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DURE SEMAINE À LA FRONTIÈRE GAZAOUÏE QUI AURA PEUT-ÊTRE RAISON DU GOUVERNEMENT

LES ISRAÉLIENS CRITIQUENT NETANYAHU MAIS

VEULENT QU’IL RÈGLE LE PROBLÈME DE GAZA

David Horovitz

Times of Israel, 15 juin, 2018

Avec la démission du ministre de la Défense Avigdor Liberman, Benjamin Netanyahu occupe désormais les trois postes les plus élevés du gouvernement israélien : Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense.

La façon dont Liberman aurait décrit la gouvernance d’Israël à ses collègues au cours des dernières 24 heures, cependant, est que les décisions les plus cruciales d’Israël sont depuis longtemps celles de Netanyahu et Netanyahu seul, le Premier ministre garantissant automatiquement une majorité dans ce qui est censé être le principal organe décisionnel, le conseil des 12 membres du gouvernement chargé de la sécurité du pays.

« Tout n’est qu’un tour de passe-passe », se serait plaint Liberman à des collègues non cités, selon Hadashot TV dans la nuit de mercredi. « Nous siégeons au cabinet, ou nous menons des consultations de sécurité, et les décisions sont prises ». Mais il n’y a pas de véritable débat, et il est impossible que des propositions qui diffèrent de celles de Netanyahu puissent être approuvées », a-t-il indiqué.

Lors de la réunion du cabinet de sécurité de mardi, qui a duré 7 heures, M. Liberman aurait dit qu’une chose remarquable s’était produite : Naftali Bennett, qui cherche maintenant à succéder à Liberman en tant que ministre de la Défense, a « soutenu ma proposition » – qui était apparemment qu’Israël n’accepte pas un cessez-le-feu, mais continue plutôt à viser les groupes terroristes à Gaza. « Mais nous n’avons pas demandé de vote parce qu’il n’y avait pas de majorité pour nous… Toute la bande, Kahlon, Gallant, Erdan et Katz, tous alignés avec Bibi. »

En se défendant, les collaborateurs de Netanyahu ont été cités dans la même émission comme affirmant que la décision du Premier ministre de mettre fin à l’escalade des combats qui durait depuis 48 heures était convaincante car il avançait des arguments « extrêmement concrets » en faveur « de la nécessité d’un calme immédiat à ce stade ». Alors que l’“irresponsable” Liberman « se comportait comme un politicien » en quittant son poste super sensible, pour mieux se positionner en vue des prochaines élections. Netanyahu et la majorité ministérielle, ces collaborateurs non identifiés, ont dit avoir « fait un choix politique ».

Quel que soit le narratif que vous choisissez de croire, ils soulignent tous deux la position incontestée de Netanyahu aux commandes de l’Etat d’Israël. Et un sondage instantané réalisé par Hadashot, immédiatement après l’annonce de la démission de M. Liberman, indique à peu près la même chose.

Mercredi a été l’un des jours politiques les plus sombres pour Netanyahu – le Premier ministre de droite, abandonné par son ministre de la Défense Liberman, plus à droite, défié par Bennett, son partenaire encore plus à droite, pour ne pas avoir assez longtemps ou durement frappé le Hamas. Le Hamas se réjouit de sa prétendue victoire. Et des centaines d’Israéliens dans le sud manifestent dans les rues, certains scandant « Bibi, rentre chez toi » et déclarent qu’ils ont définitivement perdu confiance en lui.

Pourtant, l’enquête télévisée, pour laquelle aucune marge d’erreur ne fut au départ disponible, a montré que le Likud de Netanyahu, qui détient 30 sièges à la Knesset actuelle, a perdu un seul de ses sièges, passant à 29. Il lui resterait donc encore 11 sièges de plus que son plus proche rival, Yair Lapid du parti Yesh Atid avec ses 18 sièges, et toujours le mieux placé pour former la prochaine coalition.

Liberman, dont Yisrael Beytenu détient actuellement cinq sièges, n’a augmenté que de deux sièges pour passer à sept, alors que le ministre sortant de la Défense aurait dû être tout en haut de l’affiche. Le parti HaBayit HaYehudi de Bennett est en hausse, mais de seulement trois sièges, passant de huit actuellement à 11.

