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ÊTRE OU NE PAS ÊTRE POLITIQUEMENT CORRECT

  

    

 

 

 

 

LA DICTATURE POLITIQUEMENT CORRECTE OCCIDENTALE

Giulio Meotti

Gatestone Institute, 13 dec., 2016

 

 

On pourrait croire que nous vivons un âge d'or pour la liberté d'expression : plus d'un milliard de tweets, des posts sur Facebook et des blogs tous les jours. Mais sous la surface, la liberté d'expression recule considérablement.

 

Les étudiants de la City University de Londres, où se trouve l'une des écoles de journalisme les plus respectées de Grande-Bretagne, a voté l'interdiction de trois journaux sur son campus : The Sun, le Daily Mail et l'Express. Leur « crime », selon la motion qui a été votée, est d'avoir publié des articles contre des migrants, des articles « islamophobes », et d'avoir « pris pour boucs émissaires les classes ouvrières qu'ils prétendent si fièrement représenter ». City University, censée être un endroit consacré à ouverture et remise en question, est devenue la première institution éducative occidentale à voter une censure et à interdire « des journaux de droite ».

 

Le réalisateur David Cronenberg a qualifié cela d'auto-censure, après le massacre perpétré contre Charlie Hebdo : « un politiquement correct étrange et tortueux ». C'est l'un des poisons idéologiques les plus mortels du 21ème siècle. Ce qui dénote non seulement une étroitesse d'esprit ridicule mais nous rend également aveugles face à cet islam radical qui mine nos défenses mentales et culturelles.

 

Les innombrables attaques perpétrés par des extrémistes musulmans témoignent du fait que le monde multiculturel vers lequel on nous a menés est une fiction. Le politiquement correct ne fait qu'encourager les islamistes à renchérir pour gagner la guerre qu'ils mènent. Les tensions qui en résultent ont été nourries par les élites occidentales et leur sentiment de culpabilité à propos du « colonialisme » dans le tiers monde.

 

« L'État islamique menace Sylvania » – une exposition artistique avec de mignonnes petites peluches qui pique-niquent sur une pelouse et ne se rendent pas compte que d'autres mignonnes petites peluches terroristes, armées de fusils d'assaut, sont sur une butte juste derrière elles – est le travail d'une artiste connue sous le nom de Mimsy ( elle cache son identité). Les protagonistes de cette série de tableaux dans des caissons lumineux représentent une famille d'animaux en peluche qui vivent dans une vallée enchantée. Des hommes armés, habillés en sbires de l'État islamique frappent des habitants inoffensifs de cette vallée à l'école et sur la plage, lors d'un pique-nique ou d'un défilé de la Gay Pride. Cela ressemble à une version mise à jour de Maus par Art Spiegelman, une bande dessinée qui représente des chats nazis et des souris juives pendant la Shoah.

 

Ceux qui souhaitent voir ce travail artistique au Mall Galleries, à Londres, devront se consoler avec le travail de Jamie McCartney, « Le vagin de la Grande Muraille », des organes génitaux de neuf mètres, moins importants et moins provocateurs.

 

Le travail courageux de Mimsy, après que la police britannique l'a qualifié « d'incendiaire » a été retiré du programme de cet événement culturel londonien. Ses organisateurs ont informé les propriétaires de la galerie que s'ils voulaient l'exposer ils devraient sortir trente-six milles £ ( soit quarante-six milles dollars ) pour « sécuriser » le site pendant les six jours que durerait cette exposition.

 

Sous cette dictature du politiquement correcte la culture occidentale a établi deux principes. D'abord le fait que la liberté d'expression peut être restreinte chaque fois que quelqu'un affirme qu'une opinion est une « insulte ». Ensuite le fait qu'il y a un deux poids, deux mesures infernal : les minorités, musulmanes surtout, peuvent dire librement tout ce qu'elles veulent contre les juifs et les chrétiens.

 

Et c'est ainsi que l'équipe de football la plus célèbre, le Real Madrid, a enlevé la croix figurant sur son emblème après un accord commercial avec l'émirat du Golfe d'Abu Dhabi. Ce symbole chrétien a été rapidement abandonné pour plaire aux sponsors islamiques du Golfe.

 

Peut-être demandera-t-on bientôt à l'Occident de changer le drapeau de l'Union européenne – douze étoiles sur fond bleu – parce qu'il contient un message chrétien codé. Arsène Heitz, qui l'a conçu en 1955, s'est inspiré de l'iconographie chrétienne de la Vierge Marie portant sur la tête une couronne et douze étoiles : quel cruel message « suprémaciste occidental chrétien » !

 

Le politiquement correct a aussi un énorme impact sur les grandes entreprises : Kellogg's a retiré sa publicité de la publication Breitbart, l'accusant de « ne pas être aligné sur nos valeurs » et Lego a abandonné sa publicité dans le Daily Mail,pour ne mentionner que deux cas récents.

 

Cela ne devrait pas nous inquiéter si des entreprises veulent décider de là où elles font de la publicité, mais cela devient très alarmant lorsque cela est fait à cause d'une « idéologie ». Nous n'avons jamais rien lu à propos d'entreprises qui auraient abandonné un journal ou un site web parce qu'il était trop libéral ou « gauchiste ». Si les régimes arabo-islamiques agissaient selon ces critères, pourquoi ne demanderaient-ils pas à leurs entreprises de cesser de faire de la publicité dans les journaux occidentaux qui publient des articles critiquant l'islam ou publient des photos de femmes à demi-nues ?

 

Des bibliothèques de campus aux États-Unis mettent maintenant des « avertissements » dans des ouvrages littéraires : les étudiants sont avertis, par exemple, que les sublimes Métamorphoses d'Ovide « justifient » le viol. L'université de Stanford même réussi à exclure Dante, Homère, Platon, Aristote, Shakespeare et d'autres géants de la littérature occidentale du cursus académique en 1988 : nombre de leurs chefs-d'œuvre sont censés être « racistes, sexistes, réactionnaires, répressifs ». Tel est le vocabulaire de la capitulation occidentale devant le fondamentalisme totalitaire islamiste.

 

La France a retiré de grands personnages comme Charlemagne, Henry IV, Louis XIV et Napoléon des écoles pour les remplacer, par exemple, par l'histoire du Mali ou d'autres royaumes africains. A l'école on enseigne aux enfants que les Occidentaux sont des Croisés, des colonisateurs et sont « mauvais ». Par leurs efforts menés pour justifier que la France et sa culture judéo-chrétienne soient répudiées, les écoles ont rendu fertile le terrain sur lequel l'extrémisme islamique se développe et prospère sans entraves.

