Déclaration du Premier ministre du Canada à Jérusalem
Stephen Harper
Jérusalem, 20 Janvier 2014
Le Premier ministre Stephen Harper a prononcé aujourd’hui le discours suivant devant la Knesset, parlement israélien, à Jérusalem :
« Merci monsieur le Président, monsieur le Premier ministre, monsieur le Chef de l’opposition, monsieur le Juge en chef, mesdames et messieurs les ministres et les députés de la Knesset, distingués invités, mesdames et messieurs. Shalom. Merci de m’avoir invité à visiter ce remarquable pays, et particulièrement de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à la Knesset. C’est vraiment un grand honneur. Et je vous remercie également de m’avoir fait l’honneur de me remettre la clé de la Knesset. Alors maintenant j’ai l’impression de pouvoir y venir chaque fois que je le veux.
« Permettez-moi seulement, Monsieur le Président, de commencer en remerciant, au nom de mon épouse Laureen et de la délégation canadienne, le gouvernement et la population d’Israël de leur chaleureuse hospitalité. Nous avons senti que nous étions plus que les bienvenus. Nous nous sommes immédiatement sentis comme si nous étions chez nous.
« Mesdames et messieurs, le Canada et Israël sont de très proches amis et des alliés naturels. Avec votre indulgence, j’aimerais vous faire part de mes réflexions sur l’importance et la particularité du lien qui unit le Canada et Israël. Car c’est un lien très fort qui nous unit. Cette entre le Canada et Israël prend ses racines dans l’histoire, se nourrit de valeurs communes et se renforce volontairement aux plus hauts échelons du commerce et du gouvernement ce qui est l’expression de fermes convictions. Il y a par exemple depuis de très nombreuses années un Accord de libre-échange entre le Canada et Israël, accord dont la valeur s’est avérée. L’élimination des tarifs douaniers sur les produits industriels et certains produits alimentaires a permis de doubler la valeur des échanges commerciaux entre nos deux pays.
« Mais ce n’est rien si l’on considère le potentiel économique de cette relation et je me réjouis de développer et d’élargir bientôt nos objectifs communs en matière de commerce et d’investissement. De plus, nos établissements militaires échangent leur information et leur technologie. Ces échanges se sont aussi révélés mutuellement avantageux. Par exemple, pendant la mission du Canada en Afghanistan, l’équipement de reconnaissance construit en Israël dont nous nous sommes servis a permis de sauver la vie de nombreux soldats canadiens.
« Tous ces liens, et je pourrais en nommer de nombreux autres – les sciences et la technologie – permettent de construire des ponts solides entre nous. Cependant, pour bien comprendre la relation particulière entre Israël et le Canada, il faut regarder, au-delà du commerce et des institutions, les liens personnels tissés par l’amitié et la parenté.
« Des Juifs sont établis au Canada depuis plus de 250 ans. De génération en génération, grâce à leur travail et à leur persévérance, les immigrants juifs, souvent partis de rien, sont devenus très prospères. Aujourd’hui, près de 350 000 Canadiens ont en commun avec vous leur héritage et leur foi. Ce sont de fiers Canadiens. Mais pour avoir rencontré littéralement des milliers de membres de votre communauté, voici ce que je peux vous dire: ils sont immensément fiers de ce que la population d’Israël a accompli ici. De votre courage en temps de guerre, de votre générosité en temps de paix et de l’épanouissement du désert sous votre gouverne. Laureen et moi aussi en sommes fiers Nous en sommes fiers, et nous comprenons que ce qui a été accompli ici l’a été à l’ombre des horreurs de l’Holocauste …
« La compréhension du fait qu’il est juste d’appuyer Israël parce qu’après avoir connu la persécution durant plusieurs générations, le peuple juif mérite d’avoir son propre pays et mérite de vivre en sécurité et en paix dans ce pays. Permettez-moi de le répéter : le Canada appuie Israël parce c’est fondamentalement ce qu’il faut faire.
« Soit dit en passant, c’est un trait de caractère bien canadien, faire ce qu’il faut sans aucune autre raison, même sans s’attendre à en retirer quoi que ce soit d’immédiat ni sous aucune menace. Il est souvent arrivé que les Canadiens aillent jusqu’à donner leur sang et leur vie pour défendre les libertés des autres dans des contrées lointaines. Je dois aussi avouer que nous avons, à l’occasion, fait de terribles erreurs …
« Comme quand le gouvernement a refusé dans les années 1930 de soulager la misère des réfugiés juifs. Mais aux grands moments charnières de notre histoire, notre pays a toujours choisi, souvent en le payant cher, de se tenir aux côtés de ceux qui combattent l’injustice et les forces du mal dans le monde. Il est donc dans la tradition canadienne de défendre ce qui est juste et fondé sur des principes, que ce soit non commode ou populaire.