Avec le départ de Liberman, Netanyahu fait face à un dilemme aigu : capituler devant l’ultimatum de Bennett et le nommer ministre de la Défense, ou encore convoquer des élections.

Il est beaucoup trop habile et expérimenté en politique pour se reposer sur ses lauriers, même en ce qui concerne les chiffres peu fiables des sondages instantanés ou les protestations de centaines d’Israéliens en colère. La même enquête a révélé que 74 % des Israéliens étaient insatisfaits (contre 17 % satisfaits) de la manière dont il avait géré la dernière crise à Gaza. Mais il sait que sa position reste extrêmement forte et qu’il n’y a actuellement aucun politicien qui représente une menace crédible pour lui.

Il est peut-être un peu plus préoccupé par une deuxième question posée par les sondeurs, qui portait sur la façon dont les Israéliens voteraient si l’ancien chef de cabinet Benny Gantz entrait en politique à la tête d’un nouveau parti, comme on le suppose de plus en plus.

Le parti inexistant de Gantz remporterait 15 sièges, selon l’enquête, et ramènerait le Likud à 24, une chute très inquiétante. Mais les anciens chefs d’état-major sont régulièrement très populaires avant d’entrer en politique, et invariablement beaucoup moins dès qu’ils commencent à faire des discours politiques.

Ce qui compte vraiment pour Israël et pour les Israéliens, alors que deux jours de quasi-guerre ont fait place mercredi à des démissions politiques, des revendications et des controverses, est de déterminer si Netanyahu a réellement de bonnes et concrètes raisons pour avoir statué tard mardi après-midi que nous avions plus à perdre qu’à gagner en poursuivant ce conflit.

Dans ce contexte, il convient de noter que, de l’avis général, l’appareil de sécurité n’a pas fait pression énergiquement en faveur d’une opération plus vaste à Gaza.

La réalité quotidienne est de plus en plus difficile pour le sud d’Israël, le Hamas étant non seulement prêt et capable, mais aussi manifestement disposé à faire pleuvoir des roquettes et à forcer un grand nombre d’Israéliens à s’abriter dans des abris anti-aériens au moment de leur choix. Et de ponctuer ses attaques par de plus petits tirs de roquettes, d’importantes émeutes sur la frontière et des incendies criminels dans les villes, les villages et les champs du sud.

Si le Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense trouve un moyen de changer cette sinistre réalité, il n’aura rien à craindre sur le plan politique.

Ils ne sont peut-être pas très contents de Netanyahu en ce moment, mais c’est toujours vers lui que les Israéliens se tournent pour trouver une solution pour Gaza. La nature de cette solution, après une nouvelle série de violences douloureuses et infructueuses avec les terroristes de Gaza, reste cependant aussi difficile à discerner que jamais.

 

 

L’AP FURIEUSE FACE À L’ENTRÉE DES LIQUIDITÉS DU « GANGSTER » QATARI À GAZA

Times of Israel, 11 nov., 2018

De longues files de Palestiniens se sont formées vendredi à Gaza pour toucher des arriérés de salaire ou des aides financés par le Qatar, dans un nouvel effort visant à dissiper les tensions dans et autour du territoire soumis à d’importantes restrictions. L’Autorité palestinienne a pour sa part critiqué l’envoyé – qui a amené l’argent dans des valises – le qualifiant de « gangster » et de « trafiquant ».

Au total, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six mensualités de 15 millions, selon les autorités, principalement pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du groupe terroriste islamiste au pouvoir dans l’enclave.

Des dizaines de Palestiniens se sont en effet pressés dans la matinée devant les guichets des bureaux de poste, exceptionnellement ouverts vendredi et samedi, exhibant ensuite plusieurs billets de cent dollars après plusieurs mois de paiements sporadiques des salaires dans la bande assiégée.

« Je suis venu chercher 400 dollars, au titre de mon salaire de juillet », dit Fadi Abou Safia, fonctionnaire de 35 ans, au principal bureau de poste de Gaza City.

