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JÉSUS EST PALESTINIEN [sic] !

L’ÉVANGILE PALESTINIEN SELON RADIO-CANADA
David Ouellette
davidouellette.net, 3 janvier 2012

Chaque année, de nombreux médias prêchent à l’occasion de Noël l’ «évangile palestinien». Si vous ne connaissez pas cet évangile, rassurez-vous, votre connaissance du canon biblique n’est pas lacunaire. Il s’agit d’une offensive propagandiste menée bon an mal an par l’Autorité palestinienne. Cette année, Radio-Canada n’a pas manqué de prêcher la bonne parole. Avant de décortiquer le reportage de la correspondante de Radio-Canada au Moyen-Orient, Ginette Lamarche, diffusé le 23 décembre dernier, une exégèse de l’évangile palestinien s’impose.

 

L’évangile palestinien illustré

 

Son récit est le suivant: Les Palestiniens sont les descendants du Christ, le
 «peuple du Messie», son supplice est leur «martyr», ses bourreaux, les leurs, les Israéliens faisant figure de Romains contemporains, voire de «peuple déicide» de la tradition anti-judaïque chrétienne, aujourd’hui répudiée par nombre d’églises chrétiennes, dont le Vatican.

 

Ce révisionnisme palestinien, doublé de l’instrumentalisation grossière des sensibilités chrétiennes, repose sur une supercherie d’ordre sémantique et anachronique. D’abord, parce que les Arabes ne sont arrivés en Judée que six siècles après la mort du Christ et que Jésus et ses contemporains jamais ne connurent de contrée nommée «Palestine». Ce nom, attribué par les Romains au Royaume juif de Judée qu’ils abolirent un siècle après la mort du Christ pour punir les Juifs de leurs révoltes, fait référence aux Philistins, un peuple d’origine égéenne qui a habité la côte méditerranéenne au sud de Tel Aviv entre les 8e et 5e siècles avant J.-C. L’objectif des Romains, comme celui de l’ «évangile palestinien» aujourd’hui, était d’oblitérer le lien entre les Juifs et la Judée.

 

Cette année, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré lors des célébrations à Bethléem que Noël est l’occasion de «célébrer l’identité palestinienne de Jésus». Fayyad prenait ainsi le relais de Yasser Arafat qui se plaisait à affirmer que Jésus était le «premier chahid [martyr musulman] palestinien» et que la lutte palestinienne en était une de défense des lieux saints chrétiens contre les assauts des Juifs: «Allah, donne-nous de mourir en martyrs en défendant les lieux saints chrétiens et musulmans qui sont sacrés pour Toi» (Courrier international, 4 avril 2002).

 

En 1997, le directeur général du ministère palestinien de l’Information Hassan al-Kashef codifiait l’évangile palestinien en assimilant sans détours le conflit israélo-palestinien à la persécution du Christ: «Nous savons que Jésus a été la victime de l’extrémisme talmudique, qui brandit aujourd’hui un drapeau national, porte l’armure d’une armée nationale et utilise le terrorisme d’État par le moyen de colons armés et d’une armée» (Al-Hayat al-Jadida, 7 juillet 1997, tr. fr. dans L’Arche, septembre 2001).

 

Les médias palestiniens officiels de l’Autorité palestinienne ressassent systématiquement et sans relâche l’assimilation du Christ au mouvement national palestinien: Jésus fut «le premier Palestinien tué par les Juifs», le pape «assumera sa responsabilité politique et religieuse envers le peuple de la Terre Sainte, le peuple arabe palestinien, le peuple du Messie» ( Al-Hayat Al-Jadida, 9 mai 2009), «la souffrance du premier Palestinien, le messie, commença à la dernière Cène» (Al-Hayat Al-Jadida, April 30, 2008), «nous nous souvenons toujours que Jésus fut le premier Palestinien qui fut torturé sur cette terre» (Télévision de l’Autorité palestinienne, 24 décembre, 2009), «la chrétienté est née dans nos pays arabes et le Messie est un Syrien palestinien né à Nazareth (sic)» (Al-Hayat Al-Jadida, 28 octobre 2006). Des artistes palestiniens véhiculent aussi la victimisation christique des Palestiniens en représentant, par exemple, l’arrestation de Jésus à Jérusalem par des soldats israéliens. Et les dignitaires musulmans ne sont pas en reste. Le Mufti de l’Autorité palestinienne prétend, par exemple, que Jésus et Marie «étaient des Palestiniens par excellence» (Télévision de l’Autorité palestinienne, 12 mai 2009). Ironiquement, ce sont surtout des Palestiniens musulmans qui cultivent le mensonge grotesque d’un Christ palestinien, les chrétiens palestiniens n’ayant pas l’audace de se proclamer «peuple du Messie».