 

C'est une question de priorités : personne ne peut nier que la France est assiégée par l'islamisme. La semaine dernière les services de renseignement français ont découvert un nouveau complot terroriste. Mais quelle est la priorité du gouvernement socialiste ? Restreindre la liberté d'expression des « militants » anti-avortement. Le Wall Street Journal a appelé cela « La guerre de la France contre le discours anti-avortement. » La France a déjà l'une des législation les plus permissives et libérales concernant l'avortement. Mais le politiquement correct rend aveugle à force d'idéologie. « En quatre ans et demie, les Socialistes ont réduit notre liberté d'expression et ont attaqué les libertés publiques » commente Riposte Laïque.

 

Aux États-Unis, le monde universitaire est en train de fermer ses portes rapidement à tout débat. À l'université de Yale, professeurs et étudiants s'affairent actuellement autour d'une nouvelle urgence culturelle : « changement de noms ». Ils changent les noms des bâtiments pour effacer toute trace d'esclavage et de colonialisme, un révisionnisme sorti tout droit de la Révolution bolchevique en Russie.

 

Partout aux États-Unis et au Royaume Uni une ambiance hostile se répand contre des opinions et des idées qui pourraient causer ne serait-ce qu'un soupçon de chagrin chez des étudiants. Le résultat est la montée de ce qu'un écrivain tel que Bret Easton Ellis a appelé « La Génération Poule mouillée ».

 

Les djihadistes doivent certainement être ravis de ce politiquement correct occidental étant donné que le résultat de cette idéologie sera l'abolition de l'esprit critique occidental et une rééducation surréaliste des masses accomplies en annihilant notre histoire et en haïssant notre passé réellement libéral.

 

L'université de Bristol au Royaume-Uni vient de se faire critiquer pour avoir tenté de refuser de donner une tribune à Roger Scruton pour ses opinions sur le mariage de conjoints du même sexe. Entre temps les universités britanniques offrent une tribune à des prédicateurs islamiques radicaux. Dans l'univers politiquement correct, les penseurs conservateurs sont plus dangereux que les partisans de l'État islamique. L'ancien maire de Londres, Boris Johnson, a appelé cette dystopie « le Boko Haram du politiquement correct ».

 

Les étudiants et le corps enseignant de l'université Rutgers dans le New Jersey ont annulé un discours que devait donner l'ancienne Secrétaire d'État des États-Unis, Condoleezza Rice. Des étudiants et des professeurs de l'université Scripps en Californie ont protesté contre la présence d'une autre Secrétaire d'État, Madeleine Albright, qui selon les protestataires est « une criminelle de guerre ».

 

Un professeur de l'université de New York, Michael Rectenwald, qui a attaqué le politiquement correct et le maternage des étudiants, a été chassé récemment d'une salle de cours après que des collègues se sont plaints de son « incivilité ». Le professeur en sciences humaines a été forcé de partir en congé payé. « C'est une restriction de la liberté d'expression au point qu'on ne peut même pas prétendre être quelque chose sans que les autorités vous tombent dessus dans les universités », a déclaré Rectenwald au New York Post.

 

Il n'y a pas de meilleur allié de l'islamisme extrémisme que cette censure libérale moralisatrice : en fait, l'un comme l'autre veulent supprimer toute critique de l'islam ainsi que toute défense faite fièrement des Lumières occidentales ou de la culture judéo-chrétienne.

 

Cette censure se produit non seulement dans les enclaves libérales sur les côtes des États-Unis mais aussi en France. Les Eagles of Death Metal – le groupe américain qui jouait au Bataclan à Paris quand des terroristes de l'État islamique y ont assassiné quatre-vingt neuf personnes le 13 novembre 2015 – ont été interdits dans deux festivals de musique : Rock en Seine et Cabaret Vert. La raison ? Jesse Hughes, le leader du groupe, a donné une interview très politiquement incorrecte :

 

    « Est-ce que le contrôle des armes français a empêché une seule f*utue personne de mourir au Bataclan ? Je ne pense pas, je pense pense que la seule chose qui l'en a empêché ça a été des hommes parmi les plus courageux que j'ai jamais vus qui ont foncé, la tête la première, face à la mort avec leurs armes à feu… Je pense que la seule chose qui m'a fait changer d'avis est que, peut-être, jusqu'à ce que personne n'ait d'armes, tout le monde doit en avoir. Je veux que tout le monde ait toutes les chances de vivre et j'ai vu mourir des gens qui auraient peut-être pu vivre… »

 

Après le massacre djihadiste au night-club gay, Orlando's Pulse, Facebook a appliqué l'interdiction pro-islamique et censuré une page du magazine Gaystream, après qu'il a publié un article critiquant l'islam dans la foulée du bain de sang. Le directeur de Gaystream, David Berger, avait fortement critiqué le directeur du Musée Gay de Cologne, Birgit Bosold, qui avait déclaré aux médias allemands que les gays devraient plus avoir peur d'hommes fanatiques blancs que d'extrémistes islamiques.

 

Jim Hoft, journaliste gay, qui a créé le blog populaire, Gateway Pundit blog, a été suspendu par YouTube. Twitter, l'un des vecteurs de cette nouvelle intolérance, a suspendu le compte de Milo Yiannopoulos, un critique majeur du fondamentalisme islamique – mais probablement pas les comptes de fondamentalistes islamiques qui critiquent les gays. Twitter a même créé un « Conseil de la Confiance et de la Sécurité ». Ce qui fait penser au « Conseil pour la Promotion de la Vertu et la Prévention du Vice » d'Arabie saoudite. Cela pourrait-il être une source d'inspiration pour les mollahs libéraux ?

 

Oui, cela aurait pu avoir l'air d'être un âge d'or pour la liberté d'expression. Mais avec cette dictature du politiquement correct, le seul « gagnant-gagnant » est l'islam politique.

 

 

LA RELIGION DU MULTICULTURALISME OU COMMENT

ÉCHAPPER À L'INSCRIPTION POLITIQUE?

Louis-André Richard

Huffington Post, 10 dec., 2016

   

 

On doit aux études de John-Batista Vico, l'idée d'une humanité marquée depuis ses origines les plus lointaines par l'obligation de s'accommoder de trois réalités structurant son être au monde. Il s'agit des idées concernant la relation au divin, à l'amour et à la mort. À cette enseigne, le Québec ne fait pas exception. La Commission sur les accommodements religieux, les débats sur le mariage gai et la commission sur l'aide médicale à mourir en font foi. C'est dire l'importance du retour réflexif constant sur notre rapport politique au religieux.