Mohamed Abed al-Hadi, 27 ans, est venu, lui, collecter 700 shekels versés aux Palestiniens blessés dans les violences des derniers mois, « une belle somme au vu des conditions dans lesquelles nous vivons ».

Depuis des mois, des dizaines de milliers de fonctionnaires ne sont plus payés que sporadiquement, ajoutant aux tensions dans l’enclave palestinienne éprouvée par les guerres, les restrictions israéliennes et égyptiennes, la pauvreté et les pénuries.

L’argent est entré dans l’enclave palestinienne via Israël dans la soirée de jeudi, amené par l’envoyé du Qatar à Gaza, Mohammad al-Emadi, selon une source gouvernementale dans la bande.

Le Qatar a également fait savoir qu’il verserait 100 dollars à chacune des 50 000 familles pauvres de Gaza, ainsi que des sommes plus importantes aux Palestiniens blessés dans des affrontements le long de la frontière avec Israël.

Cette opération de transfert de fonds autorisée par Israël entrerait dans le cadre d’un accord qui verrait le Hamas, à court de liquidités, mettre un terme à des mois de manifestations violentes à la frontière e échange d’un allègement d’une partie du blocus imposé par Israël à Gaza.

Israël et l’Egypte ont largement fermé leurs frontières avec Gaza après que le Hamas, un groupe terroriste islamiste violent qui cherche à détruire Israël, a pris le contrôle de l’enclave, qui se trouvait alors aux mains de l’Autorité palestinienne, lors d’un coup d’Etat. Les deux pays affirment qu’il est nécessaire d’empêcher le trafic d’armes vers et depuis la bande.

Malgré l’accord, il y a encore eu des manifestations vendredi le long de la frontière, même si elles ont été plus modestes que ces dernières semaines.

Des centaines de Palestiniens se sont rassemblés en différents points, mais pour la majorité à relative distance de la barrière gardée par les snipers israéliens, et les affrontements ont été limités, ont constaté des journalistes de l’AFP et des témoins.

Singulièrement, un convoi diplomatique qatari approchant les manifestants à l’est de la ville de Gaza a essuyé des jets de pierres et a rapidement rebroussé chemin.

Selon des informations, les Palestiniens ont également lancé des dispositifs explosifs aux soldats israéliens et deux hommes ont tenté d’ouvrir une brèche dans la frontière. L’armée a répond par des gaz lacrymogènes et des moyens de dispersion d’émeutes. Le mouvement de protestation a fait, du côté palestinien, au moins un mort et 37 blessés, a annoncé le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

L’entreprise d’apaisement fait grincer des dents de part et d’autre, notamment du côté de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas.

Ahmed Majdalani, haut-responsable de l’Organisation de libération de la Palestine, en Cisjordanie, s’est fait l’écho de cette colère.

Ce qu’a fait l’ambassadeur du Qatar, « trafiquant de l’argent » à Gaza dans des valises, s’apparente à des « agissements de gangster », a dit Ahmed Majdalani à l’AFP.

« L’OLP n’a pas souscrit à l’accord qui a aidé au transfert de cet argent au bénéfice du Hamas de cette façon », a-t-il ajouté.

Interlocutrice palestinienne historiquement reconnue de la communauté internationale, l’Autorité se juge court-circuitée et redoute une reconnaissance de fait et la pérennisation du contrôle du Hamas sur Gaza.

Un tel accord ne peut que nuire aux initiatives égyptiennes de réconciliation entre le Hamas et l’AP et il est susceptible d’aider le groupe terroriste à consolider son contrôle sur Gaza, a déploré Majdalani.

Même si Israël a donné son feu vert à l’entrée des fonds au sein de l’enclave côtière, le ministre de la Défense, Avigdor Liberman, a lui aussi critiqué cette initiative.

« C’est une capitulation devant le terrorisme et en effet, Israël achète un calme à court-terme avec de l’argent tout en sapant gravement la sécurité à long-terme », a-t-il commenté, des propos repris vendredi par le Yediot Aharonot.

Dans un autre accord approuvé par Israël, le Qatar a commencé à acheter du carburant supplémentaire à destination de la seule centrale électrique de Gaza, permettant une réduction de la pénurie à un niveau jamais connu au cours de ces dernières années.