 

Radio-Canada récite l’évangile palestinien

 

«Les chants du muezzin se mélangent aux airs chrétiens sur la Place de la Basilique de la Nativité de Bethléem. Ici on est fier de dire que chrétiens et musulmans vivent en harmonie“, affirmait Ginette Lamarche le 23 décembre sur fond musical de Douce nuit, sainte nuit en guise d’introduction à son reportage sur l’exode des Palestiniens chrétiens du lieu de naissance du Christ. Si le monde arabo-musulman se vide de sa population chrétienne devant la montée de l’intolérance, de la persécution et de la violence islamistes envers les minorités religieuses, à en croire Radio-Canada, à Bethléem, musulmans et chrétiens vivraient miraculeusement en harmonie.

 

La seule ombre à ce tableau idyllique serait la persécution israélienne qui pousserait à l’exode les chrétiens de Bethléem. «Le mur, les colonies qui encerclent Bethléem poussent les chrétiens palestiniens à fuir la ville où Jésus est né», prétend Radio-Canada. Jésus était «palestinien», nous dit le gérant d’une agence de tourisme. Puis, en guise de conclusion, une Mennonite canadienne assimile Jésus et Noël à l’ «oppression» et à la «libération» du peuple palestinien: «Noël ici est semblable au premier Noël. Jésus a vécu sous l’occupation, sous la brutalité de Rome. Ici, les Palestiniens vivent la même chose. Oui, on est heureux parce que c’est Noël, oui, nous attendons la libération du peuple palestinien».

 

Contrairement à sa collègue de La Presse Janie Gosselin, Ginette Lamarche ne trouvera pas de pèlerins chrétiens qui rejettent l’instrumentalisation de Noël au service du nationalisme palestinien et n’expliquera pas que c’est l’Autorité palestinienne qui a incité les pèlerins à assimiler Jésus aux Arabes palestiniens en placardant Bethléem d’affiches les invitant à prier pour la «la liberté de la Palestine». En l’espace de huit minutes, Radio-Canada transmet servilement l’évangile palestinien et la victimisation christique des Palestiniens aux mains des Israéliens.

 

Une communauté migrante depuis le 19e siècle

 

Il reste, dira-t-on, que Bethléem se vide de ses habitant chrétiens. Vrai. Sauf que même des experts de la question comme le sociologue palestinien Bernard Sabella de l’Université de Bethléem n’attribuent pas l’exode chrétien qu’à une seule cause. Selon Sabella, les chrétiens palestiniens forment historiquement une «communauté migrante»: «L’émigration n’est pas un nouveau phénomène pour les chrétiens et il existe une tradition relativement ancienne d’émigration, en particulier vers des pays ‘chrétiens’ éloignés», note-t-il.

 

En effet, fuyant le déclin économique de l’empire ottoman au 19e siècle et au début du 20e siècle et la conscription dans l’armée ottomane pendant la Première Guerre mondiale, des milliers de chrétiens ont émigré de Bethléem en Amérique Latine, où l’on retrouve les plus grandes communautés chrétiennes d’origine palestinienne. Juste au Chili, la communauté palestinienne compte plus de 350 000 individus majoritairement descendants d’immigrants de la région de Bethléem.

