. « Il ne sera pas aidé par des résolutions biaisées faites au sein des conseils de l’ONU ou n’importe où ailleurs », a-t-il précisé, « et c’est pourquoi l’Australie n’a pas soutenu et ne soutient pas des résolutions partiales ». Turnbull a souligné le soutien apporté par l’Australie à Israël. « Et par-dessus tout le reste, nous restons, épaule contre épaule, aux côtés d’Israël dans la lutte contre les terroristes », a-t-il dit.

 

Ces commentaires faits par le Premier ministre surviennent dans le sillage de l’annonce faite jeudi par le ministre australien des Affaires étrangères Julie Bishop que l’Australie aurait probablement voté contre la résolution de l’ONU. Dans un entretien accordé au Sydney Morning Herald, Bishop a souligné que Canberra n’est pas actuellement membre du Conseil de Sécurité et n’a donc pas pu s’exprimer sur cette résolution.

 

Toutefois, a-t-elle ajouté, « concernant un vote aux Nations Unies, le gouvernement de coalition a systématiquement refusé de soutenir une résolution partiale envers Israël ».

 

Bishop, qui est connue pour sa défense ardente de l’État juif, a recommandé aux Israéliens et aux Palestiniens de ne pas entamer de démarches qui seraient susceptibles de nuire aux perspectives de paix et a encouragé les deux parties à “reprendre des négociations directes en vue d’une solution à deux États dans les meilleurs délais”. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu soit se rendre en Australie dans les prochains mois.

 

 

 

UN ADO MUSULMAN POURCHASSE L’AGRESSEUR D’UNE JUIVE ORTHODOXE À NEW YORK

Times of Israel, 30 dec, 2016

 

 

Un adolescent musulman de la ville de New York a aidé la police à mettre la main sur un sans-abri qui a frappé une femme juive orthodoxe dans le métro. Ahmed Khalifa, 17 ans, a raconté l’incident qui a eu lieu mardi dans un wagon bondé à Brooklyn au New York Daily News. “Cela a été une gifle très forte, j’ai presque pu la ressentir”, a raconté le lycéen au journal.

 

Les lunettes de la femme se sont brisées sous le choc et elle a perdu connaissance. Elle a été débarquée du métro et prise en charge dans un hôpital local. L’agresseur a quitté précipitamment le wagon à l’arrêt suivant et l’adolescent a alerté le conducteur pour maintenir le train à l’arrêt et appeler une ambulance. Puis il s’est lancé à la poursuite de l’agresseur, selon le Daily News.

 

Khalifa explique qu’un passant orthodoxe juif l’a fait monter à bord de sa voiture et qu’ils ont alors discuté de la nature de ce crime de haine. Lorsqu’il a aperçu l’agresseur à l’arrêt d’un bus, les deux poursuivants ont appelé la patrouille de sécurité juive Shomrim.

 

L’adolescent, le passant et les membres de Shomrim ont attendu à proximité de l’arrêt de bus jusqu’à l’arrivée de la police. Cette dernière a fait sortir l’agresseur, Rayvon Jones, 31 ans, du bus. Jones devra répondre d’agression devant le tribunal pénal de Brooklyn.

 

Le Daily News a rapporté que l’un des patrouilleurs de Shomrim avait ramené Khalifa chez lui. “Vous avez des gens qui diraient :’Elle est Juive, pourquoi vous lui êtes venu en aide ?’ », a dit Khalifa au journal. “Moi, c’est plutôt que je considère tout le monde à égalité. Et je traite tout le monde de la même manière”.

 

 

 

DES NANO-GOUTTES AU CANNABIS ISRAÉLIENNES VENDUES AUX ETATS-UNIS

Times of Israel, jan. 3, 2016

 

 

Les ventes des nanotechnologies Biotech de la start-up israélienne Lyotropic Delivery Systems (LDS) ont commencé aux États-Unis.

 

Le lancement commercial de son composé dérivé du cannabis, qui vise à soulager l’inflammation et la douleur, a été annoncé plus tôt ce mois-ci par LDS et la société américaine Ananda Scientific lors d’une conférence sur la marijuana organisée à Las Vegas.