L’Egypte et les Nations Unies mènent des négociations indirectes pour conclure une trêve à long-terme entre le Hamas et Israël. Le groupe terroriste a combattu trois guerres contre l’Etat juif depuis 2008.

Faisant la tournée des manifestations qui ont eu lieu vendredi, le leader du Hamas, Yahya Sinwar, a nié qu’un accord avait été passé avec Israël mais il a indiqué que le groupe oeuvrait avec l’ONU, l’Egypte et le Qatar à mettre un terme au blocus.

Des affrontements meurtriers ont accompagné le mouvement de protestation majeur le long de la frontière entre Israël et Gaza qui a commencé le 30 mars, faisant naître par moment la crainte d’une nouvelle guerre ouverte entre l’Etat juif et le Hamas.

Israël accuse le Hamas, qui a juré la destruction d’Israël, d’avoir orchestré les manifestations et de les utiliser comme couverture pour commettre des attentats contre les soldats stationnés à la frontière.

 

 

UN ACCORD DE CESSEZ-LE-FEU A ÉTÉ CONCLU ENTRE

ISRAËL ET GAZA, RETOUR À LA NORMALE

I24, 13 nov., 2018

Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Israël et les factions palestiniennes à Gaza, mardi après-midi, sous l’égide de l’Egypte.

“Les efforts de l’Egypte ont permis d’aboutir à un cessez-le-feu (…) et la résistance le respectera aussi longtemps que l’ennemi sioniste le respectera”, ont annoncé dans l’après-midi les factions palestiniennes dans un communiqué conjoint.

Alors qu’Israël avait indiqué suspendre ses pourparlers avec la médiation égyptienne et l’ONU sur un accord de trêve avec le Hamas, la délégation egypto-onusienne a indiqué qu’elle se rendrait dans la bande de Gaza et dans l’Etat hébreu mercredi.

En Egypte, intermédiaire historique à Gaza, le ministère des Affaires étrangères a appelé Israël, dans un communiqué après cette annonce, à “cesser immédiatement toutes les formes d’actions militaires”.

Selon une source diplomatique ayant eu connaissance de l’accord, Israël et le Hamas se sont engagés à retourner “aux dispositions de l’accord de 2014”, après la guerre meurtrière qui les avait opposés durant l’été de cette année-là.

Cette source a cependant souligné que la situation restait “très précaire” et pouvait exploser “de nouveau”.

Les habitants du sud du pays ont protesté mardi soir contre l’accord de cessez-le-feu.

Tout au long de la journée de mardi, les tirs de roquettes palestiniennes et les frappes israéliennes de représailles se sont poursuivis sans interruption.

Israël a riposté à l’envoi de plus de 460 roquettes et frappé plus de 160 positions terroristes dans l’enclave côtière, a annoncé l’armée.

Des dizaines de milliers d’habitants des localités du sud d’Israël ont passé la nuit de lundi à mardi au rythme ininterrompu des sirènes les précipitant vers les abris ou les y maintenant.

Des dizaines d’Israéliens ont été légèrement blessés, essentiellement par des éclats, ont rapporté les secours.

La plupart des roquettes envoyées depuis la bande de Gaza sont tombées dans des zones inhabitées, a indiqué l’armée. Cependant, plusieurs bâtiments ont été directement touchés, dont l’un à Ashkelon.

Peu après l’annonce du cessez-le-feu, le Koweït et la Bolivie ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU mardi pour discuter des violences, selon des diplomates.

 

LE HAMAS NE CHANGERA JAMAIS. IL FAUDRA

LE VAINCRE, TÔT OU TARD

David Horovitz

Times of Israel, 12 nov., 2018

En l’espace de deux heures, depuis 16h30, lundi après-midi, le Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza ont tiré plus de 200 roquettes sur le sud d’Israël.

La salve a été si intense qu’il a fallu attendre de longues minutes avant qu’un jeune soldat israélien, âgé de 19 ans et grièvement blessé par un missile anti-char tiré sur un bus près de la frontière, puisse être évacué en toute sécurité vers un hôpital.

