LA POLOGNE A DU MAL À ASSUMER SON PASSÉ
Négationnisme polonais: la crise diplomatique s’aggrave entre Jérusalem et Varsovie
par Shraga Blum
18 fev, 2019
Le gouvernement polonais actuel n’aime pas que l’on remue trop le passé historique de son pays concernant la Shoah, surtout après l’adoption de la Loi sur la Shoah qui réécrit officiellement l’histoire de cette sombre période. d’un point de vue polonais. Mais voilà, la vérité historique est une et elle est implacable: énormément de Polonais ont collaboré avec les nazis et ce n’est pas sans raisons que ces derniers avaient décidé d’établir la plupart des camps de concentration et d’extermination sur cette terre imbibée d’antisémitisme.
Après les propos du Premier ministre Binyamin Netanyahou à Varsovie, sur la participation de Polonais (et non DES Polonais) à l’entreprise d’extermination des Juifs, le nouveau ministre des Affaires étrangères Israël Katz a attisé la colère des dirigeants polonais en déclarant lundi matin que “comme l’avait dit à l’époque Itshak Shamir, les Polonais avaient bu l’antisémitisme au sein de leur mère” et que “la nécessité d’une alliance stratégique entre Israël et la Pologne ne pouvait se faire au détriment de la vérité historique”. Ce qui est parfaitement exact mais a entrainé une réaction de l’ambassadeur polonais en Israël Marek Magierowski qui a dénoncé “des propos honteux, racistes et inacceptables”.
Suite à cela, après avoir annoncé dimanche qu’il ne viendra pas en Israël mardi pour assister au sommet de Vishograd et qu’il se fera remplacer par son ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre polonais Tadeusz Mazowiecki a carrément menacé lundi d’annuler la participation polonaise et a même évoqué l’hypothèse d’une rupture des relations diplomatiques avec Israël! Le porte-parole du gouvernement polonais a exigé des “éclaircissements précis de la part des autorités israéliennes après les propos du ministre des Affaires étrangères”.
De son côté, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Bartosz Cichocki a déclaré: “La Pologne est fière de prendre part aux efforts pour promouvois la paix et la démocratie au Proche-Orient ainsi que de soutenir le droit d’Israël à la sécurité. Mais nous ne laisserons pas passer ces propos de racisme anti-polonais”.
Lors de son interview sur Israël Hayom, le ministre Israël Katz s’est toutefois dit convaincu que les intérêts supérieurs des deux pays finiront par prendre le dessus et que la crise sera résolue. “Mais en tant que fils de rescapés de la Shoah, je resterai intraitable sur le souvenir de cette période”, a rajouté le ministre.
A propos de cette crise, le ministre de l’Education Naftali Benett a déclaré: “Durant la Shoah et même après la Shoah, de nombreux Polonais ont participé à des actes antisémites. De l’autre côté, il y a eu des Polonais qui ont été des Justes des Nations en sauvant des Juifs. Il est interdit de falsifier l’Histoire dans le but de ne pas froisser les relations diplomatiques”.
Plus ferme encore, Ayelet Shaked a dit: “Ce n’est pas nous qui sommes responsables de cette crise. Nous nous devons de nous en tenir à la vérité historique. Naftali Benett et moi-même nous étions opposés à la signature de la déclaration commune israélo-polonaise. Nous ne baisserons pas la tête face aux tentatives de réécrire l’Histoire de la part des autorités polonaises. Les relations avec la Pologne sont importantes mais nous privilégions la vérité historique même si c’est au prix d’une annulation de l’arrivée de la délégation polonaise en Israël”.
Loi polonaise sur la Shoah: “L’objectif: paralyser les recherches historiques.
L’Expresse par Clément Daniez
publié le 30/01/2018 à 18:00
Des parlementaires polonais veulent interdire l’expression “camps de la mort polonais”. L’historien Jan Grabowski dénonce une manoeuvre politique contre la vérité historique.