 

En lisant le bel essai de Mathieu Bock-Côté (Le multiculturalisme comme religion politique, Cerf, 2016, 366 pages) posant le problème du multiculturalisme envisagé comme religion politique, j'ai retrouvé l'occasion d'assumer cette réflexion. Sa contribution est assortie d'une mise en garde : «C'est le propre des religions politiques que de conduire au totalitarisme.» On s'en convainc en évoquant le triste souvenir du nazisme comme du stalinisme. Son livre nous convie à la vigilance dans nos efforts contre la démesure politique.

 

Il faut être naïf pour faire fi de cet avertissement et nous croire à l'abri d'autres asservissements. La démocratie n'est pas immuable, elle est fragile et elle dépérit du fait de toute désaffectation citoyenne. C'est une raison suffisante de réfléchir avec Bock-Côté.

 

D'entrée de jeu, il met la table : «Se pourrait-il que la démocratie se retourne contre elle-même? Se pourrait-il que le démocratisme ait enclenché une nouvelle dynamique historique qui diffuserait le virus d'un égalitarisme morbide dévorant les fondements de l'ordre social?»

 

Les dogmes de la nouvelle religion…La question est posée. La religion politique du multiculturalisme, comme toute religion, a ses dogmes. Parmi eux, j'en relève trois: le progressisme, la diversitarisme et l'humanitarisme. Ma perception de la critique proposée par Bock-Côté est que le premier est un «dogme capital» dont les deux autres découlent de source.

 

Le progressisme représente «l'ontologie critique de l'existence sociale». Comme toute ontologie, il fournit l'horizon de compréhension fondamental des liens humains. «Le progressisme [écrit-il] est une philosophie de l'émancipation radicale appelée à retrouver la vérité enfouie de l'être humain en dessous de l'ordre historique qui l'aurait mutilé.» Le péché originel à l'encontre de cela est lié à tout esprit conservateur et les pécheurs se reconnaissent à leur psychologie pathologique. Ils ont l'air de «fous, de brutes ou de désespérés».

 

Ces citoyens défigurés par leur attachement maladif au passé, à la manière d'une nouvelle statue de Glaucus, ne savent pas célébrer le culte de la diversité ni celui d'un humanisme exacerbé. Ils ne savent pas marcher au bon pas sur la route du progrès. Ils ne comprennent pas que «la diversité elle-même s'impose à la manière d'un sujet révolutionnaire de substitution.»

 

Échappant à ce mouvement, les conservateurs impénitents à la triste mine, sont plus à plaindre qu'à blâmer. Dans la logique de la religion politique, ils sont timorés. Ils ne sont pas animés par la pulsion de l'autoengendrement, ignorant l'évidence du pouvoir sans réserve de l'homme sur le monde, particulièrement sur la nature.

 

Cela est bien illustré par la théorie du genre. Elle offre un véritable paradigme de la reconnaissance du dogme progressiste : «La théorie du genre, de ce point de vue, dont on a beaucoup parlé depuis quelques années, est moins une folie passagère adoptée par des idéologues excités que le point d'aboutissement le plus naturel d'une philosophie politique démiurgique qui entend créer l'homme à partir de rien, d'un retour à l'indéterminé, à l'informe, au monde d'avant le monde, à partir d'un fantasme de toute-puissance qui en est aussi un d'auto-engendrement.»

 

Les hérésies conséquentes …Si toute religion a son crédo, elle prévient aussi des hérésies. Le livre en décrit plus d'une et le lecteur sera attentif aux analyses décapantes réservées aux attitudes rébarbatives à l'égard des postures multiculturelles à la mode.

 

L'orthodoxie, au nom d'un culte aveugle aux droits de l'homme, semonce vertement la reconnaissance de l'autorité, se méfie des institutions et sape les aspirations à la verticalité des rapports : «L'imperium des droits vient limiter les prétentions de la souveraineté à la verticalité. Ce qui lui permettrait traditionnellement non seulement d'arbitrer entre les droits, mais aussi de les relativiser par rapport à la figure de l'intérêt général.»

 

Il s'agit de se débarrasser du vieux levain fondateur de l'identité politique pour lui substituer une fiction identitaire festive résolument promise à plus d'égalité et d'autonomie. Le mandat est de reconstruire. Le moyen vise une rééducation citoyenne. La pédagogie politique en ces matières prétend «moins transmettre l'héritage que de délivrer l'homme.»

 

De toutes les injonctions contraires au «théologiquement correct multiculturel», la religion traditionnelle et le catholicisme en particulier affichent l'opposition la plus radicale : «la morale traditionnelle d'inspiration judéo-chrétienne sera présentée comme un fascisme ordinaire tant elle imprimerait sur les consciences une série d'inhibitions contraires au nouveau désir d'émancipations débridé de la subjectivité.»

 

Bref, le multiculturalisme devient une religion dont les promesses de salut sont ralenties par les mentalités passéistes et rétrogrades des religions traditionnelles. Trouverait-on malgré tout une place pour leur expression dans le projet multiculturel? Si oui, ce sera à condition de souscrire au dogme nouveau et de renier le contenu archaïque les ayant vus naître.

 

Les raisons d'espérer… Quand on termine l'essai, il semble y avoir peu ou prou de raisons d'espérer. C'est une critique en règle d'un projet politique métamorphosé en ersatz de religion. Il y a cependant beaucoup à apprendre du regard incisif porté par Mathieu Bock-Côté sur notre démocratie, sur sa transformation et les risques de dérives pouvant mener à des lendemains sombres.

 

Mais il serait injuste de ne pas remarquer, au fond de l'analyse et à la faveur de l'exposition de maux variés, la présence d'un espoir résurgent. Bock-Côté suit des lignes de force pérennes et nous convie à penser à nouveau nos orientations anthropologique et politique. Il invite au retour à l'essentiel et il provoque le désir d'envisager lucidement les conditions pour ne plus échapper à notre inscription politique.

 

À cette enseigne, par exemple, il reformule les problèmes de fond, il appelle avec courage l'homme actuel à considérer que «la conscience de sa finitude n'est pas un obstacle à abattre, mais la condition même de son humanité. Son ancrage dans une identité sexuée et historique n'est pas une négation de son génie créatif, mais la condition même de son inscription dans le monde.»

 

Mathieu Bock-Côté écrit comme il pense et il pense comme il vit, c'est-à-dire: goulûment! Il a l'esprit avide de comprendre et de partager. De cela je tire deux constats: d'une part, sans rien sacrifier à la rigueur, sa plume est engagée, elle invite à la conversation. D'autre part, son verbe est généreux même au risque de bousculer un peu. Ces deux qualités suffisent à le lire. La lecture de son livre pourvoit à assumer le devoir de tout citoyen soucieux de préserver la santé politique québécoise.