À la tombée de la nuit, les tirs de roquettes ont continué – et ont pénétré plus loin sur le territoire israélien. Les sirènes d’alarme ont retenti à Ashkelon; une maison a été touchée de plein fouet. Le maire de Beer Sheva a ordonné l’ouverture des abris anti-bombes de la ville au moment où des roquettes ont commencé à tomber près de sa municipalité. Dans la ville frontalière de Sdérot, prise pour cible elle aussi comme si souvent par le passé, un habitant s’est plaint lundi après-midi dans une interview à la radio militaire : “C’est une vraie zone de guerre ici.”

L’incident à l’origine de cette dernière escalade s’est produit tard dans la journée de dimanche. Une unité des forces spéciales de l’armée israélienne participant à une opération d’infiltration à Gaza (dont les détails restent sous censure militaire) a apparemment été repérée et attaquée. Un officier supérieur israélien a été tué; ainsi que sept membres du Hamas et d’autres groupes terroristes.

Immédiatement après cet incident, le Hamas a tiré plusieurs roquettes sur Israël, dont certaines ont été interceptées par le système de défense antimissile Dôme de fer. Mais l’espoir d’une fin des tensions a été brisé par la pluie de roquettes tirées par les terroristes de Gaza depuis lundi après-midi.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a sans nul doute cherché à éviter que cela ne dégénère en conflit plus profond, comme en 2014. Les autorités sécuritaires israéliennes ont également fait des efforts pour éviter une nouvelle série de combats. Israël a même autorisé le transfert vers Gaza de 15 millions de dollars en espèces en provenance du Qatar au cours du week-end pour soulager la pression économique sur l’enclave. Une décision prise en toute connaissance de cause : l’afflux de ces fonds pouvait permettre au Hamas de libérer d’autres ressources afin de se consacrer à son objectif premier – détruire Israël.

Depuis sa féroce prise de pouvoir à Gaza en 2007, le Hamas, un groupe terroriste islamiste, a consacré toutes ses ressources à la construction de roquettes, au creusement de tunnels et à la préparation de ballons et d’autres dispositifs incendiaires utilisables contre Israël. Depuis huit mois, il encourage par ailleurs les émeutes violentes de la “Marche du retour” à la frontière avec Israël. Des heurts qui permettent aux émeutiers de poser des bombes près de la clôture, et parfois, de franchir la frontière. Le but de ce mouvement est dans son nom : le Hamas veut pousser des millions de Palestiniens à un “retour” en Israël, afin d’écraser le seul État à majorité juive dans le monde.

Israël, il faut le répéter, ne dispose d’aucune présence militaire dans la bande de Gaza, une zone prise à l’Égypte lors de la Guerre de 1967. L’armée israélienne a quitté Gaza et déraciné les 7 à 8 000 civils juifs qui y vivaient dans des implantations en 2005. Mais une bande de Gaza exempte de juifs ne suffit pas au Hamas. Il veut toutes les terres de la mer Méditerranée au Jourdain.

Les émeutes, les tunnels et les tirs de roquettes s’apparentent à du chantage. Le Hamas promet que si Israël ne met pas fin au blocus sécuritaire qu’il maintient à Gaza, les Israéliens devront continuer à subir des attaques à la roquette et au mortier, à craindre la menace de tunnels terroristes transfrontaliers, à redouter les ballons incendiaires qui brûlent leurs champs.

Mais si Israël lève le blocus sécuritaire, le Hamas en profitera pour importer davantage d’armes afin de causer encore plus de dégâts. Nécessairement.

Malgré des affrontements réguliers depuis la guerre de 2014, Israël s’est efforcé d’éviter les pertes humaines et les dégâts qu’un conflit plus important aurait causés.

Israël sait aussi que “vaincre le Hamas” peut sembler simple, mais est en réalité extrêmement complexe. Le défi militaire est profond, bien qu’il ne soit absolument pas impossible à relever pour les forces militaires israéliennes. Mais Israël ne veut pas reconquérir Gaza et devenir responsable de deux millions de Palestiniens hostiles.

Pourtant, le Hamas ne s’arrêtera pas et ne changera pas.