La chambre basse du Parlement de Pologne a adopté vendredi dernier une loi qui envisage de trois ans de prison l’attribution “à la nation ou à l’Etat polonais” d’une quelconque responsabilité dans l’extermination des Juifs du pays. Les sanctions éventuelles pour l’utilisation de l’expression “camp de la mort polonais” ont suscité de vives réactions en Israël.
Professeur à l’université d’Ottawa, auteur de plusieurs livres sur l’holocauste en Pologne, l’historien Jan Grabowski dénonce une volonté du pouvoir actuel de promouvoir une forme d’innocence nationale mensongère.
Quelles sont les origines de cette polémique autour de l’expression “camp de la mort polonais” ?
Jan Grabowski: Juste après la Seconde Guerre mondiale, en Pologne et en Occident, on a parlé de “camps de la mort polonais”, mais seulement pour décrire un emplacement géographique. Cela a pris une toute autre dimension ces deux dernières décennies, avec l’utilisation de cette expression par des journalistes américains ou israéliens. Ils s’en sont d’ailleurs excusés. Cela a suscité la colère en Pologne. Au delà de cette dimension géographique, l’expression est-elle juste sur le plan historique et politique?
Elle est entièrement injuste. Les camps sont de fabrication allemande et l’État polonais n’avait rien à voir avec eux. Le plus important dans cette loi, ce n’est pas le paragraphe sur les “camps de la mort”, mais celui qui vient après*. Selon cet article, les historiens, journalistes ou enseignants qui évoqueront publiquement la responsabilité ou la coresponsabilité d’une partie de la société polonaise dans la Shoah pourront être poursuivis et condamnés jusqu’à trois ans de prison. L’objectif, c’est de paralyser les recherches [non pénalisées en revanche par la loi] sur les aspects sombres de l’histoire polonaise en ce qui concerne l’extermination du peuple juif polonais.
De quels aspects parlez-vous?
Les recherches historiques montrent qu’il y avait un antisémitisme profond avant la guerre. Elles montrent également que l’implication (pendant la guerre) dans la collaboration pouvait être massive dans certaines régions polonaises, avec notamment des chasses aux juifs. Par exemple, on sait que 10% des juifs ont essayé de s’échapper des trains de la mort et que c’est à ce moment-là que le rôle des Polonais dans l’extermination est devenu important, car les Allemands n’étaient pas partout. C’est typiquement le genre de sujet visé par cette loi. Un professeur du secondaire qui voudrait l’évoquer risque d’être licencié.
Quel objectif poursuit le parti ultra-conservateur au pouvoir, Droit et Justice (PiS), à l’origine du projet de loi?
Les nationalistes mobilisent ainsi leur électorat et consolident leur pouvoir en alimentant l’idée que la Pologne est une forteresse assiégée. Pour eux, la question des mythes nationaux, en particulier celui de l’innocence nationale, est primordiale.
Quel est le regard dominant actuellement en Pologne sur l’extermination des juifs?
Un sondage a montré qu’à présent l’opinion majoritaire du pays estime que les souffrances des Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale furent au moins égales à celles des juifs. Cette vision a été favorisée par un courant triomphaliste dans l’éducation. Il conforte l’idée que les Polonais sont des victimes éternelles [de l’histoire]. Cette tendance est antérieure à l’arrivée au pouvoir des nationalistes. Il n’y a pas de différence prononcée entre gauche et droite sur ces questions, même si la droite fait preuve de plus d’activisme. Les politiques généralisent l’attitude des Justes polonais. C’est un mensonge historique, ils n’étaient en fait qu’une petite minorité [7000 au moins].
Il y a de quoi être désenchanté pour un chercheur comme vous…
Au niveau mémoriel, la Pologne se rapproche de pays comme la Russie ou la Turquie. C’est un phénomène qui touche actuellement d’autres pays de l’Est de l’Europe, comme la Hongrie. Nous sommes huit à travailler au Centre polonais de recherche sur l’Holocauste, sans financement, juste avec notre enthousiasme. Les nationalistes ont gagné la bataille et peu de gens nous écoutent. Mais notre tâche est importante et nous continuerons.