 

Marginalisation, spoliation et islamisation

 

Les chrétiens de Bethléem ont longtemps cherché à conserver leur ville comme une enclave chrétienne en se coupant des villages musulmans et bédouins voisins. En 1976, par exemple, le maire du faubourg chrétien de Beit Jala, Farah al-Araj, redessina les limites de la bourgade pour en exclure le quartier de Doha peuplé de musulmans. Du jour au lendemain, Al-Araj coupa l’accès de Doha à l’électricité et à l’aqueduc de Beit Jala (Joshua Hammer: A Season in Bethlehem, Free Press, 2003).

 

Or, le transfert de Bethléem à l’administration de l’Autorité palestinienne en 1995 et la seconde intifada (2000-2005) ont fait basculer la démographie de Bethléem vers une majorité musulmane et exacerbé les tensions entre musulmans et chrétiens.

 

Lorsqu’en 1995 Bethléem passe sous contrôle de l’Autorité Palestinienne, des musulmans du Fatah commencèrent à acheter des terres publiques à Beit Jala. Pour protester contre ses ventes illégales, les neuf membres chrétiens du conseil municipal démissionnèrent. Des citoyens écrivirent même une lettre à l’Ambassade américaine accusant l’Autorité palestinienne de vouloir chasser la population chrétienne de Beit Jala: «Dans dix ans», avertissaient-ils, «nous craignons qu’il ne reste plus que quelques chrétiens à Beit Jala» (Ibidem). Après le transfert, l’Autorité palestinienne a intégré des villages musulmans (env. 30 000 musulmans) et des tribus bédouines à Bethléem réduisant dramatiquement le poids démographique des chrétiens. L’enclave chrétienne n’était plus.

 

En 1995, Libération publiait un reportage sur les réactions sceptiques des chrétiens de Bethléem à l’occasion du transfert de la ville à l’Autorité palestinienne. «Le père Yacoub Abdel Nour dénonce une pression sociale musulmane qui pousse les chrétiens dehors et s’inquiète de la montée des islamistes du Hamas», rapportait le quotidien français (“Les chrétiens ont pris le chemin de l’exil”, Libération, 25 décembre 1995). Dix ans plus tard, le Hamas et ses alliés dominaient le conseil municipal de Bethléem.

 

Signe de l’aliénation croissante entre Palestiniens chrétiens et musulmans, lorsque les milices terroristes du Fatah investirent Beit Jala pour tirer de ses hauteurs sur les quartiers sud de Jérusalem au début de la seconde intifada, la cellule locale du Front populaire de libération de la Palestine (groupe terroriste dominé par les Chrétiens) refusa de se joindre à leurs attaques dénoncées par la communauté chrétienne. Des chrétiens de Beit Jala manifestèrent contre les milices du Fatah et furent battus par celles-ci. S’ensuivit une vague de vandalisme anti-chrétien, notamment dans le cimetière grec orthodoxe de la ville, où des douzaines de croix furent détruites (Joshua Hammer: A Season in Bethlehem, Free Press, 2003).

 

En fait, depuis que Bethléem est gouvernée par l’Autorité palestinienne, les chrétiens sont passés de 60% à environ 20% de la population, un phénomène observable dans d’autres villes palestiniennes comme Ramallah où ils ne seraient plus que 25%. Depuis, les chrétiens se plaignent d’extorsion de fonds, de dépossession de leurs biens immobiliers, d’intimidation et de violence de la part de certains de leurs nouveaux voisins musulmans.