Tôt ou tard, il devra être vaincu. Dans la bataille entre un État souverain qui est obligé d’assurer la sécurité de ses citoyens et une organisation terroriste cynique et impitoyable, soutenue par l’Iran et vouée à la destruction d’Israël, il ne peut et ne doit y avoir qu’un seul gagnant.

 

Actualité 

 

JUIFS REFOULÉS EN 1939: TRUDEAU PRÉSENTE DES EXCUSES OFFICIELLES

Le Soleil, 7 nov., 2018

«En 1939, le Canada a refusé 907 réfugiés juifs perçus comme indignes d’avoir un foyer ou notre aide, a-t-il dit aux Communes dans une déclaration solennelle. Je présente en direct les excuses officielles du gouvernement du Canada aux passagers du MS Saint-Louis et à leur famille pour cette injustice.»

Le MS Saint-Louis avait quitté l’Allemagne avec plus de 900 juifs qui fuyaient le régime nazi, dans l’espoir de trouver refuge à Cuba, d’abord, puis aux États-Unis, mais ces deux pays ont refusé d’accueillir le navire dans leurs ports. Alors que le paquebot s’approchait de Halifax, des Canadiens ont tenté de convaincre le gouvernement libéral de Mackenzie King d’accepter leur demande d’asile; les responsables fédéraux ont refusé.

Quatre pays d’Europe – le Royaume-Uni, la Belgique, la France et les Pays-Bas – ont finalement accepté de les accueillir, et la plupart des passagers se sont dispersés sur le continent. Mais l’année suivante, lorsque les nazis ont envahi la Belgique, la France et les Pays-Bas, 254 des passagers du MS Saint-Louis ont été tués.

Près de 80 ans plus tard, le premier ministre Trudeau a offert «des excuses attendues depuis trop longtemps aux réfugiés juifs que le Canada a refusés».

«Alors que nous nous battions pour la démocratie à l’étranger, nous étions en train d’abandonner les victimes d’Hitler chez nous, a-t-il dit. Ce que nous étions prêts à faire là-bas, nous n’étions pas prêts à le faire chez nous.

«J’espère sincèrement qu’en présentant ces excuses, nous pourrons mettre en lumière ce douloureux chapitre de notre histoire et nous assurer de ne jamais oublier ses leçons, a souhaité le premier ministre. L’antisémitisme, la xénophobie et la haine n’ont pas leur place dans notre pays ni ailleurs dans le monde.

«Nous devrions avoir honte de l’histoire du Saint-Louis et du mauvais traitement qu’ont subi les juifs avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, a soutenu M. Trudeau. Lorsque le Canada a choisi de tourner le dos aux réfugiés il y a plus de 70 ans, le gouvernement n’a pas seulement omis d’aider les plus vulnérables : il nous a tous nui.

«Il y a plus de 70 ans, le Canada vous a tourné le dos. Mais aujourd’hui, les Canadiens font le serment que maintenant et pour toujours : «Plus jamais»», a conclu le premier ministre en s’adressant à la communauté juive.

Il y aura 80 ans en fin de semaine, les nazis amorçaient un peu partout en Allemagne la tristement célèbre «nuit de cristal», un vaste «pogrom» contre les juifs qui est considéré comme précurseur de la Shoah. Selon M. Trudeau, de tous les pays alliés, c’est le Canada qui a accueilli le moins de juifs entre 1933 et 1945. Et parmi ceux qui ont été admis au Canada, quelque 7000 ont été détenus comme prisonniers de guerre, aux côtés d’Allemands capturés sur les champs de bataille, a déclaré le premier ministre.

Judith Steel se souvient qu’elle tenait la main de son père lorsqu’elle a senti quelqu’un d’autre lui prendre la main; ce geste l’a sauvée du train qui conduira le lendemain ses parents dans le camp de concentration nazi d’Auschwitz, où ils sont morts. C’est précisément ce cruel destin que ses parents espéraient éviter lorsqu’ils avaient embarqué sur le Saint-Louis en 1939. Présente à Ottawa mercredi, Judith Steel a estimé que ces excuses «enlèveront de ses épaules une partie de cette lourdeur».