AUTEURS JUIFS “DE LA SHOAH: l’ÉTRANGE DÉCLARATION DU PREMIER MINISTRE DE LA POLOGNE
JOURNAL DE DIMANCHE
publié le 30/01/2018
LE GRAND ANGLE DIPLO – La polémique sur les propos tenus ce week-end par le Premier ministre polonais, sur le rôle des juifs pendant la Shoah, a redoublé lundi avec des échanges très virulents entre ses partisans et son opposition. Au micro d’Europe 1, la chronique du rédacteur-en-chef international du JDD, François Clemenceau.
Il faut rappeler, pour ceux qui n’ont pas suivi toute l’affaire, que le gouvernement polonais entend faire promulguer une loi qui vise à encadrer les commentaires sur le rôle de la Pologne pendant l’occupation nazie, notamment pour mettre fin à l’expression “camps de la mort polonais” comme si les autorités polonaises étaient complices de la barbarie nazie à l’égard des juifs exterminés en Pologne. Et donc, à Munich, en pleine conférence sur la sécurité, un journaliste israélien, dont une partie de la famille a été exterminée après avoir été dénoncée par des voisins polonais à la Gestapo, pose la question au Premier ministre polonais Mateusz Marowiecki : sera-t-il victime de cette nouvelle loi qui met en cause des Polonais dans la perpétration de la Shoah?
Le Premier ministre lui répond ceci : “C’est important de savoir que ce genre de commentaires ne sera pas puni par la loi et ne sera pas considéré comme un crime le fait d’avoir dit qu’il y eu des auteurs d’exaction polonais, ou des auteurs juifs, ukrainiens ou russes et pas seulement des auteurs allemands”. Des “auteurs juifs” de la Shoah? Il y a eu alors comme un flottement dans l’assemblée, les gens se sont demandés s’ils avaient bien entendu, d’autres ont cru que le Premier ministre polonais avait fait un lapsus et qu’il allait s’excuser d’avoir confondu les victimes et les bourreaux. Et bien non.
La pression de l’Eglise catholique polonaise
Les autorités polonaises ont très mal réagi au fait que Benjamin Netanyahou dès le lendemain, à Munich, s’empare de cette affaire pour dénoncer une forme odieuse d’antisémitisme. Pour lui, cette nouvelle loi est la preuve que la société polonaise n’est pas capable d’affronter la vérité historique. Jacques Chirac avait su dire que c’étaient bien des policiers français qui avaient raflé les juifs pour les emmener au Vel d’Hiv. Non seulement le parti conservateur polonais au pouvoir n’y parvient pas mais il adopte même une loi qui vise en fait à promouvoir une autocensure dans ce débat.
C’est d’autant plus étrange que Mateusz Marowiecki a une partie de sa famille d’origine juive et même une tante qui vit en Israël après avoir échappé à la Shoah. Ce n’est pas comme si cette page de l’Histoire lui était totalement inconnue. Alors comment expliquer cette crispation incroyable? En grande partie par la pression de l’Eglise catholique polonaise.
Lundi, l’un des principaux journaux catholique du pays a titré en Une “le Premier ministre a dit la vérité”. On assiste à une ligne de clivage hallucinante qui déchire les chrétiens polonais. D’un côté l’institution catholique avec ses églises, ses écoles, ses relais d’opinion, notamment la puissante radio Marya financée par les grands groupes qui sont en affaire avec le gouvernement. Et de l’autre des millions de laïcs catholiques, dont une bonne partie ont mené le combat du syndicat Solidarité avec Lech Walesa et qui n’entendent pas voir la religion être instrumentalisée dans le combat politique. Ce sera donc intéressant de voir comment réagissent les uns et les autres lorsque le Tribunal constitutionnel, à la demande du président conservateur Andrea Duda, validera cette loi sur les “camps polonais” ou demandera à la voir modifiée.