 

COLOGNE, OU LE TCHERNOBYL IDÉOLOGIQUE

DU MULTICULTURALISME

Stéphane Stapinsky

Agora, 6 fev., 2016

 

 

Nous désirons tous prévenir le pire : de nouveaux conflits ethniques et raciaux en Europe et par suite ailleurs dans le monde.  Ce pire, ce n’est toutefois pas en niant ou minimisant les faits qui le font craindre qu’on peut le prévenir, mais en regardant ces faits avec courage et lucidité, seule façon de les comprendre et par suite de les prévenir. Il vaut mieux crier au feu au tout début d’un incendie quitte à se voir reprocher ensuite, quand le feu est éteint,  d’avoir semé la panique inutilement, que de nier la présence des flammes pour éviter une éventuelle persécution des incendiaires.

 

En pareilles circonstances, les Européens devraient toujours se souvenir de 1936. Les intentions d’Hitler étaient claires, mais par crainte de ce que à quoi engageait le fait de les voir, on les a niées jusqu’à la veille de la guerre, une guerre que la France et l’Angleterre auraient  pu éviter : en traversant le Rhin et en occupant la Ruhr, conformément au traité de Versailles.

Au lieu de craindre de fournir des arguments à l’extrême-droite, il faudrait se demander si cette extrême-droite ne traduit pas le malaise d’un peuple qui sent, hors de toute considération morale, que les limites de sa tolérance sont atteintes.

 

À voir les Américains disposés à élire un président promettant d’expatrier 11 millions d’immigrants illégaux, on se demande s’ils n’auraient pas dû exercer un contrôle véritable sur leurs frontières il y a vingt ans, quand leur estomac national pouvait encore « digérer » les Hispanos.

 

Qui aurait pensé que ce qui avait les apparences d’un fait divers local, important certes par le nombre de personnes impliquées, mais local tout de même, retiendrait toujours, un mois plus tard, l’attention des médias et des réseaux sociaux du monde entier ? Pour le dire tout net, nous sommes face à un événement décisif de notre temps. Le magazine Causeur parle d’ailleurs, dans sa livraison de février, du « syndrome de Cologne », auquel il consacre un volumineux dossier. Je comparerais pour ma part cet événement à un véritable « 11 septembre idéologique », ou plus précisément, à un « Tchernobyl du multiculturalisme ».

 

Pourquoi évoquer ici l’accident nucléaire de Tchernobyl qui a eu lieu il y a tout juste 30 ans ? Parce que, dans les deux cas, un incident imprévu a lieu, générant, à chaque fois, des retombées dont les conséquences se font sentir à long terme. En guise de parade, on essaie tant bien que mal de contenir lesdites retombées – dans le premier cas, en construisant un sarcophage de béton recouvrant le feu radioactif, dans l’autre, en essayant d’imposer une chape de plomb sur tout débat réel dans l’édifice chambralant du multiculturalisme et du féminisme radical.

 

Si ces agressions n’auront pas pour conséquence l’invasion d’un pays comme ce fut le cas lors du « 9-11 », elles provoqueront néanmoins des bouleversements, des remises en question, dans bien des consciences. Dans quelques semaines, sans doute, elles auront quitté les pages Actualités des médias et seront passés au second plan, à l’instar des attentats de Paris, qui nous semblent déjà si lointains. Mais leur effet continuera néanmoins à se faire sentir dans les profondeurs cachées du débat idéologique d’aujourd’hui. Car, en effet, quelque chose s’est irrémédiablement brisé.

 

Rappelons les faits. Lors de la Saint-Sylvestre, à proximité de la gare et de la cathédrale de Cologne (Allemagne), plus d’un millier d’hommes étaient réunis, que les témoignages ont présenté comme étant ivres et chahuteurs. Ils ont tiré des feux d’artifice devant la cathédrale, utilisé comme projectiles des bouteilles d’alcool. Ces hommes se sont mis à s’en prendre aux passants, essentiellement les femmes, d’une manière particulièrement violente. La police, présente sur les lieux, a semblé dépassée par les événements.

 

Le lendemain, premier janvier, le service de police de la ville a fait état d’une veille du jour de l’An à peu près normale. Pourtant, dans les jours qui ont suivi, des femmes ont commencé à porter plainte auprès de la police. « Le nombre de plaintes, rien qu'à Cologne, ne cesse de croître chaque jour : 30 le lundi 4 janvier, 516 le 10 janvier, 560 le 11 janvier, 652 le 14 janvier, 809 le 19 janvier dont 64 % de viols et agressions sexuelles, 821 le 21 janvier concernant 1049 victimes. » (Wikipedia) On a alors pris conscience de la gravité des actes commis : vols, coups et blessures, agressions sexuelles collectives, allant des attouchemes au viol pur et simple (3 cas recensés). Les assauts paraissaient coordonnés et ont été commis par des groupes de 2 à 40 hommes, décrits comme étant d’origine nord-africaine ou arabe. Les suspects sont principalement des demandeurs d’asile et/ou des immigrés en situation illégale.

 

En Allemagne, une douzaine d’autres villes ont connu pareils débordements : Francfort, Hambourg, Stuttgart, Bielefeld, Düsseldorf et d'autres. Douze des 16 Länder ont été touchés dans un bilan revu à la hausse le 24 janvier 2016.

 

Chose incroyable, tous ces incidents, ceux de Cologne et les autres, n’ont été rendus publics dans les médias que quatre jours plus tard, alors qu’il devenait impossible de les dissimuler plus longtemps en raison des réactions virulentes publiées sur les médias sociaux… Les autorités politiques, les forces policières et les médias avaient décidé, de concert, de retenir l’information, afin, semble-t-il, d’éviter de susciter des agressions à caractère raciste. Ce qui n’est pas sans soulever des questions fondamentales, notamment quant à la confiance à accorder à ceux qui nous gouvernement, nous protègent et nous informent. Car un tel embargo est tout à fait irresponsable, voire criminel, puisque certaines femmes ont pu être victimes d’agression du fait qu’elles n’étaient pas avisées de se tenir éloignées des quartiers problématiques.

 

Dans les jours qui ont suivi la révélation des faits, les langues des autorités de divers pays européens se sont déliées. Des informations ont en effet été diffusées à l’effet que la Finlande, la Suède, la Suisse et l’Autriche avaient également connu semblables débordements, et que les autorités concernées auraient, là aussi, appliqué la consigne du silence. Le cas de la Suède est particulièrement troublant, dans la mesure ou les autorités politiques et les services de police auraient étouffé des agressions similaires survenues en 2014 et 2015, lors d’un festival de musique. Une question m’habite : comment à l’ère des réseaux sociaux et de l’internet, une telle censure a-t-elle pu être mise en oeuvre? Mystère.

