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Communiqué: Pourquoi l’accord de paix avec le Maroc est-il différent de tous les autres? (Decembre 18, 2020)

Articles Suggérés

Pourquoi l’accord conclu par Israël avec le Maroc résonne autant en nous
RAPHAEL AHREN
Times of Israel, 11 décembre 2020,

La normalisation du Maroc avec Israël : qu’en pensent les Marocains?

Aziz Chahir
———————————————___———-_______Middleeasteye.net, Vendredi 11 décembre 2020 

Normalisation Maroc-Israël : des heureux, des mécontents et des déçus
Par Marlène Panara
| Le Point.fr, 11/12/2020,

 

Aperçu de l’actualité

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Pourquoi l’accord conclu par Israël avec le Maroc résonne autant en nous
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Contrairement aux autres partenaires de paix de l’Etat juif, le Maroc entretient un lien avec les Juifs et de nombreux Israéliens se presseront d’aller en voyage “chez eux”
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RAPHAEL AHREN
Times of Israel, 11 décembre 2020

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__  L’annonce-surprise faite jeudi sur la décision prise par le Maroc de rétablir ses relations diplomatiques avec Israël n’a pas été un miracle de Hanoukka comme de nombreux politiciens israéliens ont pu le penser quand ils ont allumé les bougies de la fête – même si le moment choisi a été, en effet, brillamment approprié. En réalité, le Maroc a mis du temps à prendre cette décision. Le royaume d’Afrique du Nord entretient des liens culturels et religieux profonds avec l’État juif et – il faut le dire – le monde attendait depuis longtemps qu’il rejoigne la vague actuelle de pays arabes qui ont pris l’initiative d’apaiser et d’officialiser leurs relations avec l’État juif.

Contrairement à l’Egypte et à la Jordanie, qui ont signé des traités de paix avec Israël il y a des décennies, et contrastant avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, qui ont normalisé leurs liens avec l’État juif cette année, le Maroc et Israël partagent une connexion profonde et antique autour du judaïsme et la communauté juive marocaine, même si elle est modeste, connait encore aujourd’hui un certain épanouissement.

Les origines de la communauté juive du Maroc remontent à il y a 2 000 ans – avec la destruction du Second Temple et l’exil qui a suivi. La communauté a atteint son âge d’or au début des années 1940 avec 250 000 membres, quand le sultan Mohammed V a résisté aux pressions exercées par les nazis qui réclamaient leur déportation. Ces chiffres ont chuté lors de la création de l’État d’Israël et il ne reste aujourd’hui que 2 000 à 3 000 Juifs dans le pays, mais des centaines de milliers d’Israéliens conservent la fierté de leurs origines marocaines. Jared Kushner, l’envoyé du président Trump, a établi jeudi qu’ils étaient « plus d’un million ».

La fête de la Mimouna, que la communauté célèbre traditionnellement après Pessah, est devenue incontournable dans le calendrier culturel israélien, et les politiciens font acte de présence dans les nombreuses fêtes organisées à cette occasion, dégustant des mufletas et autres spécialités marocaines.

Si les touristes israéliens n’ont commencé à découvrir que très récemment le Golfe, ils affluent à Rabat, Marrakech, Casablanca, Tanger et Fès via des pays-tiers depuis des années. Une fois les nouvelles relations diplomatiques mises en place entre les deux pays et l’instauration de vols directs, ces chiffres devraient connaître une augmentation « spectaculaire ».

 

Après les accords d’Oslo en 1995, le Maroc et Israël avaient ouvert des « bureaux de liaison » respectifs. Ils avaient été fermés quelques années plus tard après le début de la Seconde intifada palestinienne, en l’an 2000.

Mais le roi marocain Mohammed VI et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont tous les deux évoqué les liens profonds et de longue date qui unissent le Maroc et Israël dans leurs communiqués respectifs sur l’accord historique.

« Tout le monde sait quelle est la forte amitié qui est témoignée par les rois et le peuple du Maroc à l’égard de la communauté juive, là-bas. Et des centaines de milliers de ces Juifs marocains sont venus en Israël et ont formé un pont humain entre nos deux pays et entre nos deux peuples, un pont de sympathie, de respect, d’affection et d’amour », a déclaré Netanyahu lors d’une cérémonie organisée au mur Occidental à l’occasion de Hanoukka.

« Le Maroc a joué un rôle historique pour rassembler la région et soutenir la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient… Il y a des liens particuliers qui unissent la communauté juive d’origine marocaine, et notamment celle d’Israël, à la personne de sa majesté le Roi », a noté un communiqué émis par la Cour royale du Maroc.

Et pourtant, le roi n’a pas subitement décidé que son amour pour les Juifs nécessitait qu’il reconnaisse l’État d’Israël sans perdre davantage de temps. C’est un accord négocié par les États-Unis qui l’a amené à faire le grand plongeon.

Trump a annoncé, dans un tweet qui a été suivi par une déclaration officielle, que Washington reconnaissait dorénavant la souveraineté marocaine sur tout le territoire du Sahara occidental et réaffirmait « son soutien à une proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc, comme base exclusive d’une solution juste et durable au conflit portant sur le Sahara occidental ».