Actualité
Alain Finkielkraut injurié: UNE ENQUÊTE OUVERTE, UN SUSPECT IDENTIFIÉ
Par:Le Figaro
Stephane Kovac
18/02/2019 à 10:56
Ni victime ni héros», mais d’abord «inquiet pour tous les Juifs de France». Cible, samedi, de virulentes insultes antisémites, en marge d’une manifestation de «gilets jaunes» à Paris, le philosophe Alain Finkielkraut ne porte pas plainte, mais «souhaite connaître l’identité des agresseurs»: «Ce n’est pas l’esprit de vengeance qui m’anime, mais j’ai envie de contribuer à la prise de conscience, explique l’académicien au Figaro. Il s’agit aujourd’hui de réfléchir à ce qui nous arrive, pour trouver la meilleure des parades.»
Le parquet de Paris a annoncé dimanche avoir ouvert une enquête pour «injures publiques en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion». Un suspect, «le principal auteur des injures», selon le ministre de l’Intérieur, a été identifié. D’apres la parisienne, l’homme serait connu des services de renseignement.
C’est un effroyable torrent de haine qui s’est déversé samedi après-midi sur le philosophe, alors qu’il rentrait chez lui après avoir raccompagné sa belle-mère. À tel point que des policiers ont dû s’interposer pour le protéger. «Barre-toi, sale sioniste de merde!», «Tu vas mourir», «Sale race», «Palestine!», «Rentre chez toi à Tel-Aviv!», peut-on entendre dans plusieurs vidéos tournées auprès de manifestants qui défilaient boulevard du Montparnasse. «Elle est à nous, la France!», vocifère un jeune homme barbu en agitant ostensiblement son keffieh palestinien. «Nous sommes le peuple!», renchérissent d’autres «gilets jaunes».
«Parce que la France ne leur appartient pas, qu’elle n’est pas cette haine, une enquête a été ouverte, a tweeté dimanche Christophe Castaner.Selon nos informations, le groupe d’étude sur l’antisémitisme de l’Assemblée nationale va organiser une réunion de son bureau mardi soir pour revenir sur ces événements. Emmenés par leur président, Sylvain Maillard (LREM), les députés réclameront «la reconnaissance officielle de l’antisionisme comme antisémitisme».
Alain Finkielkraut, lui, a «simplement besoin de savoir qui sont ces gens et ce qu’ils veulent». «Il ne faut pas tout confondre, insiste-t-il. Nous ne vivons pas le retour des années 30. C’est à un nouveau type d’antisémitisme que nous devons faire face. Ce sont des gens qui ont crié “Palestine”, qui m’ont traité de sioniste. Il y en a un avec une légère barbe qui me dit “Dieu va te punir”: ça n’est pas tout à fait le langage de l’extrême droite, c’est même la rhétorique islamiste.»«Peut-être y a-t-il des gens d’extrême droite qui s’accrochent aux wagons, comme des soraliens (proches de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, NDLR), qui rêvent d’agréger une France black-blanc-beur autour de la haine des Juifs, analyse-t-il. C’est la version hideuse de la convergence des luttes.» Ce n’est pas la première fois que le philosophe se fait agresser: «Cela m’était déjà arrivé en 2014 lors d’un rassemblement pro-palestinien, rappelle-t-il, ainsi qu’en 2016, lors d’une Nuit debout, où je me suis fait cracher dessus: c’était la même haine!»
La classe politique a, unanimement ou presque, exprimé son indignation. Jusqu’au chef de l’État: «Fils d’émigrés polonais devenu académicien français, Alain Finkielkraut n’est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun, a tweeté Emmanuel Macron.
Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolérerons pas.» D’autres personnalités politiques, telles que Thomas Guénolé, membre de La France insoumise, l’avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande et ancien responsable du comité d’éthique de LREM durant la campagne de 2017, ou encore l’humoriste Yassine Belattar, nommé par Emmanuel Macron au sein du conseil présidentiel des villes, ont minimisé sur Twitter la portée de l’agression, mettant en cause certaines des positions d’Alain Finkielkraut. «Les haineux d’Internet, aujourd’hui, ne sont pas issus de Génération identitaire, réagit le philosophe, mais hélas de la gauche, extrême ou bien-pensante.»