 

Cette vague de silence des autorités et des médias a également éclaboussé, en Allemagne et ailleurs, les défenseurs du multiculturalisme et de l’ouverture illimitée des frontières, ainsi que les militantes féministes radicales, qui ont été fort peu loquaces dans la semaine qui a suivi la divulgation des faits. Ce n’est en effet que vers les 9 et10 janvier que ceux-ci ont commencé à réagir aux événements. Ce temps de réaction très lent révèle assurément un malaise profond au sein d’une certaine gauche antiraciste et féministe. Les publications de droite (par exemple Le Figaro et Causeur) et les sites et blogues conservateurs, voire d’extrême-droite, avaient, il faut le préciser, commencé à faire état bien avant de ces agressions, pour les dénoncer et réclamer des mesures fermes contre les migrants. Il me coûte de le dire mais, dans cette affaire, en dépit de leurs excès idéologiques, certains analystes d’extrême-droite ont eu un vue plus juste que beaucoup de leurs homologues de gauche. Ce qui a fait dire à un Claude Askolovitch, figure médiatique bien connue de la gauche française bien-pensante, au bord de la crise d’apoplexie, que la réalité confirmait sans doute cette fois-ci les positions de cette même extrême-droite…

 

Les réactions de la gauche (j’y reviens dans ce texte), qui vont du déni pur et simple, de l’euphémisation et de la banalisation, à l’invocation de la complexité des choses, à la dissolution des faits dans un cadre explicatif plus large qui en fait perdre le sens et au complotisme, furent hélas assez prévisibles. Il s’agissait, de l’aveu de plusieurs commentateurs et militants de gauche, de ne pas « faire le jeu » de l’extrême droite et de ne pas susciter, à l’encontre des migrants, des réactions racistes. Il fallait donc à tout prix que l’explication que l’on retienne de ces agressions ne fasse pas du tout référence à la culture ou à la religion de ceux qui les avaient perpétrées. Dans la plupart des cas, les analystes de la gauche antiraciste ne discutaient pas des événements en tant que tels, mais de l'instrumentalisation possible de ceux-ci par l’extrême-droite. Ils étaient donc moins intéressés par le réel que par ce qui n’était qu’une éventualité. C’est très révélateur. 

 

Nous avons donc eu droit, de la part des tenants de la gauche antiraciste et des féministes radicales, au silence radio, dans un premier temps, puis aux mises en garde répétées contre l’amalgame et la récupération par l’extrême-droite (en minimisant ainsi les agressions), et, enfin, une fois retombés sur leurs pieds, aux « explications » plus élaborées tendant à nier toute dimension culturelle, ethnique ou religieuse à ces incidents – à « normaliser », en définitive, le sens de ces événements.

Il faut bien le dire, les seuls qui, dès le début, ont pris la mesure des agressions de Cologne furent un certain nombre de commentateurs de droite (par exemple Élizabeth Lévy, Eugénie Bastié) ainsi que des représentants, plus rares ceux-là, d’une gauche éclairée (Laurent Bouvet, Éric Conan, par exemple) et d’un féminisme réaliste et modéré, soucieux de la laïcité.

Béante est apparue, à l’occasion de ces événements, la division au sein du camp féministe, entre celles qui mettent au premier plan la lutte pour les droits des femmes et les autres qui, sur le plan des priorités, mettent au premier plan l’antiracisme – quitte à reléguer au second plan la question féminine.  Pour ces dernières, « à l’ordre du jour, c’est l’immigré le nouveau damné de la terre. Dans la hiérarchie de l’exploitation, il est en haut. Pas question de lui disputer sa place ! », ainsi que le rappelle la féministe « old school » Anne Zelensky (Causeur, février 2016).

 

L’épreuve du réel

 

Silence initial donc, des intellectuels, des féministes radicales et de certains politiques, de gauche surtout mais aussi de la droite libérale et multiculturaliste. Silence, oui, sans doute en raison de la sidération provoquée par le caractère littéralement inouï, absolument imprévu (pour eux) de ces agressions, qui ne trouvaient aucune place dans le cadre mental qui est le leur. Car comment le migrant, cette figure sacralisée par la gauche multiculturaliste, aurait-il pu être la source de pareilles violences ? Bien ébréchée en vérité, cette intouchable, presque sainte figure du migrant. Jean-Luc Melenchon voit juste lorsqu’il dit (en le regrettant), que, « aujourd'hui, l'image du réfugié qui nous est proposée, de manière substitutive, c'est celle du violeur de Cologne ». La photographie du jeune migrant mort sur une plage a bien vite été remplacée, dans l’opinion publique, par les rares images que nous avons de la bacchanale de Cologne. En fait foi, dans les sondages d’opinion, la méfiance croissante, au sein de la population allemande, envers les réfugiés depuis ces tristes événements.

 

En vérité, il s’agit, pour la gauche, d’une dure confrontation avec le réel. « Aujourd’hui les féministes comme les progressistes sont face à l’épreuve du réel », a d’ailleurs souligné, lucide, l’auteur féministe Valérie Toranian. Ce réel, plusieurs décennies de construction idéologique de la part d’une certain gauche – morale, culturelle, sociétale, antiraciste, multiculturaliste, féministe – avaient fini par nous le masquer et par brouiller le regard de nos gouvernants.

 

Ce qui ne pouvait cette fois être récusé par la gauche, c’est l’effet de masse, la réalité du nombre de ces agressions. On peut toujours se voiler la face devant des cas isolés, qu'on pourra toujours présenter comme étant anecdotiques, purement individuels et non représentatifs. Mais on ne peut pas ignorer des attaques commises simultanément par des centaines d’hommes d’origine étrangère en un même lieu.

 

Avec les événements de Cologne, le réel est venu apporter  un démenti net, définitif, au politiquement correct, à l’idéologie, à la représentation enjolivée, donc mythifiée, que la gauche multiculturaliste se fait depuis depuis des décennies des rapports inter-ethniques et interreligieux.

 

Démentie l’idée que tout le mal, en Europe, viendrait de l’extrême-droite (Le Pen et cie) et des courants nationalistes. Plusieurs auraient d’ailleurs bien aimé pouvoir, suivant un réflexe commode, relier ces agressions à l’extrême-droite. Certains, cédant au complotisme, sont même allés jusqu’à suggérer que des néo-nazis auraient pu orchestrer, en sourdine, les attaques des migrants, afin de discréditer la politique d’ouverture à l’immigration de la chancelière Merkel. D’autres ont vu cette implication des réfugiés comme la suprême contrariété. Pour la féministe Caroline Fourest, c’est « Le pire des matchs. Les machistes du cru contre les sexistes fraîchement arrivés. » On aurait tant voulu que ce soit des « fachos ». Mais ce ne fut pas le cas. Si l’extrême-droite a réagi, et à sa manière habituelle,  brutale et sans nuance, aux événements, elle n’en est pas à l’origine. Ce n'est pas elle qui a créé cette sinistre réalité.