« Mais je dirais, le Premier ministre et moi avons dit, qu’appuyer l’État juif d’Israël est aujourd’hui plus qu’un impératif moral. Cet appui a aussi une importance stratégique dont dépendent aussi nos propres intérêts à long terme. Mesdames et messieurs, j’ai dit que l’amitié spéciale entre le Canada et Israël est née de leurs valeurs communes. En effet, Israël est le seul pays du Moyen‑Orient à s’être ancré depuis longtemps dans des idéaux de liberté, de démocratie et de primauté du droit.
« Et il ne s’agit pas de notions abstraites. Ce sont les éléments qui au fil du temps et contre toute attente se sont maintes et maintes fois révélés comme le seul terreau fertile pour les droits de la personne, la stabilité politique et la prospérité économique. Ces valeurs ne sont pas l’apanage de certains; elles n’appartiennent pas en propre à un seul peuple ou une seule nation. Elles ne sont pas limitées.
« Au contraire, plus elles se répandent, plus elles prennent de la force. Et inversement, lorsqu’elles sont menacées quelque part, elles le sont partout. Et qui les menace? Ou, plus précisément, qu’est-ce qui, aujourd’hui, menace les sociétés qui adoptent ces valeurs et le progrès qu’elles rendent possible ?
« Ceux qui méprisent la modernité, ceux qui détestent la liberté d’autrui et ceux qui sont outragés par les différences entre les peuples, les cultures et les religions. Ceux qui, souvent, commencent par détester les Juifs. Mais qui, comme nous l’enseigne l’Histoire, finissent par détester tous ceux qui ne sont pas comme eux…
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''L'amitié des faucons''
Jean Ouellette
Envoyé à La Presse, 18 janvier 2014
Madame: Votre texte montre à quel point vous êtes déconnectée des réalités du Proche-Orient et du seul état démocratique de cette région. L'application mécanique de critères tels droite/gauche ou encore faucons/colombes n'éclaire en rien la réalité qui prévaut dans cette région du monde. Même la gauche israélienne que vous semblez affectionner trouverait votre essai court et conceptuellement pauvre. Les dirigeants israéliens, de droite ou de gauche, feront des compromis territoriaux dès qu'ils auront senti qu'un partenaire palestinien sera assez fort (face au Hamas, au Hezbollah et à l'opinion arabe) pour offrir des garanties réelles de paix à l'État juif. Pour l'instant, grâce en partie à l'armée israélienne et à l'interminable processus de paix, Abbas est maintenu en vie. Il sait très bien qu'il sera assassiné par des cellules jihadistes dès lors qu'il aura offert des garanties de paix durable à cet ennemi démocratiquement encombrant qu'il espère pourtant un jour chasser de cette Palestine arabe dont il rêve. Si je vous ai bien compris, les Israéliens devraient s'empêcher de vivre en attendant un miracle qui ne se produit pas. J'aimerais sentir que vous lisez des commentateurs pour leur compétence au lieu de les classifier selon des catégories pour le moins artificielles. Je parierais que Harper le faucon a compris cet impératif tout comme ces leaders israéliens de gauche (des colombes!) qui n'ont pas tari d'éloges à l'endroit de Sharon le faucon qui a redonné Gaza aux Palestiniens dans l'espoir qu'en transformant cette terre ingrate en un jardin paradisiaque ils mettraient fin à leurs tirades belliqueuses. Et à leurs de missiles. Il est permis de rêver. Pour les Israéliens, l'incitation à la haine et le recours au terrorisme dont ils sont à la fois les témoins et les victimes prennent l'allure d 'un véritable cauchemar. Réveillez-vous: vous rendrez service à vos lecteurs.
Bien cordialement,
Jean Ouellette
(Professeur à la retraite de l' Université de Montréal, membre du Conseil académique de l' ICRJ.)
Le venin anti-israélien
Guy Millière
http://www.dreuz.info, 22 janvier 2014
Récemment, Bruno Gollnisch, outragé par mes remarques concernant l’absence de condamnation de l’antisémitisme par les dirigeants du Front National, m’a taxé d’être un « intellectuel communautaire ». N’étant pas juif, je suppose qu’il a voulu faire de moi un Juif d’honneur, et je pourrais en être flatté.