Dans ce contexte, l’académicien s’interroge encore sur sa participation à l’un des rassemblements contre l’antisémitisme organisés mardi soir, dans plusieurs villes, à l’appel de 14 partis. «Cette nouvelle notoriété un peu absurde me donnerait une nouvelle place, alors que j’ai plutôt envie de me cacher, explique-t-il. Mais la question est surtout que je ne voudrais pas que ce rassemblement se fasse dans un grand malentendu: si c’est pour refaire la énième version de l’antifascisme, alors, on n’a rien compris.»
ANTISÉMITISME: PARIS APPLIQUERA LA DÉFINITION DEL’IHRA INTÉGRANT I’ANTOINISME
Par TIMES OF ISRAEL STAFF
21 février 2019,
Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France allait mettre en oeuvre une définition de l’antisémitisme élargie à l’anti-sionisme, sans toutefois modifier le Code pénal, dans un discours prononcé lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à Paris.
« La France, qui l’a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah » (qui intègre l’anti-sionisme, NDLR), a dit le chef de l’État, en martelant que « l’anti-sionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme » – à l’instar de son discours lors de la 75e ceremnonie du vel D’hiv.
Il s’agit de recommandations, qui permettront de mieux former les agents publics, les policiers ou les enseignants à lutter contre l’antisémitisme, mais pas d’une modification des textes juridiques, a expliqué l’Elysée. Le président de la République avait fait part de cette décision un peu plus tôt au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avait alors envoyé un communiqué à la presse.
Il ne s’agit pas de modifier le code pénal, encore moins d’empêcher ceux qui veulent critiquer la politique israélienne de le faire, non, ni de revenir sur des sujets que nous connaissons et qui sont ceux de la politique internationale (…), il s’agit de préciser et raffermir les pratiques de nos forces de l’ordre, de nos magistrats, de nos enseignants, de leur permettre de mieux lutter contre ceux qui cachent, derrière le rejet d’Israël, la négation même de l’existence d’Israël, la haine des juifs la plus primaire.
« Le président Macron a informé le Premier ministre qu’il allait adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui a fixé que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme », a affirmé un communiqué du bureau de M. Netanyahu. Celui-ci a exprimé son « estime » pour cette décision, selon le communiqué.
Le président israélien Reuven Rivlin avait plus tôt apporté mercredi son soutien au président français et au philosophe français Alain Finkielkraut face aux actes antisémites, qu’il a qualifié d’ « affront » à la France.
Quelques minutes avant le discours de M. Macron, le président du Crif, Francis Kalifat, en avait fait la demande. « À l’unisson des autres pays européens, la France a voté en faveur de cette définition lors de son adoption par l’IHRA en 2016 et encore tout récemment fin 2018 dans la résolution du Conseil européen sur la lutte conte l’antisémitisme. Conformément aux recommandations du Parlement européen et du Conseil européen, plusieurs États membres l’ont déjà intégrée dans leurs propres textes de référence », avait-il dit.
« L’antisionisme aujourd’hui constitue le visage dissimulé de l’antisémitisme », a pour sa part déclaré le député Eric Ciotti (LR), qui salue cette décision mais estime « personnellement » qu’ »une résolution ne suffira pas » et demande « une traduction législative ».
Sur ce sujet, Gil Taïb et Joël Mergui ont dit leur satisfaction. « On demandait depuis des années la reconnaissance de l’antisionisme. Si les moyens sont mis en oeuvre pour que les paroles antisémites puissent être condamnées, c’est pour nous une avancée essentielle », a déclaré M. Taïeb. Depuis plusieurs années, et la situation s’est encore aggravée ces dernier semaine notre pays – comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confrontée à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale ».
« À nouveau, depuis plusieurs années, l’antisémitisme tue en France ». C’est bien que les visages peuplant ce soir nos consciences ne sont pas seulement ceux des héros que je viens d’évoquer mais bien ceux des martyrs récemment assassinés parce qu’ils étaient juifs », a-t-il poursuivi.
Quelles différences entre antisémitisme et anti-sionisme ?