Cela fait des mois que les excuses du gouvernement canadien sont soigneusement planifiées, mais la mort par balle de onze fidèles dans une synagogue de Pittsburgh, il y a près de deux semaines, donne une signification toute particulière au geste. «Le drame du Saint-Louis était alimenté par l’intolérance et la haine, qui dressent à nouveau leur tête hideuse», a estimé une autre survivante, Eva Wiener, aujourd’hui âgée de 80 ans.

Le premier ministre a d’ailleurs évoqué l’attentat de Pittsburgh dans ses excuses mercredi : «Les récents attentats visant la communauté juive témoignent du travail qu’il nous reste à faire. Nous devons toujours nous dresser contre les attitudes xénophobes et antisémites et contre la haine sous toutes ses formes.»

Les chiffres les plus récents de Statistique Canada révèlent qu’en 2016, c’est la communauté juive qui était la cible la plus fréquente des crimes haineux visant une religion.

Steve McDonald, directeur des politiques au Centre consultatif des relations juives et israéliennes, espérait la semaine dernière que ces excuses ouvriraient un débat sur «ce que nous pouvons tous faire pour lutter contre l’antisémitisme – indépendamment de notre passé -, et en particulier sur ce que le gouvernement et les élus peuvent faire».

«L’antisémitisme vise directement les juifs, mais il ne concerne pas que les juifs et ce n’est pas un problème juif.»

L’histoire du Saint-Louis a suscité un regain d’intérêt l’année dernière lorsque des photos et des récits de victimes ont été diffusés sur les médias sociaux après la décision du président des États-Unis, Donald Trump, de fermer les portes à des immigrants et des réfugiés de certains pays.

 

L’ALLEMAGNE COMMÉMORE LA « NUIT DE CRISTAL » ET CRAINT UN REGAIN D’ANTISÉMITISME

Times of Israel, Nov. 9, 2018

L’Allemagne commémore vendredi, 80 ans après, la « Nuit de cristal », ces pogroms, meurtres, arrestations et saccages annonciateurs de l’extermination des Juifs, dans un contexte de crainte d’un regain d’antisémitisme.

Les dirigeants allemands ont mis en garde vendredi contre la résurgence de l’ »antisémitisme préoccupant » et l’essor de l’extrême droite.

« L’Etat doit agir de manière conséquente contre l’exclusion, l’antisémitisme, le racisme et l’extrémisme de droite », a jugé la chancelière Angela Merkel lors d’un discours dans la plus grande synagogue d’Allemagne, à Berlin.

La dirigeante, tout de noir vêtue, a montré du doigt ceux qui « réagissent par des réponses prétendument simples aux difficultés » de l’époque actuelle, une référence à l’essor des populismes et de l’extrême droite en Allemagne comme en Europe.

Dans ce lieu de culte profané par les nazis il y a 80 ans jour pour jour, le président du Conseil central des Juifs, Josef Schuster est allé encore plus loin en invectivant le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui siège depuis un an au Bundestag, qualifiant ses membres d’ »incendiaires moraux ».

Certains cadres de ce parti ont tenu des propos polémiques sur l’Holocauste et le devoir de mémoire en Allemagne. Ils tiennent aussi un discours islamophobe visant essentiellement les centaines de milliers de demandeurs d’asile arrivés dans le pays depuis 2015.

  1. Schuster a ainsi qualifié de « honte pour notre pays » les agressions commises contre les juifs mais aussi contre les réfugiés musulmans.

Quelques minutes plus tôt, lors d’une cérémonie à la chambre des députés, le président allemand Frank-Walter Steinmeier avait  dénoncé l’émergence en Europe d’un « nouveau nationalisme » nostalgique, selon lui, d’ »un vieux monde parfait qui n’a en réalité jamais existé ».

« Nous sentons dans notre société (…) que les fossés se creusent », a mis en garde devant la chambre des députés le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier.

Le chef de l’Etat a fustigé devant les députés, dont ceux du parti d’extrême droite AfD, le « langage de la haine » qui cherche des « boucs émissaires » parmi les migrants, accueillis en nombre en Allemagne depuis 2015, et les musulmans.