 

La nouvelle technologie sur le cannabis de LDS augmente la quantité de cannabidiol (CBD) absorbée dans la circulation sanguine et est plus efficace que d’autres solutions disponibles, sans effet narcotique, a indiqué la compagnie.

 

LDS et Ananda Scientific, une société privée du Delaware qui produit et commercialise des produits à base de cannabis, a conclu un accord en 2015. Dans le cadre de l’accord, Ananda a acquis des droits pour la nanotechnologie de cannabinoïdes de LDS pour la mise au point de produits oraux à base de cannabidiol (CBD). Ananda Scientific a déclaré qu’il s’attendait à ce que les ventes du nouveau produit atteignent des millions de dollars aux États-Unis seulement dans la première année.

 

Les produits seront vendus en vente libre aux États-Unis car ils sont commercialisés comme un alicament – un dérivé de sources alimentaires avec des avantages pour la santé – et non pas comme un médicament. Ils sont basés sur une technologie développée par le professeur Nissim Garti de l’université hébraïque de Jérusalem et placé sous licence pour LDS par Yissum, la société de transfert de technologie de l’université hébraïque.

 

Le CBD est un antioxydant non psycho-actif extrait de la plante de cannabis qui gagne rapidement en importance en raison de ses nombreux avantages pour le bien-être général des humains. Contrairement au THC, qui est la partie de la feuille de cannabis qui vous donne la sensation de planer, le CBD est une substance non toxique, anti-inflammatoire qui est très bien tolérée par le corps avec peu d’effets secondaires, affirment les chercheurs.

 

« Nous avons développé des nano-gouttelettes qui absorbent sur leur interface uniquement le composé CBD du cannabis, et non le THC », a déclaré Garti lors d’une interview téléphonique.

 

« Contrairement à d’autres formulations de CBD qui sont disponibles sur le marché et qui sont dispersés dans l’huile, notre produit est mieux et plus rapidement absorbé par le corps. Notre formulation de CBD est également protégée contre la transformation, après son ingestion, en THC qui est un facteur de risque dans d’autres produits existants ».

 

La société a déclaré que ses nano-formulations peuvent rester stables pendant de longues périodes sans libération ou décomposition du matériau bioactif. Le produit est vendu sous une variété de formes liquides et peut être dissous dans l’eau ou pris en gouttes sous la langue, a précisé Garti. Les produits au cannabis en vente libre ne sont pas encore autorisés à la vente en Israël.

 

La réputation d’Israël en tant que centre de haute technologie et l’environnement réglementaire laxiste a permis à la nation start-up de devenir un leader dans la technologie du cannabis, avec des dizaines d’entreprises locales se concentrant sur les marchés médicaux et des alicaments.

 

Le marché américain du cannabis à usage récréatif et médical devrait atteindre 7,1 milliards de dollars en 2016, soit une croissance de 25 % par rapport à l’année précédente. Près de 60 % des Américains vivent maintenant dans des États qui ont légalisé une certaine forme de consommation et de vente de la marijuana.

 

Typiquement, lorsqu’il est pris par voie orale, le patient ne bénéficie généralement pas de l’effet complet du CBD, car dans le milieu gastro-intestinal, le composé se transforme en THC et est détruit pendant la digestion ou ne parvient pas à atteindre le flux sanguin pour d’autres raisons.

 

Ainsi, seule une fraction du CBD ingéré produit un effet quelconque. En revanche, le CBD couplé à la technologie LDS n’est pas dégradé dans le tractus gastro-intestinal et la nanotechnologie permet une absorption rapide et améliore grandement le transport du CDB dans la circulation sanguine, puis dans les endroits pertinents dans le corps où il peut faire ses effets.

 

Fondé en 2013, LDS est un développeur de nouvelles architectures de nanomodèles auto-assemblées qui fonctionnent comme des porteurs de substances bioactives. Ces structures liquides peuvent servir de nouveaux véhicules de livraison pour une variété de matériaux et de médicaments.Les produits LDS sont conçus pour les voies orales, cutanées et transdermiques, ainsi que pour d’autres voies.

 

La start-up développe divers produits qui sont à différents stades des étapes précliniques et cliniques dans le cadre de ces accords avec des sociétés mondiales. La société a été créée par Yissum, Garti et des investisseurs australiens.

 

Shabbat Shalom!
 

 

 

 

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