« Il n’y a pas en France de définition officielle de l’antisémitisme, tout comme il n’y a pas de définition officielle, par exemple, du racisme anti-musulman ou envers les personnes asiatiques. Notre droit est fondé sur une conception universaliste et globale, pas sur un ciblage explicite de chaque religion », explique Frédéric Potier, le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
L’avocat Richard Malka abonde : « La loi n’utilise jamais le terme ‘antisémitisme’. De même qu’elle n’utilise jamais le mot ‘juif’ ou ‘musulman’ ou ‘catholique’ ».
L’antisémitisme est appréhendé par le droit pénal à travers la loi de 1881 sur la liberté de la presse, pour ce qui est des injures publiques, de la provocation publique à la haine et de la provocation publique à la discrimination fondées sur l’appartenance « à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Pas de définition officielle non plus de l’antisionisme.
Selon la Chancellerie, les tribunaux peuvent déjà condamner des personnes qui, « sous couvert d’un anti-sionisme de circonstance, véhiculent en réalité un antisémitisme réel ». « A charge pour l’accusation d’établir que le mobile final vise bien à s’en prendre à un individu soit à raison de sa religion, soit à raison de sa nationalité ».
Une proposition de loi
Un texte qui « reprendra les propositions » faites dans un rapport remis en septembre au Premier ministre, dont une vise à renforcer la pression sur les opérateurs du Net, dans le cadre d’un renforcement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur internet, sera déposé « dès le mois de mai » par la députée LREM Laëtitia Avia, a annoncé le président.
« La députée Laëtitia Avia déposera dès le mois de mai, c’est-à-dire dès la première fenêtre parlementaire possible au Parlement, une proposition de loi pour lutter contre la haine sur Internet reprenant les propositions de ce rapport », a expliqué le président.« Nous devons à ce titre nous inspirer de ce que nous voisins allemandes. ont su faire de manière efficace et pragmatique : apporter des sanctions judiciaires, pénales et pécuniaires, appeler à la responsabilité des individus comme des plate-formes. Il s’agira de mettre fin aux stratégies d’éviction déployées par des sites étrangers qui, changeant régulièrement de serveurs, sont aujourd’hui très difficiles à bloquer. »
Ce texte « reprendra les propositions » faites dans un rapport remis en septembre au Premier ministre, qui vise à renforcer la pression sur les plateformes numériques dans le cadre d’un renforcement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, a-t-il dit.
Cette loi imposera aux plateformes de retirer les contenus appelant à la haine « dans les meilleurs délais » et de « mettre en oeuvre toutes les techniques permettant de repérer l’identité » de leurs auteurs et enfin responsabilisera ces plateformes sur le plan juridique -une annonce saluée comme « fondamentale » par le président du Consistoire Joël Mergui et Gil Taïeb vice-président du Crif.
Gilles Taieb, co-auteur du rapport de septembre, a précisé à l’AFP « qu’on s’oriente sur un délai de 24 heures ».
Macron a accusé « des plateformes comme Twitter, pour citer des mauvais exemples, qui attend des semaines ou des mois pour donner les identifiants qui permettent de lancer les procédures judiciaires » et « parfois prend des jours, des semaines pour retirer les contenus ainsi identifiés ».
Il s’est prononcé en revanche contre l’interdiction générale de l’anonymat sur internet qui pourrait « aller vers le pire ».
Emmanuel Macron a demandé la dissolution d’ »associations ou groupements » racistes ou antisémites, à commencer par les organisations d’extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18.
« Parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit tracer de nouvelles lignes rouges (…). J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente », a déclaré le chef de l’Etat, citant nommément les trois organisations « pour commencer ».
Enonçant une ligne de conduite « poursuivre, punir et éduquer », il a également annoncé avoir demandé au ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, « de procéder à un audit des établissement marqués par le phénomène de déscolarisation des enfants de confession juive ».
« Quand une telle déscolarisation se passe, elle dit quelque chose, parfois de ce que nous voulions ou ne pouvions voir, de ce qui ne se disait plus », a-t-il estimé.
« L’école doit jouer à plein son rôle de rempart républicain contre les préjugés et contre la haine, mais aussi contre ce qui en fait le lit: l’empire de l’immédiateté, le règne d’une forme de relativisme absolu. L’enseignement de la méthode scientifique, de la méthode historique sera renforcée. Tous les enfants de France seront sensibilisés au temps long des grandes civilisations », a-t-il souligné.