 

Autre baudruche idéologique qui s’est vidée de son air : l’idéal d’un monde sans frontières, où tout un chacun serait libre de se déplacer, sans jamais à avoir de rendre de compte à personne, surtout pas à un État dont la souveraineté est de plus en plus tournée en ridicule. Une vision rose bonbon des choses. Où l’accueil des migrants serait une fête puisque nous sommes entre gens de bonne volonté et tolérants. Où il suffirait, en somme, d’être accueillants pour qu’on nous en témoigne de la reconnaissance. Aux grand dam des belles âmes, lors des événements de Cologne, les migrants ont plutôt choisi de venir gâcher la fête… Comme l’écrit Élizabeth Lévy, « ce n’est pas seulement un visage du passé qui a surgi sous nos yeux effarés, c’est un visage de l’Autre (ce qui, il est vrai, est un peu la même chose). Mais pas l’Autre gentillet venu nous enrichir avec son folklore et ses petits plats qui deviendront bientôt les préférés des Français, pas l’Autre plus français que toi et moi qui trône en tête de la liste des gens sympas du JDD, non un Autre prédateur et hostile qui ne vit pas dans un monde où toutes les cultures se donnent la main. Cet Autre-là ne nous dit pas, comme les propagandismes du multiculturalisme heureux, ‘’à toi le string, à moi la burqa, vivons avec nos différences inch’Allah’’ : il pense que mon string signifie ‘’à prendre’’. » (Causeur, février 2016)

 

Peut-on parler de culture sans tomber dans le racisme ?

 

Un des pièges que nous impose les discours antiraciste et multiculturaliste, c’est de ramener toute discussion de la culture des agresseurs (leurs valeurs religieuses, leurs conceptions de la femme, leurs moeurs) à du racisme. Le climat de rectitude politique est tel aujourd’hui qu’ « on ne peut plus rien dire sur le machisme de certaines cultures sans être taxées de raciste ou de colonialiste. » Pour les antiracistes, évoquer ces questions, c’est forcément en arriver aux titanesques « chocs des civilisations » décrits par les Samuel Huntington, Bernard Lewis et consorts. Est-il nécessaire de pousser les choses aussi loin, de faire de ces agresseurs les représentants quasiment « officiels » de leur « civilisation »? A la rigueur, je parlerais, comme Finkielkraut, de « choc des civilisations au quotidien », en insistant sur le mot quotidien. Pourquoi ne pourrait-on pas admettre que ces incidents aient une dimension culturelle sans pour autant verser dans la généralisation abusive, qui est le propre du racisme?  Il faut refuser les termes du débat tels que les pose la gauche.

 

Car, quel que soit l’angle suivant lequel on examine la question, on se rend bien compte que la dimension culturelle ne peut être écartée. Il ne s’agit pas là de dire que TOUS les musulmans ou TOUS les Nords-Africains sont machistes ou sexistes. Bien sûr que non. Certains ont d’ailleurs fui leur pays d’origine pour échapper à l’emprise de cette vision des choses. Quelques-uns d’entre eux, parfois athées, ou féministes, ont laissé des écrits que nous devons lire. Mais on ne peut pas réduire les agressions de Cologne à une simple question de délinquance, comme plusieurs à gauche tentent de le faire. Ou les présenter comme l’expression de la revanche des damnés de la terre. Il y a bel et bien une dimension collective, qui est culturelle, qui est de l’ordre des mentalités, des mœurs et des traditions. En fait foi cette pratique des pogroms sexuels, que la police de Cologne et plusieurs analystes ont évoquée. L’affaire du Tahir, au Caire, en 2011, constitue à cet égard un précédent éclairant. « Des femmes ont été alors harcelées et agressées par des hommes qui voulaient simultanément les expulser de l’espace public et assouvir leur concupiscence. On a parlé alors de ‘’printemps arabe’’, mais l’hiver était déjà dans le fruit. » (Alain Finkielkraut, Causeur, février 2016) Ce qui est en jeu dans ces pratiques, c’est une autre manière de voir la femme, et sa place dans l’espace public, que nous n’acceptons pas en Occident. Et cela fait consensus, tant parmi la gauche qu’au sein de la droite.

 

S’il est une chose que peuvent nous apprendre les incidents de Cologne, c’est qu’à vouloir le bien à tout prix, de manière inconditionnelle, sans qu’une réflexion approfondie ait eu lieu, on se prépare pour l’avenir les pires désastres. La chancelière Angela Merkel a reconnu que le «multiculturalisme a totalement échoué parce qu'il conduit à des sociétés parallèles». Ce qui ne l’a pas pour autant fait changer sa politique migratoire. Peut-être sera-t-elle forcée de le faire, car le système européen, en cette matière semble céder de toutes parts. Et une part croissante de la population allemande se met à douter. Certes, le contrôle aux frontières nationales a été rétabli dans certains pays et des mesures fermes devraient être prises contre les migrants reconnus coupables d’actes criminels. Mais le déni de réalité existe toujours, et au plus haut échelon de l’Union européenne.

 

Je ne suis cependant pas certain que, sur le long terme, les choses changent réellement. Combien de phénomènes délétères, pour lesquels nous recevons pourtant une multitude de signaux, que ce soit la crise environnementale, la folie du système bancaire international ou  la croissance des inégalités, ne subissent, de la part de nos politiques, en dépit de leurs beaux discours, aucune inflexion véritable ? Je suis pour ma part plutôt pessimiste. J’ai bien l’impression que la fragmentation communautariste de nos sociétés risque de se poursuivre, que l’idéologie multiculturaliste (à ne pas confondre avec le respect réel de la diversité, dans le contexte d’une culture de référence) continuera d’étendre partout ses ramifications. Il est peut-être déjà trop tard pour infléchir le cours des choses. Mais peut-être me trompé-je?

 

 

 

 

ACTUALITÉ

 

 

 

QUI SONT LES 4 SOLDATS MORTS DANS L’ATTENTAT

AU CAMION-BELIER DE JERUSALEM

Times of Israel, 8 jan, 2017

 

 

uatre soldats tués dans une attaque terroriste de dimanche ont été identifiés comme étant le sous-lieutenant Yael Yekutiel (20 ans) originaire de Givatayim et élevée à titre posthume au rang de lieutenant, l’élève officier Shir Hajaj (22 ans) originaire de Maale Adumim et élevée à titre posthume au rang de lieutenant, l’élève officier Shira Tzur (20 ans) originaire de Haïfa et élevée à titre posthume au rang de sous-lieutenant et l’élève officier Erez Orbach (20 ans) originaire d’Alon Shvut, élevé à titre posthume au rang de sous-lieutenant.

