Pour Barry Rubin
Guy Millière
http://www.dreuz.info, 06 février 2014
J’ai, juste avant mon retour des Etats Unis vers la France, appris le décès de Barry Rubin. C’est une nouvelle que je redoutais depuis que celui-ci a révélé la maladie, en général toujours fatale, qui le rongeait depuis un an. Néanmoins, les propos qu’il tenait à ce sujet ces dernières semaines étaient teintés d’un optimisme qui laissait espérer l’impossible. L’espoir a donc été vain.
Je dois dire que je suis imprégné d’une immense tristesse. Barry Rubin était américain et israélien. J’ai entretenu des relations avec lui, pendant es années. Je l’ai rencontré plusieurs fois, aux Etats Unis, dans sa résidence de Chevy Chase, dans le Maryland, tout près de Washington, DC. Je devais le revoir au mois de juin de l’an dernier, à Tel Aviv. Des difficultés de circulation à la sortie de Jérusalem m’en ont empêché, et je m’en veux de n’avoir pas anticipé ces difficultés de circulation, puisqu’elles ont signifié que je ne reverrais jamais un homme pour qui j’avais une profonde estime.
Barry Rubin était l’un des meilleurs spécialistes du Proche Orient, et chacune de ses analyses était porteuse d’une acuité et d’une lucidité remarquables.
C’était un auteur prolifique : à ses articles publiés chaque semaine dans le Jerusalem Post s’ajoutaient une dizaine d’articles par mois publiés aux Etats Unis par pjmedia.com. Il publiait aussi des articles de fonds dans la revue qu’il avait créée, MERIA (Middle East Review of International Affairs), et sur le site du centre de recherche qu’il dirigeait et qu’il avait aussi créé : GLORIA (Global Research in International Affairs). Il a été l’auteur d’une vingtaine de livres, qui figurent dans ma bibliothèque, parmi lesquels Israel: An Introduction*, la meilleure et la plus exhaustive présentation d’Israël disponible aujourd’hui en langue anglaise, The Truth about Syria*, la meilleure explication de la réalité syrienne que je connaisse, Hating America*, la meilleure histoire de la haine anti-américaine que je connaisse là encore. Il venait de publier un livre indispensable sur les relations troubles entre nazisme, islamisme et palestinisme : Nazis, Islamists, and the Making of the Modern Middle East*.
Il est peu d’auteurs qui m’ont appris quelque chose. Barry Rubin m’a beaucoup appris.
Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.
Il est peu de gens dont je considère les écrits comme fiables : les écrits de Barry Rubin n’ont cessé d’être extrêmement fiables, jusqu’à la fin de sa vie, si tragiquement écourtée.
Barry Rubin avait été de gauche lorsqu’il avait vingt ans, puis il avait réfléchi. Comme beaucoup de gens qui ont commencé leur vie à gauche, puis ont réfléchi, il ne tombait dans aucun des pièges idéologiques de la gauche.
Il aimait les Etats Unis comme je peux les aimer moi aussi : non pas parce que c’était son pays natal, mais parce que c’était un pays porté par des valeurs essentielles et un idéal, présent chez les Pères fondateurs et présent aussi jusqu’à ce jour chez les millions de gens qui font l’Amérique conservatrice.
Il aimait Israël, comme je peux aimer Israël moi aussi, et il a été un ardent défenseur d’Israël, un vrai défenseur d’Israël, un homme sans illusions sur le « processus de paix », comme il avait été sans illusions sur le « printemps arabe ».
C’était, de surcroît, un homme d’une immense générosité, d’une très grande disponibilité et d’une également grande ouverture d’esprit.
Il va me manquer. Il me manque déjà. Il manque à ses nombreux amis et à ses innombrables lecteurs. Il manque plus encore à son épouse et à ses enfants, je le sais.
Il nous reste à nous, qui partageons ses combats, à poursuivre notre route et à être fidèles à ce qu’il nous a apporté, et nous apportera encore, car sa pensée est vivante.
Qu’il repose en paix, dans une vraie paix, dans cette terre d’Israël qu’il avait choisi pour y vivre le reste de ses jours.
« Je n’ai pas de problèmes avec les juifs,
mais ÊTES VOUS sioniste ? »
Jean-Patrick Grumberg
http://www.dreuz.info, 16 janvier 2014
Je republie régulièrement cet article que j’ai écrit en 2010, car il existe encore quelques (rares) antisionistes…
J’ai reçu cette curieuse question d’un anonyme fort courageux qui signe « sans nom » et me dit : « je n’ai pas de problèmes avec les juifs, mais êtes vous sioniste ? »
Ma première tentation a été de lui répondre qu’il s’est trompé de porte, car je ne soigne pas les problèmes des autres. Ma seconde a été : sioniste moi? Quelle question idiote ! Le sionisme est l’idée la plus généreuse, la plus humaniste du 20e siècle, comment ne pas être sioniste !