Je suis agnostique, mais mes valeurs éthiques sont celles qui sont nées depuis et par le judaïsme, je le sais. Tout en étant flatté, cela m’a conduit à une réflexion plus large : je dois remarquer que, parmi les intellectuels qui ne sont pas juifs, en France, il s’en trouve fort peu pour défendre Israël, et pour dénoncer explicitement l’antisémitisme. Je dois dire que cela me semble troublant.
Que sur un continent qui a vu s’accomplir la seule tentative d’extermination totale et industrielle d’un peuple, celle des Juifs, aussi peu d’intellectuels non juifs soient à même de voir ce que signifie la remontée de l’antisémitisme en Europe est un phénomène qui me consterne. Que, dans une période où le traitement d’Israël comme le Juif parmi les Etats de la terre s’accentue, il se trouve aussi peu d’intellectuels non juifs pour voir qu’Israël est traité comme le Juif parmi les Etats de la terre est une réalité qui me donne la nausée.
Je dois dire qu’il en est ainsi, je pense, parce que l’Europe a deux mille années d’antisémitisme dans son passé, parce que ce qu’on appelle la shoah a été mis entre parenthèse et passé sous silence pendant trente années après la guerre et n’a commencé à être regardé en face qu’à partir de 1978 et de la diffusion de la série Holocauste à la télévision : des gens se sont dits surpris et choqués de ce qu’Holocauste montrait, y compris des gens qui avaient une cinquantaine d’années et qui avaient donc vécu à l’époque de ce qu’Holocauste montrait. Etaient-ils sourds et aveugles à l’époque ? Ont-ils été ensuite frappés d’une amnésie soudaine ? Les deux hypothèses sont improbables. Il y a eu ceux qu’on honore comme les « justes » et il y a eu beaucoup de nazis en Allemagne, ou, pour le moins de sympathisants. Il y a eu en France quarante millions de pétainistes, quelques résistants, beaucoup de gens porteurs d’une veste réversible. Le film Shoah de Claude Lanzmann a eu un impact. Les cérémonies du cinquantième anniversaire de la chute d’Auschwitz ont marqué la fin d’une période, au terme de laquelle le dossier a été rangé sur une étagère. Je pense, pour reprendre à ma façon la célèbre phrase, que beaucoup d’Européens n’ont pas vraiment pardonné Auschwitz aux Juifs.
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Je dois dire qu’il en est ainsi, aussi, parce que la gauche en Europe a voulu démultiplier les objets de repentance et y a ajouté la colonisation (seulement la colonisation effectuée par des Européens, bien sûr), l’esclavage (dont seuls les Européens se seraient rendus coupables, cela va de soi), le racisme (qui s’est vu appliqué, entre autres, à la célèbre race islamique dans laquelle on entre sitôt on devient musulman, qu’on soit un petit brun ou un grand blond) : cette démultiplication a fini par créer une réaction de crispation très logique et conduit à un relativisme au sein duquel les mots ont perdu leur sens (perte du sens qui continue, puisque pour l’extrême gauche, on peut être « facho » dès qu’on s’assied sur la droite de Jean-Louis Borloo : ce qui est une façon de faire oublier que Mussolini était un socialiste).
Je dois dire que je pense que le traitement d’Israël comme le Juif des Etats a été assez vite entériné en Europe parce qu’Israël était l’Etat du peuple juif et que non, beaucoup d’Européens n’ont pas pardonné Auschwitz aux Juifs. Ils ne leur ont pas non plus pardonné de ne pas se laisser écraser par les armées arabes en 1948-49, ce qui aurait été conforme au scénario prévu. Pendant une vingtaine d’années, Israël ayant survécu, les Européens ne se sont pas acharnés contre Israël. Mais peu à peu est apparu la bonne raison de le faire : soutenir les armées exterminatrices du monde arabe n’était pas présentable. Soutenir les « Palestiniens » était beaucoup plus honorable.
Le soutien a commencé à l’extrême gauche, qui a toujours eu une affection pour terroristes et totalitaires. Il s’est propagé à la gauche, puis à l’ensemble de la classe politique européenne ou presque. Le « peuple palestinien » a été conçu pour que les Européens aient une « lutte de libération nationale » à soutenir et pour qu’ils retrouvent une raison de s’en prendre aux Juifs, et cela a fonctionné parfaitement.
On trouve aujourd’hui des gens qui se disent « défenseurs de la liberté », et hostiles au totalitarisme qui, d’un seul coup, oublient tous leurs principes lorsqu’il s’agit d’Israël, pays de liberté économique, politique et culturelle, et de l’Autorité Palestinienne, entité totalitaire aux allures de Troisième Reich miniature.