Des mots lourds de sens 80 ans après, là aussi jour pour jour, les saccages par les nazis de milliers de synagogues et commerces tenus par des Juifs en Allemagne et en Autriche.

« Je tenais la main de mon père. J’ai vu la synagogue en feu et j’ai demandé ‘Pourquoi les pompiers ne viennent pas ?’ Je n’ai pas eu de réponse », a témoigné de cette nuit Charlotte Knobloch, ancienne présidente du Conseil central des juifs d’Allemagne, à l’antenne de la ZDF.

Plus de 1 400 lieux de culte incendiés dans toute l’Allemagne, des magasins tenus par des Juifs saccagés et pillés, au moins 91 personnes tuées et des milliers déportées : pour les historiens, ce qui s’est passé en Allemagne et en Autriche les 9 et 10 novembre 1938 marque le passage de la discrimination des juifs à leur persécution puis leur extermination par les nazis.

La propagande affirme alors qu’il s’agit d’une éruption de violence spontanée après le meurtre d’un diplomate à Paris. Mais elle a en réalité été planifiée au plus haut niveau de la hiérarchie nazie.

Le signal a été donné par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, et les destructions exécutées par des SS, SA, Jeunesses hitlériennes. La « Nuit de cristal » ou Nuit du « verre brisé » diffère ainsi des pogroms en Europe de l’est au XIXe siècle.

Cette commémoration, qui se télescope avec le centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale et de la fin de l’Empire allemand, intervient dans un contexte trouble en Allemagne.

Il y a tout juste un an entrait au Bundestag une formation d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). Et en août, la ville de Chemnitz (ex-Allemagne de l’Est) était le théâtre de manifestations et violences xénophobes.

« Aujourd’hui, nous voyons à nouveau la violence dans les rues », s’alarme auprès de l’AFP Felix Klein, commissaire du gouvernement contre l’antisémitisme, qui s’inquiète de la « radicalisation des discours en Allemagne ».

Le président français Emmanuel Macron s’est lui dit « frappé » le 31 octobre par la ressemblance entre la situation actuelle en Europe, « divisée par les peurs, le repli nationaliste », et celle des années 1930.

« Regardez comme en cinq ans la situation a évolué en Turquie, au Brésil, aux Etats-Unis, en Syrie et même ici en Allemagne, avec Chemnitz », abonde Uwe Neumärker, directeur de la Fondation en mémoire des Juifs d’Europe assassinés.

Il est un des concepteurs d’une exposition consacrée à la « Nuit de cristal » au musée berlinois Topographie de la Terreur, situé sur l’ancien site de la Gestapo et de la SS.

« En novembre 2018, nous ne sommes pas au bord du précipice d’une autre Nuit de Cristal, mais il est de notre devoir d’empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent », met aussi en garde le Congrès juif mondial.

De nombreux Allemands commémorent cette Nuit en polissant ou en déposant des fleurs sur les « Stolpersteine« , des milliers de petites plaques de laiton incrustées entre les pavés pour identifier les victimes et leur adresse.

En 2017, des plaques avaient été volées, alimentant la crainte d’une résurgence de l’antisémitisme, une réalité infamante pour un pays dont l’identité s’est bâtie sur la repentance pour l’Holocauste.

Une forme d’antisémitisme nouvelle pour l’Allemagne fait en effet régulièrement les gros titres, celui prêté à de nombreux migrants arabo-musulmans qui ont afflué depuis 2015.

Mais l’essor de l’extrême droite allemande a aussi remis au premier plan un antisémitisme national. L’AfD a multiplié les polémiques liées au nazisme, jugeant en particulier que l’Allemagne devait cesser son repentir pour l’extermination des juifs. Des militants d’extrême droite voulaient manifester vendredi à Berlin mais le rassemblement a été interdit.

L’inquiétude ne cesse donc de grandir au sein de la communauté juive allemande, forte d’environ 200 000 personnes.

Le nombre de crimes et délits à caractère antisémite est resté néanmoins stable dans les statistiques de police, avec environ 1.400 cas recensés chaque année depuis 2015. Plus de 90 % des affaires sont attribuées à l’extrême droite.

Nous vous souhaitons Shabbat Shalom!

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