Je suis au soleil, à la terrasse d’un café de Tel Aviv… Le sionisme passe devant moi : deux jolies filles en mini jupes marchent en riant. Je lève les yeux vers le ciel bleu, sans un nuage, et mon regard tombe sur un exceptionnel immeuble Bauhaus, un chef d’œuvre architectural parmi les cinq mille autres immeubles Bauhaus du sionisme de Tel Aviv, classée ville blanche, patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Tel Aviv, patrimoine de l’humanité : quelle mesquinerie : c’est le judaïsme dans son entier qui mérite d’être inscrit au patrimoine de l’humanité.
Tel Aviv a récemment été classée parmi les dix villes les plus désirables au monde par le guide touristique Lonely Planet – pas une seule ville française n’est dans ce classement. Elle est classée comme première destination au monde pour les homosexuels. Je ne suis pas homosexuel, mais je considère que la façon de (bien) traiter les homosexuels est un marqueur fort de l’évolution d’une société. A ce titre, je suis fier qu’Israël soit considéré par les homosexuels comme la ville où le regard des autres est bienveillant. D’autant que les Juifs orthodoxes font partie du paysage de la ville.
Tel Aviv est une ville pour ainsi dire sans policier. Touriste, ne vous attendez pas à demander votre chemin à l’agent chargé de la circulation, vous n’en trouverez pas. C’est aussi une ville qui ne dort pas : dans n’importe quel quartier, il y a au moins deux ou trois supermarchés ouverts 24h/24, sans parler des bars, des restaurants, des petits épiciers… des taxis et des pharmacies. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, trouver un taxi sans attendre, pour un citadin nocturne, cela mérite une mention.
Médaille aussi pour la sécurité : ici, les jeunes filles se promènent seules, la nuit, sans risque d’agression, sans inquiétude, sans jeter des regards autour. Et il n’y a ni police, ni armée. Anomalie ? Oui, anomalie sioniste : chaque citoyen veille sur la vie des autres comme si c’était un membre de sa famille. A Tel Aviv, je peux poser mon iphone sur ma table à la terrasse d’un café, il ne disparaîtra pas. Cela ne sera peut-être pas toujours ainsi, mais qui se souvient qu’un jour, en France, on pouvait laisser les clefs sur le tableau de bord de sa voiture stationnée ?
Encore une autre anomalie sioniste : les illégaux musulmans soudanais. Ils sont soixante mille. Ils ont traversé l’Egypte sans y rester, leur objectif était la terre sioniste pour y trouver du travail. Un pays que l’on dit d’apartheid. Paradoxe.
Sionisme, définition : Le sionisme est un mouvement nationaliste et politique qui réclame le retour du peuple Juif vers sa terre ancestrale d’Israël, par l’établissement d’un foyer national Juif en Palestine. C’était une réponse aux oppressions subies par les Juifs d’Europe, bien avant la Shoah. C’était une formidable dimension humanitaire : sauver un peuple persécuté depuis des siècles, à peine émancipé des lois discriminatoires.
– Le sionisme est à la fois avocat et acteur de la solidarité entre les Juifs, et de la lutte contre l’antisémitisme.
– Il demande la création, en Israël, d’une armée pour protéger les Juifs contre ceux qui veulent les détruire.
– Il considère que les Juifs de la diaspora vivent en exil, il encourage leur Aliyah (immigration en Israël), et souhaite faire de l’Hébreu la langue des Juifs.
– Il manifeste le désir de créer une société moderne qui croit aux vertus du libre échange et de la libre entreprise, de la démocratie et des droits de l’homme.
– Il rappelle que la sécurité des Juifs qui vivent en dehors d’Israël n’est pas assurée, notamment en Russie et dans les pays arabes, et que l’Etat d’Israël doit se porter garant de cette sécurité.
Cette lecture inspire une première remarque : Le sionisme est le principal obstacle à l’exercice de l’antisémitisme.
Il lui coupe la route sur tous les fronts, et construit des barrages partout ou la judéophobie veut s’infiltrer. En ce sens, l’antisémite a toutes les raisons d’être antisioniste. Vous ne trouverez pas d’antisémite qui ne soit pas antisioniste. Si je n’étais pas juif, si j’étais antisémite, je serais enragé à l’efficacité du message sionisme, et à sa capacité à bloquer tous mes projets génocidaires. Je serais naturellement antisioniste.
Et moi, suis-je sioniste ?
Si être sioniste consiste à défendre l’idée d’un Etat Juif en Palestine, non, je ne suis pas sioniste. Car Israël est une réalité et non une idée. Et je n’accepte pas que cette réalité soit plus à défendre que celle de l’existence de la France ou de l’Algérie. Israël ne se discute pas.