On trouve des gens qui se disent partisans de l’économie de marché et du droit naturel des êtres humains qui deviennent brusquement aveugles face au fait que l’Autorité palestinienne est une création artificielle qui ne survit que par des subventions massives servant essentiellement à une double violation du droit naturel des êtres humains (les subventions financent un endoctrinement imprégné d’idées nazies destinée à transformer des êtres humains en assassins et financent aussi l’assassinat d’autres êtres humains).
Rares, très rares sont ceux qui osent dire qu’Israël est une démocratie et un état de droit menacé, que ceux qui menacent Israël sont des antisémites criminels irrespectueux de l’idée minimale de droit, que la Judée Samarie n’a jamais été « colonisée » par Israël, mais l’a été, par contre, pendant dix neuf ans, par l’Etat palestinien de Jordanie, créé sur 78% des terres du Mandat palestinien, ou qu’en 1967, Israël a gagné une guerre contre des agresseurs aux projets génocidaires, en un moment où il n’existait pas un seul « Palestinien » (les principaux concernés n’avaient pas encore appris la leçon) et pas un seul « territoire palestinien ».
Pour noter tout cela, et mille autres choses encore, il n’y a pas à être un « intellectuel communautaire » : il y a juste à faire un travail des idées honnête et scrupuleux et à connaître l’histoire, et à ne pas avoir des valeurs à géométrie variable. C’est beaucoup demander ? Il semble que oui, désormais, c’est beaucoup demander.
Est-il risqué de faire un travail des idées honnête et scrupuleux, de connaître l’histoire, et de ne pas avoir des valeurs à géométrie variable. Il semblerait que oui, là encore.
Le venin antisémite a encore de beaux jours devant lui en Europe. Le venin anti-israélien a, lui, de très beaux jours devant lui.
Les dirigeants de plusieurs pays d’Europe ont convoqué ces derniers jours les ambassadeurs d’Israël de leurs pays respectifs pour les sermonner : Israël décide de construire des logements pour des Israéliens, ce qui est inadmissible. Les dirigeants des mêmes pays continuent à financer les incitations au meurtre d’Israéliens par des « Palestiniens » : cela, c’est très admissible, qui dirait le contraire ?
Hongrie : la communauté juive pourrait boycotter
les commémorations de la Shoah
Agence France-Presse
La Presse, 21 janvier 2014
La communauté juive hongroise, qui accuse le gouvernement de blanchir la Hongrie de ses responsabilités dans la Shoah, pourrait boycotter les commémorations de la tragédie prévues cette année, a déclaré mardi un responsable.
«Il y a une limite, et si elle était franchie par les événements officiels, cela forcerait les organisations juives à retirer leur participation», a affirmé à des journalistes Andras Heisler, président de Mazsihisz, la première organisation communautaire du pays.
Le gouvernement avait annoncé l'an dernier une série de manifestations marquant le 70e anniversaire des déportations qui ont abouti à la mort de quelque 600 000 juifs de Hongrie, dont 450 000 pendant l'occupation nazie, du 19 mars 1944 au printemps 1945.
Un monument commémorant cette dernière phase cristallise la crispation de la communauté. Voulu par le gouvernement conservateur de Viktor Orban, il doit être inauguré le 19 mars sur une place du centre de Budapest.
Il doit évoquer l'ensemble des victimes, y compris juives, de l'occupation allemande de la Hongrie. Mais selon Mazsihisz, le monument est symbolique des efforts de la droite au pouvoir pour exonérer la Hongrie de ses propres responsabilités dans l'extermination des juifs.
La semaine dernière, Sandor Szakaly, un historien nommé en octobre 2013 par le gouvernement Orban pour diriger un nouvel institut d'histoire, avait ainsi qualifié de «procédure administrative pour des citoyens étrangers» la déportation d'environ 10 000 juifs en 1941 vers des territoires occupés par l'Allemagne en Union soviétique. Presque tous avaient été tués.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban et son parti Fidesz ont été souvent accusés d'encourager tacitement le souvenir de l'autocrate Miklos Horthy, homme fort de la Hongrie de 1920 à 1944, qui fit en son temps allégeance aux nazis.
La communauté juive de Hongrie est l'une des plus importantes en Europe, avec quelque 120 000 membres. Elle est aussi la plus inquiète d'une montée du préjugé antisémite, selon une enquête récente de l'Agence des droits fondamentaux (FRA) de l'Union européenne.
«Nous sommes des optimistes», a toutefois assuré mardi Andras Heisler, pour évoquer son espoir de voir le gouvernement renoncer au monument prévu.
Shabbat Shalom à tous nos lecteurs!