« L’antisémitisme n’est pas le problème des Juifs, c’est le problème de la République », a martelé le chef de l’Etat.
« La honte doit changer de camp », a martelé le chef de l’État, ajoutant, ému : « Nous sommes chez nous. Nous tous ». Cette déclaration entendait répondre au slogan « On est chez nous », largement scandé dans divers rassemblements d’extrême droite depuis plusieurs années.
La France a connu récemment une multiplication d’actes antisémites – +74 % en 2018. Mardi, 96 tombes ont été découvertes profanées dans un cimetière juif alsacien.
L’intellectuel et membre de l’Académie française Alain Finkielkraut a été violemment pris à partie samedi en marge d’un défilé des « gilets jaunes » par des manifestants, dont l’un a notamment utilisé le mot « sioniste ». Cela a suscité un débat en France sur le sens à donner à ce mot dans ce contexte.
Quelques jours plus tôt, des portraits de Simone Veil, rescapée d’Auschwitz et figure récemment décédée de la vie politique française, avaient été barrés d’une croix gammée. Et un arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi, un jeune juif torturé à mort en 2006, avait été retrouvé scié.
Des rassemblements contre l’antisémitisme se sont tenus mardi dans de nombreuses villes à travers la France, notamment place de la République à Paris où près de 20 000 personnes ont dénoncé ces actes.
« La masse n’était pas là, la foule n’était pas là », a ainsi regretté à l’antenne de la chaîne CNews l’avocat Serge Klarsfeld, connu pour sa traque d’anciens nazis. « L’antisémitisme, ça ne se guérit pas facilement, c’est un travail très long ».
En 2018, l’Agence juive estimait à 45 000 – un dixième de la communauté – le nombre des juifs de France ayant fait leur alyah, l’émigration vers Israël, en une décennie.
Dans son discours, le président du Crif, Francis Kalifat, avait lancé un appel aux musulmans et aux imams à lutter contre l’antisémitisme et à « en finir avec la justification religieuse de la haine des juifs ».
Il avait également dénoncé « l’antisémitisme de certains musulmans, l’antisémitisme de certains gilets jaunes ».
L’engagement du président français Macron d’adopter la définition de l’IHRA, reconnaissant ainsi que l’antisémitisme est un problème dominant qui doit être abordé de manière frontale et universelle, est une étape encourageante. Cependant, il ne s’agit que du début d’un long chemin à parcourir et nous devons tous continuer à être aussi vigilants que possible. Des actions, et non des mots, sont nécessaires pour éradiquer réellement ce problème. L’adoption de cette définition de l’antisémitisme doit être suivie de mesures concrètes pour légiférer et veiller à son application dans tous les domaines, » a déclaré Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial, qui s’est dit prêt à aider le gouvernement français.
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7 DÉPUTÉS BRITANNIQUES QUITTENT LE PARTI TRAVAILLISTE POUR ANTISÉMITISME
PAR LPH Info
Guitel Benishay
FEV 20,2019
Sept députés travaillistes ont annoncé lundi, lors d’une conférence de presse, qu’ils démissionnaient du parti travailliste. Ces démissions s’inscrivent dans un contexte d’augmentation du nombre d’incidents antisémites signalés en Grande-Bretagne et d’une montée de l’inquiétude des juifs face à l’antisémitisme dans toute l’Europe.
Le dirigeant travailliste, Jeremy Corbyn, soi-disant militant pour la paix mais dont la position anti-israélienne n’est pas un secret, a été accusé par les 7 députés de ne pas avoir combattu l’antisémitisme au sein du parti, allégation qui pèse sur le politicien pro-palestinien depuis qu’il est devenu leader du parti en 2015 et même avant. En 2009, Jeremy Corbyn avait qualifié le Hamas et le Hezbollah « d’amis » et déclaré que le Hamas œuvrait en faveur de la paix et la justice. Il s’en est ensuite excusé. En 2012, il avait défendu une inscription murale antisémite, une posture suivie elle aussi de nouvelles excuses. En 2014, il a fleuri les tombes des terroristes palestiniens qui avaient assassiné des athlètes israéliens à Munich en 1972.