 

En 2007, le New York Times citait des habitants de Bethléem qui affirmaient que des membres du Fatah avaient commencé à voler leurs propriétés dès l’établissement de l’Autorité palestinienne en 1994. Un activiste chrétien de Bethléem, Samir Qumsiyeh, affirmait que malgré ses demandes d’intervention répétées auprès de Yassir Arafat et de Mahmoud Abbas, les spoliations continuaient. Trois ans plus tard, Qumsiyeh déclarait à l’Australian Broadcasting Corporation qu’il envisageait quitter Bethléem: «Ce n’est pas facile pour moi de prendre une telle décision, mais je crois parfois que je suis poussé dans cette direction». Un commerçant chrétien de Bethléem a corroboré l’analyse de Qumsiyeh au journaliste israélo-arabe Khaled Abu Toameh: «Les gens d’enfuient parce que le gouvernement palestinien ne fait rien pour les protéger, eux et leur propriété, contre des voyous musulmans. Bien sûr, ce ne sont pas tous les musulmans qui sont responsables, mais il y a une perception généralisée que les chrétiens sont devenues des proies faciles

 

En outre, de nombreux incidents anti-chrétiens dénotent une poussée islamiste en Cisjordanie. Par exemple, en 2005 des centaines de musulmans du village Deir Jarir attaquèrent le village chrétien voisin de Taibeh en raison d’une relation amoureuse entre une musulmane et un chrétien des villages respectifs. Dans la foulée des remarques controversées du pape sur Mahomet, à Ratisbonne en 2006, six églises furent incendiées en Cisjordanie. La même année, le YMCA de Qalqiliya était incendié, accusé à tort de prosélytisme chrétien par les dignitaires musulmans de la ville cisjordanienne alors contrôlée par le Hamas.

 

En 2006, le Daily Mail rapportait plusieurs cas de violence sectaire à l’endroit des chrétiens de Bethléem. Un chauffeur de taxi racontait avoir été battu par une bande de musulmans de Hebron en visite à Bethléem après avoir aperçu le crucifix pendu à son rétroviseur. «Je vis la discrimination tous les jours», raconte-t-il, «c’est une sorte de racisme. Nous sommes une minorité, donc une cible facile. Plusieurs extrémistes des villages viennent à Bethléem.» Jeriez Moussa Amaro racontait qu’en 2001 ses deux soeurs furent assassinées par des hommes armés musulmans. Leur crime, explique le Daily Mail, est que les deux soeurs étaient de jeunes belles femmes chrétiennes vêtues à l’occidentale. Revendiquant leur assassinat, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa (Fatah) émirent la déclaration suivante: «Nous voulions purger la maison palestinienne des prostituées.» Leur frère décrit la position d’extrême faiblesse des chrétiens palestiniens en ces termes: «Un homme chrétien est faible comparé à un homme musulman. Ils ont des familles plus grandes et plus puissantes et connaissent des gens haut placés de l’Autorité palestinienne

 

En décembre 2010, Libération rapportait qu’au-delà des frustrations liées au conflit israélo-palestinien, «les tensions avec la majorité musulmane, dont une partie s’est radicalisée ces dernières années, constituent un autre facteur, avoué seulement à demi-mot, du départ des Palestiniens chrétiens.» Deux ans plus tôt, Libération citait également l’islamisme au nombre des facteurs poussant le chrétiens à l’exode. Bernard Sabella, le professeur de sociologie à l’université de Bethléem cité plus haut, y affirmait «Nous étions habitués à vivre avec les musulmans dans une société civile ouverte, démocratique et pluraliste. Mais la montée de l’islam politique n’incite pas les chrétiens de Palestine à rester.» Ce à quoi ajoutait une mère de famille chrétienne face à l’islamisation de la ville: «J’ai peur que mes filles se fassent harceler lorsqu’elles marchent seules dans la rue. Cela commence à devenir irrespirable ici!»

 

Certes, le conflit israélo-arabe et la clôture de sécurité anti-terroriste ont contribué à l’exode chrétien de Bethléem. Toutefois, l’émigration chrétienne a commencé longtemps avant le déclenchement du conflit israélo-arabe, s’est accentuée avec la prise de contrôle des villes palestiniennes par Arafat et se poursuit dans une réalité plus vaste que le conflit, à savoir la montée de l’islamisme dans toute la région, y compris en Cisjordanie. Une réalité sans doute moins politiquement correcte que la mise au pilori d’Israël et le risible évangile palestinien débité par Radio-Canada.

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