Proverbe chinois
“Si perçante soit la vue, on ne se voit jamais de dos.”
Table des Matières
Chine-Israël, l’histoire d’amour contrariée
OLJ / Par Stéphanie KHOURI, le 20 septembre 2021
Chine-Israël : une relation dans l’ombre de la rivalité sino-américaine
Taïwan : le ministre des Affaires étrangères appelle à un renforcement des liens avec Israël
Chine-Israël, l’histoire d’amour contrariée
OLJ / Stéphanie KHOURI, le 20 septembre 2021
C’est officiel. Depuis le début du mois, les 18 000 conteneurs du premier hub commercial israélien, le nouveau port de Haïfa, sont désormais opérés par une compagnie publique chinoise, la Shanghai International Port Group (SIPG), pour les 25 prochaines années à venir. Les nouvelles infrastructures promettent d’en faire une plaque tournante du commerce régional reliant la péninsule Arabique à la Méditerranée. Et, quoi qu’en pense l’administration américaine, les Chinois sont de la partie.
L’événement a d’autant plus de raisons de froisser Washington qu’il n’est pas un fait isolé, mais le résultat d’un rapprochement plus large voulu au sommet. Depuis plusieurs années, des étudiants chinois investissent les campus des universités israéliennes, à Haïfa ou Tel-Aviv, et apparaissent dans les couloirs de l’Université hébraïque de Jérusalem. Le ministère de l’Éducation a introduit des cours de chinois dans les écoles israéliennes, et en Chine les études juives et israéliennes connaissent un essor. Encouragés par les gouvernements, ils représentent la face visible d’une entreprise de séduction amorcée il y a une dizaine d’années.
Tout commence au tournant des années 2010. Benjamin Netanyahu vient de retourner au pouvoir en 2009, après dix ans d’absence, dans un contexte de crise économique mondiale. Il est convaincu qu’il faut diversifier les sources d’investissement, et pour cela il est résolu à courtiser la puissance émergente qu’est la Chine. À la Maison-Blanche, Donald Trump n’a pas encore accédé à la présidence et les relations entre Washington et Pékin sont encore relativement calmes, en tout cas beaucoup moins orageuses qu’elles ne le seront par la suite. Le champ est libre pour le Premier ministre israélien, qui tente une approche en multipliant les mots doux à l’égard de Pékin, particulièrement friand de l’industrie de haute technologie de la « start-up nation ». …Source
Chine-Israël : une relation dans l’ombre de la rivalité sino-américaine
Relation ancienne que celle entre les communautés juives et la Chine (notamment à Kaifeng, dans le centre du pays, où réside depuis 1 000 ans une communauté juive). Une relation encore complexifiée par les enjeux, hier, de la guerre froide, aujourd’hui, de la rivalité sino-américaine, avec en toile de fond un problème récurrent et fréquemment soulevé par la diplomatie chinoise : la question palestinienne, ce dernier sujet étant aussi ancien que la politique chinoise du monde arabe.
Toutefois, l’été dernier, Pékin a explicitement proposé sa médiation dans le conflit qui oppose les Palestiniens à l’État hébreu. Une façon, diront ses détracteurs, de détourner l’attention et les critiques occidentales des exactions commises par les autorités de la RPC à l’égard des musulmans ouïgours dans le Xinjiang…
Ce qui est sûr, c’est que le poids croissant de la Chine au Moyen-Orient fait d’elle un acteur de plus en plus notable sur le plan politique, et que la part des échanges économiques israélo-chinois n’a cessé de croître au cours de ces dernières années, suscitant inquiétudes à Washington et, aussi, parmi les services de sécurité et de renseignement israéliens.
Une histoire ancienne et singulière
Nombre de survivants des camps de la mort se souviennent que la Chine a été pour de nombreux Juifs une terre de refuge durant la Seconde Guerre mondiale (et même dès les années 1930, notamment à Shanghai). C’est dans le sillage de la présence britannique, bientôt suivie d’un afflux de réfugiés d’Europe de l’Est, que Shanghai, principalement, reçut une vague importante d’immigrés juifs. La plupart fuyaient la montée de l’antisémitisme. Ils furent une vingtaine de milliers originaires d’Autriche, de Pologne, de Russie ou de Lituanie à s’installer dans le district de Hongkou à Shanghai, jouxtant la présence japonaise.
Les autorités chinoises pratiquaient alors une politique de la main ouverte vis-à-vis de ces hommes et de ces femmes que l’Europe persécutait. Malgré l’occupation japonaise de Shanghai, ces communautés surmontèrent les difficultés de la période. Elles durent d’abord leur survie à un extraordinaire réseau d’entraide et à la générosité de puissants hommes d’affaires établis dans la ville depuis plusieurs décennies. D’entre tous, Victor Sassoon (1881-1961) joua le rôle le plus important. Bien qu’issu d’une famille sépharade de Mésopotamie (Irak actuel), ses relations à travers la ville s’avérèrent d’un précieux recours pour ces familles ashkénazes ayant fui la révolution bolchévique puis le nazisme. … Source