 

Orbach, 20 ans, était l’aîné des six enfants d’Uri et Keren Orbach. Il a étudié à la yeshiva Neve Shmuel à Efrat, puis a continué ses études à la yeshiva Maalot. Bien qu’il ait été exempté de service militaire, il a choisi de servir et de faire du bénévolat. Il était un cadet dans l’école de formation des officiers. Les funérailles d’Orbach auront lieu lundi matin à 11 heures.

 

Seize autres personnes ont été blessées, dont deux d’entre elles grièvement, lors de l’attaque qui a eu lieu alors qu’un groupe de soldats descendait d’un bus à la promenade d’Armon Hanatsiv, un endroit touristique populaire dans le sud de Jérusalem, lorsque Fadi al-Qunbar a foncé sur le groupe avec un gros camion.

 

Le terroriste avait accéléré en se dirigeant vers le groupe. Après avoir frappé les soldats, il fit une marche arrière avec le véhicule pour pouvoir leur foncer dessus encore une fois. Le terroriste a été abattu par des soldats et un guide touristique civil, a indiqué la police. Il a succombé à ses blessures. Neuf personnes ont été arrêtées dont cinq de la famille de l’assaillant pour être entendues, a ajouté la police.

 

« Je pleure la perte de nos quatre soldats qui ont été assassinés aujourd’hui lors de l’attentat terroriste perpétré à Jérusalem. Au nom de tout le peuple d’Israël, je présente mes plus sincères condoléances à leurs familles et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. En outre, je salue Eitan Rond [le guide qui accompagnait les soldats et qui a émis l’hypothèse que les soldats avaient hésité avant de tirer sur le terroriste – en raison, selon lui, d’un effet « Elor Azaria« ] et nos soldats qui ont tiré et neutralisé le terroriste avant qu’il ne fasse un plus grand désastre. Puisse la mémoire de nos soldats être bénie, » a écrit Benjamin Netanyahu sur sa page Facebook.

 

Fawzi Barhum, un porte-parole du groupe terroriste palestinien du Hamas, a salué l’attaque contre les soldats comme un acte « héroïque ». « Il n’y a rien d’héroïque à de tels actes », a rétorqué le coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix, Nikolay Mladenov. Le président français François Hollande a lui aussi condamné « l’odieux attentat qui s’est produit à Jérusalem ». De même que son Premier ministre, Bernard Cazeneuve.

 

 

 

UNE SOLDATE BLESSÉE DANS L’ATTAQUE DE JÉRUSALEM

TOUJOURS ENTRE LA VIE ET LA MORT

Times of Israel, 9 jan., 2016

 

 

Une soldate israélienne blessée par une attaque terroriste mortelle est toujours dans le coma lundi matin, mais les médecins ont réussi à partiellement stabiliser son état de santé, a déclaré un médecin de son hôpital.

 

La soldate, dont le nom n’a pas été rendu public, est toujours entre la vie et la mort, mais son état de santé commence à s’améliorer, a déclaré le Dr Ofer Marin, chef du service des traumatismes de l’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem.

 

Elle est l’une des seize blessés de l’attaque de dimanche. Un chauffeur a renversé avec son camion un groupe de soldats sur une promenade populaire de la capitale. Quatre personnes ont été tuées : trois cadets de l’école d’officiers et un lieutenant.

 

Marin a déclaré que la soldate, grièvement blessée, était sous sédation et respirait sous assistance artificielle. Elle devra subir plusieurs opérations supplémentaires avant que son état ne se stabilise. Il a ajouté qu’elle souffrait de multiples blessures internes.

 

Aucune autre victime n’est dans un état si grave, et au moins quatre soldats sont sortis de l’hôpital pendant la nuit, a déclaré l’hôpital.

 

L’état de santé d’un autre soldat grièvement blessé dimanche est maintenant stabilisé suite à une opération réalisée en urgence, a déclaré un porte-parole de l’hôpital Hadassah Ein Kerem de Jérusalem, ajoutant qu’il était totalement conscient. Trois autres soldats sont toujours hospitalisés à Ein Kerem, l’un dans un état plus ou moins grave, et les deux autres légèrement blessés.

 

Tous trois continuent à recevoir des soins, a déclaré le porte-parole. Les quatre soldats qui ont été tués, le lieutenant Yael Yekutiel, 20 ans, de Givatayim, le cadet Shir Hajaj, 22 ans, de Maale Adumim, le cadet Shira Tzur, 20 ans, de Haïfa, et le cadet Erez Orbach, 20 ans, d’Alon Shvut, seront enterrés lundi.

 

 

 

NETANYAHU SALUE LE VOTE DES REPRÉSENTANTS AMÉRICAINS SUR LES IMPLANTATIONS

Times of Israel, jan. 6, 2016

 

 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué vendredi le vote par la Chambre des représentants américaine d’un texte condamnant la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU contre la construction d’implantations dans les Territoires palestiniens.

 

« Après la scandaleuse résolution anti-israélienne aux Nations unies, la Chambre des représentants américains a exprimé de manière retentissante son soutien à Israël et son rejet de cette résolution unilatérale », a dit M. Netanyahu dans un communiqué.

 

Jeudi, la Chambre des représentants a adopté jeudi à une large majorité un texte, qui n’a pas force de loi, réclamant le retrait de la résolution de l’ONU approuvée le 23 décembre. La résolution de l’ONU, la première depuis 1979 à condamner Israël pour sa politique de construction d’implantations, a provoqué la colère d’Israël.

 

Son adoption en a été rendue possible par la décision de l’administration de Barack Obama de rompre avec le soutien historique des Etats-Unis à leur allié israélien au Conseil de sécurité et de ne pas opposer le veto américain au texte, mais de s’abstenir.

 

Avant la passation de pouvoirs le 20 janvier à Washington, le choix de l’administration Obama a constitué un nouveau point d’orgue à des années de tensions avec le gouvernement israélien.

 

M. Netanyahu a enfoncé un coin entre le Congrès et l’administration sortante en voyant dans le vote de la Chambre des représentants le reflet de « l’immense soutien dont jouit Israël auprès du peuple américain ». Le texte de la Chambre des représentants a été approuvé de manière quasiment unanime par la majorité républicaine, et par une majorité de l’opposition démocrate.

 

 

NOUVELLE LIGNE AÉRIENNE MONTRÉAL/TEL-AVIV DÈS CET ÉTÉ

Times of Israel, 11 jan., 2017

 

 

a compagnie aérienne Air Transat va inaugurer une nouvelle liaison aérienne vers l’Orient : cette ligne, qui ouvrira cet été, reliera l’aéroport de Montréal-Pierre Elliott Trudeau à celui de Tel Aviv-Ben Gurion.