Défendre sur son droit d’exister est se placer dans une position pour moi sans objet. L’établissement d’un foyer national juif en Palestine a été légalement décidé par un vote de la Société des Nations en juillet 1922, puis par une résolution de l’ONU en Novembre 1947. Bien peu de pays peuvent se vanter d’une légitimité juridique, internationale, aussi forte.
L’affaire n’est donc pas, pour moi, ouverte à discussion, et si des grands malades rêvent nuit et jour de rayer Israël de la surface du globe, qu’ils se souviennent qu’Israël possède une armée puissante, et qu’ils viennent s’y frotter s’ils ont des doutes.
Je veux bien, en revanche, discuter de la façon dont les pays européens ont été créés. Et je suis moins que certain qu’ils puissent tous se revendiquer de la légitimité dont Israël bénéficie.
Le sionisme, dans la dimension de solidarité humaine et de lutte contre l’antisémitisme, oui je l’approuve.
C’est une très noble cause, la plus humaniste qui soit, et ce n’est que par une grossière réécriture de l’histoire qui ne prospère qu’auprès d’une certaine population, que l’on tient le sionisme pour responsable des maux de la région. Un million de Juifs ont été chassés des pays arabes, sans espoir de retrouver leurs racines et leur terre. La dernière fois que j’ai vérifié, ils n’avaient pas l’air si déprimés que ça. Si les arabes, dont une minuscule partie a été chassée de Palestine, étaient chassés une nouvelle fois, je ne vois pas de quoi en faire un drame.
Le Sionisme pourrait inspirer le respect à nos ennemis, s’ils n’étaient pas héritiers des nazis dont ils étaient les alliés et les inspirateurs.
Je ne souhaite pas qu’on demande aux Juifs de venir s’établir en Israël. Je respecte la liberté de chacun. En cela je m’éloigne du sionisme et ne suis pas un pur sioniste. Je suis, en revanche, profondément pro-israélien, amant d’Israël.
Journée international de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste
Réseau Diplomatique Israélien
http://embassies.gov.il/montreal-fr/, 28 janvier 2014
Monsieur le maire, très distingués invités, chers collègues du corps diplomatique et consulaire, très chers membres de la famille Chalikias.
Tout d'abord permettez-moi de remercier mon très cher ami Denis Coderre d'avoir mis cette salle historique à notre disposition pour cet évènement historique; une première à Montréal.
Today is International Holocaust Remembrance Day, a day not only meant to mourn the death of its victims and to celebrate its heroes, but above all, a day in which to educate and teach about the Shoah. It is not enough to lay a wreath and to give nice speeches; schools have to take it upon themselves to teach about the Holocaust on this day, and not only in Europe.
Pourquoi me demanderez-vous, pourquoi ce besoin? La réponse est simple, parce que l'antisémitisme est toujours présent. La semaine dernière des tête de cochon ont été envoyés à la grande synagogue et à l'ambassade d'Israël à Rome, la semaine d'avant c'était devant la porte d'une synagogue de la banlieue parisienne que l'on déposa une tête de cochon: Aucun grand quotidien a relaté ces faits.
Hier, une grande manifestation a eu lieu à Paris, des slogans antisémites ont été scandés, on a chanté "Maréchal nous voilà"; salué à la quenelle. Combien d'entre-vous le savez?
Non l'antisémitisme n'est pas mort; il est bien vivant.
Souvent le mot Juif est remplacé par le mot israélien ou Israël; on se permet de délégitimer; de démoniser et de juger avec de doubles standards mon pays, le pays des Juifs.
Après 65 ans d'existence nous devons encore expliquer pourquoi nous avons le droit d'exister, le droit à l'auto-détermination.
Il faut enseigner aux citoyens de tous les pays du monde ce que la haine amène.
Only education and a strong Israel, with the help of G-D, can ensure that another Shoah will never happen again. We need to teach our children to stand up and fight injustice; just as today's hero, Angelo Chalikias, once did.
Ladies and gentlemen, it is with pride that 69 years after the liberation of the Auschwitz death camp, I, the son and grandson of Holocaust survivors, am standing here before you today as the representative of the free and democratic state of the Jewish People; the State of Israel. I am privileged to be able, in the name of all the Jews in the world, to bestow later on the title of Righteous Among the Nations to a man who did the right thing; even though it could have cost him his very only life, at a time when many others preferred to take the easiest way and close their eyes and ears.
This Saturday, in every synagogue across the world, we read from Exodus, the second book of Moses
הנה אנוכי שולח מלאך לפניך לשמורך בדרך ולהביאך אל המקום אשר הכינותי
"I will send an Angel before you to safeguard you on the way , and bring you to the place that I have prepared. " These were the words of G-D to Moses, but could have also been the words of G-D to Niso Moustaki when sending him Angelo Chalikias.
Shabbat Shalom à tous nos lecteurs!