Il y a quinze jours, les députés travaillistes avaient adopté à l’unanimité une motion exigeant que la direction du parti fournisse des données détaillées par écrit d’ici le 11 février sur le traitement des plaintes concernant l’antisémitisme. La semaine dernière, les 7 députés du Labour avaient contesté les chiffres de Corbyn, selon lesquels des centaines de plaintes pour antisémitisme avaient entraîné la suspension de plusieurs dizaines de membres. Ils avaient écris une lettre d’appel à la transparence concernant le traitement des plaintes antisémites. La lettre est restée morte.
Lors de la conférence de presse qu’ils ont donnée, les 7 députés ont fait, chacun leur tour, une déclaration pour expliquer leur départ, se disant «malades» devant l’antisémitisme dans le parti.
«Le parti que nous avons rejoint n’est plus le même, il a été pris en otage par l’extrême-gauche», a ainsi souligné Chris Leslie.
Les députés Luciana Berger, Chris Leslie, Angela Smith, Gavin Shuker, Chuka Umunna, Mike Gapes et Ann Coffey ont donc décidé de quitter le Labor mais continueront à siéger au Parlement sous la bannière « Le groupe indépendant ».
Israël: ALLIANCE SCELLÉE ENTRE B.GRANTZ ET. Y. LAPID,LES DEUX PRINCIPAUX ADVERSAIRES DE NETANYAHOU
21/02/2019
I24 News
Les deux principaux adversaires de Benyamin Netanyahou, Benny Gantz et Yair Lapid ont décidé de présenter une liste commune aux prochaines élections législatives du 9 avril, ont-ils annoncé jeudi matin dans un communiqué.Dans le cadre de cette alliance, baptisée Bleu-Blanc (couleurs du drapeau israélien), les leaders des partis Résilience pour Israël et Yesh Atid ont convenu de partager le rôle de Premier ministre, en cas de victoire.
Les deux premières années du mandat, Benny Gantz occupera le poste, Yair Lapid sera lui, aux commandes du ministère des Affaires étrangères, avant d’être Premier ministre pour les deux années suivantes, tandis que l’ancien chef d’état-major sera ministre de la Défense.L’ancien chef de l’armée, Gabi Ashkenazi a annoncé qu’il se joindra à cette liste, sur laquelle figure également l’ex- ministre de la Défense Moshe Ya’alon, qui a lui aussi été à la tête du corps militaire.
“Motivés par une profonde responsabilité nationale, Benny Gantz, Yaïr Lapid et Moshé Yaalon ont décidé de créer une liste unifiée qui constituera le nouveau parti de gouvernement en Israël”, peut-on lire dans le communiqué de Yesh Atid.”Le parti mettra en place une nouvelle équipe de direction qui garantira la sécurité d’Israël et réunira les éléments divisés de la société israélienne”, poursuit le texte.Aucun des deux partis n’a pour l’heure apporté de détails supplémentaires concernant notamment le positionnement des membres de la liste.
M. Gantz s’est par ailleurs conformé à la demande de M. Lapid de ne pas se rallier à une coalition avec Benyamin Netanyahou, si le procureur général, Avichai Mandelblit, recommandait d’inculper le Premier ministre pour corruption.Les deux leaders annonceront officiellement leur union lors d’une déclaration commune prévue jeudi soir à 20H heure locale, et présenteront tous les détails de leur accord.
L’union des deux formations centristes fera ainsi front à la droite, tandis que selon tous les sondages effectués jusqu’à présent, le Likoud de Benyamin Netanyahou serait battu par le tandem Lapid-Gantz, si les élections avaient lieu aujourd’hui.Le parti du Premier ministre a immédiatement réagi à l’annonce des deux chefs de file des partis centristes, affirmant que “le choix est clair (pour les électeurs): soit un gouvernement de gauche Lapid-Gantz soutenu par un bloc de partis arabes, soit un gouvernement de droite dirigé par Netanyahou”.