 

Selon Air Journal, site dédié à l’actualité de l’industrie aérienne, « les départs sont programmés mercredi et dimanche à 14h pour arriver le lendemain à 8h, les retours quittant Israël lundi et jeudi à 10h pour atterrir à 15h40 ».

 

Air Transat proposera le seul itinéraire direct sur cette route, les autres vols ralliant Tel Aviv partant de Toronto. La ligne sera saisonnière et reliera les deux villes du 18 juin à fin octobre. Tel Aviv devient « la toute première destination d’Air Transat au Proche-Orient », souligne dans un communiqué Annick Guérard, repris par Air Info, la présidente et directrice générale de Transat Tours Canada.

 

Elle précise : « la demande était forte pour un vol direct entre Montréal et Tel Aviv, tant pour les voyageurs qui visitent leur famille et leurs amis dans les deux métropoles que pour ceux avides de découvertes »

 

 

6 START-UPS ISRAÉLIENNES QUI VEULENT CHANGER VOTRE VIE DU QUOTIDIEN

Ben Sales

Times of Israel, 6 jan., 2017

 

 

Comme tout militant pro-israélien vous le dira, les innovateurs de l’État juif ont inventé des produits et des technologies que vous utilisez tout le temps : de la technologie pour messagerie instantanée à Waze, l’application pour circuler plus facilement.

 

La scène technologique israélienne connaît un essor spectaculaire, avec environ 5 000 start-ups à travers le pays. Près de 1 500 d’entre elles sont à Tel-Aviv seul – soit une start-up pour 300 habitants de la ville, le ratio le plus élevé au monde.

 

Une nouvelle vague d’entreprises israéliennes est en train d’inventer des technologies pour améliorer la vie quotidienne, et 16 de ces innovations sont à Las Vegas cette semaine pour présenter leur création au Salon de l’électronique grand public, l’un des salons les plus réputés au monde pour la technologie de premier plan et qui attire plus de 150 000 personnes.

 

De la technologie pour éviter de se tenir courbé à un dispositif qui transforme n’importe quelle surface en écran tactile, voici six remarquables innovations israéliennes participant au spectacle.

 

C’est un produit parfait pour les mères juives : un dispositif portable qui vous permet de rester droit. Selon Upright Technologies, l’habitude de maintenir une mauvaise posture peut commencer dès l’âge de 12 ans. Et notre vie actuelle où nous somme assis et où nous regardons les écrans toute la journée est une mauvaise chose pour notre dos et ce mode de vie peut être difficile à éviter.

 

Upright vise à résoudre le problème avec un petit appareil blanc qui ressemble à une balle avec un morceau de sashimi sur le dessus. Placez le « sashimi » – qui est en réalité un capteur – sur le bas du dos et connectez-le à votre téléphone. Il vibrera doucement chaque fois que vous vous recourbez trop. L’application guide également les utilisateurs à travers un programme pour les amener à prendre l’habitude d’avoir une bonne posture.

 

Lexifone : Effacer la barrière de la langue

 

Dans une économie mondiale, ne pas maîtriser l’anglais ou une autre langue commune peut s’avérer être un obstacle pour faire des affaires. Lexifone est une application qui a pour but de résoudre le problème en rendant la section « langues » de votre CV tout sauf pertinente.

 

La fonction de Lexifone est simple : elle traduit instantanément tout ce que vous dites dans la langue de votre interlocuteur, et vice versa. Donc, si vous êtes en communication avec un associé à Rome, vous n’aurez pas besoin de savoir autre chose que « ciao ». (En fait, vous n’avez même pas besoin de savoir cela). Il est facile de comprendre pourquoi ce serait particulièrement utile en Israël, un pays avec une langue maternelle unique que peu d’autres parlent. Lexifone travaille en 15 langues, en passant de l’arabe au taiwanais mandarin.

 

GreenIQ et Sensibo : Rendre votre maison plus efficace

 

L’une des innovations israéliennes les plus répandues est l’irrigation au goutte-à-goutte, une technologie qui permet d’économiser de l’eau en la faisant goutter dans le sol à partir de minuscules trous dans un tuyau plutôt que d’un gicleur.

 

GreenIQ vise à améliorer l’efficacité d’arrosage dans les maisons privées avec un produit appelé Smart Garden Hub. Il adapte votre système d’arrosage à la prévision météorologique. De cette façon, il peut augmenter le volume d’eau les jours chauds et secs, mais couper le système quand il pleut déjà.

 

Sensibo, une autre société, travaille à rendre les climatiseurs plus efficaces. C’est un petit disque que vous collez sur n’importe quel climatiseur ou chauffage contrôlé avec une télécommande : tant que l’appareil est en mode automatique, il va chauffer votre maison avant de vous réveiller ou de le refroidir avant que vous ne rentriez du travail. Comme beaucoup de dispositifs intelligents, une application téléphonique le contrôle. Sensibo affirme qu’il peut réduire la consommation d’énergie du climatiseur de 40 %.

 

Bird : Transformer n’importe quelle surface en un écran tactile

 

Fatigué d’être collé à votre téléphone, tablette ou ordinateur ? Essayez Bird. C’est un dispositif portatif – un peu comme un sushi en apparence – qui s’adapte au bout de votre doigt et transforme toute surface en un écran tactile – les tables, les murs, ou tout autre surface.

 

Fabriqué par la start-up MUV Interactive, il permet aux utilisateurs de déplacer des objets et de cliquer sur les icônes simplement avec le toucher. Dans la vidéo, par exemple, un enfant joue à un jeu vidéo qui est projeté sur les murs d’un salon.

 

HearPhones : Rendre les aides auditives à la mode et faciles

 

Quand les gens vieillissent, pour la plupart d’entre eux, il y a aussi une perte d’audition qui se produit – pourtant Alango Technologies indique que seulement 15 % de ceux qui souffrent de perte auditive utilisent des prothèses auditives. Pourquoi ? Parce qu’ils sont souvent compliqués à utiliser et ne sont pas particulièrement efficaces.

 

Ainsi, Alango a développé HearPhones, une technologie d’aide auditive qui peut être intégrée à une paire d’écouteurs.

 

C’est un ensemble Bluetooth ou tout autre dispositif externe que les gens portent souvent sur leurs oreilles. En fusionnant les prothèses auditives avec les appareils quotidiens, Alango les rend plus faciles à gérer (à partir d’une application sur votre téléphone). Les Facteurs de bonus : la technologie HearPhones permet également à l’appareil de devenir un casque Bluetooth ou de ralentir un discours rapide pour le rendre plus facile à comprendre.

 

Shabbat Shalom!

 

 

 

 

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