Les Émirats arabes unis avaient obtenu l’engagement d’Israël de ne pas mener à bien une initiative d’annexion unilatérale de la Cisjordanie, et ils semblent avoir sécurisé également l’acquisition d’avions-chasseurs de type F-35 très convoités (même si l’accord n’a pas encore été finalisé). Le Soudan a de son côté été effacé de la liste noire américaine des pays qui soutiennent le terrorisme, et il a eu la promesse d’une aide massive. Et le Maroc, pour sa part, a gagné la reconnaissance officielle de sa souveraineté sur le territoire – revendiqué par le groupe du Polisario, soutenu par l’Algérie, qui tente d’établir un État indépendant dans la région – par un premier pays occidental incontournable.

Certains pays, comme la France et quelques membres de la Ligue arabe, soutiennent depuis longtemps la revendication par Rabat du Sahara occidental. Mais jusqu’à présent, aucun pays n’avait formellement reconnu la souveraineté du royaume sur la zone toute entière. (Les Émirats arabes unis ont, pour leur part, ouvert un consulat-général accrédité au Maroc à Laayoune, une ville du Sahara occidental – une initiative que certains analystes ont considéré comme une reconnaissance de facto.)

À l’évidence, le roi Mohammed VI s’est dit que le président-élu américain Joe Biden n’accepterait probablement pas de prendre une telle initiative, et il a choisi de profiter des 40 derniers jours de Trump à la Maison Blanche.

Netanyahu a prédit, jeudi, une « paix très chaleureuse » avec le Maroc – mais seulement le temps nous dira si les 35 millions de citoyens du Maroc, qui sont pratiquement tous musulmans, accueilleront l’accord avec le même plaisir que cela avait été le cas des Émiratis ou des Bahreïnis.

Selon un sondage récent, seuls 16 % des Marocains ont un point de vue favorable sur Israël, tandis que 70 % disent avoir un avis défavorable de l’État juif. Contrastant avec ce résultat, les trois-quarts des personnes interrogées ont dit nourrir des sentiments positifs à l’égard des Palestiniens.

Cette enquête a été menée par l’institut de sondages Mitchell Barak, dont le siège est à Jérusalem, pour le compte de la fondation Konrad Adenauer. Elle a également établi que seulement 17 % des Marocains soutenaient les Accords d’Abraham conclus par l’État juif avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, et que les deux-tiers s’y opposaient. Et seulement 26 % des personnes interrogées ont indiqué qu’Israël avait un droit à exister, selon le sondage.

Jeudi soir, dans un appel téléphonique avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, le roi Mohammed a réaffirmé son soutien fervent à la solution à deux États et a souligné que son engagement était « immuablement favorable à la cause palestinienne ».

Le souverain devrait prendre part à un entretien téléphonique avec Netanyahu et Trump très prochainement, mais il faut cependant noter qu’il aura jugé nécessaire de s’entretenir avant tout avec le leader palestinien.

Dans son appel avec Abbas, le roi a aussi évoqué des « relations remarquables avec la communauté juive d’origine marocaine et notamment avec les centaines de milliers de Juifs marocains qui vivent en Israël », selon un compte-rendu qui a été fourni par la Cour royale.

Et un grand nombre, parmi ces derniers, pourrait bien être d’ores et déjà en train de programmer leurs prochaines vacances, espérant ainsi découvrir l’endroit où leurs parents et grands-parents ont vécu.

SOURCE ORIGINAL

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La normalisation du Maroc avec Israël : qu’en pensent les Marocains?

Si la plupart des Marocains perçoivent Israël comme un allié historique de la monarchie, d’autres pensent que Mohammed VI a vite cédé aux pressions de MBZ afin de contenir la crise politique interne – et que cela pourrait embraser toute la région      

Aziz Chahir
Middleeasteye.net, Vendredi 11 décembre 2020 
 

Sur la terrasse d’un café très fréquenté du centre-ville de Rabat, en début de soirée jeudi, et dans un froid rigoureux, deux quadragénaires sirotent un thé vert marocain, les yeux braqués sur la chaîne de télévision France 24, qui passe en boucle l’annonce solennelle par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de la normalisation entre Israël et le royaume du Maroc sous les auspices de Donald Trump. Peu avant, le président américain avait fait savoir qu’il avait signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se disputent les Marocains et les indépendantistes du Polisario soutenus par l’Algérie.

La scène pourrait, à elle seule, résumer toute la complexité inextricable de la question juive au Maroc. L’un des quadragénaires pose son verre de thé sur la table avec énervement et lâche ceci : « Les bâtards [les Israéliens], ils ont écrasé les Arabes ; le nôtre [le roi Mohammed VI] aussi a signé… Je le savais bien, le Mossad [renseignements israéliens] ne rigole pas, c’est lui qui protège les gouvernants arabes… »

Ces commentaires improvisés lâchés spontanément sur la place publique traduisent toute la complexité qu’il y a à saisir les perceptions de la question juive par les Marocains en raison de l’imbrication du politique, du culturel et du religieux dans l’imaginaire collectif

À ce moment-là précis débarque le serveur, la soixantaine passé, pour poser un paquet de cigarettes sur la table des deux quadra, saisissant l’occasion pour leur glisser une phrase tranchante et furtive : « La vérité, ces gens-là [les juifs] sont les vrais chorfas [descendants du prophète Mohammed], avec eux on vivait bien, dans les mellahs [quartiers juifs], aujourd’hui, nos frères musulmans, soi-disant, ils te laissent à peine un dirham de pourboire, voire rien ! »

Et c’est là qu’intervient le deuxième quadra pour prendre tout le monde à contrepied, en s’exprimant clairement, grillant doucement une cigarette, en faveur de la normalisation avec Israël : « Je suis désolé, mais chacun doit se démerder pour sauver sa tête, sidna [le roi] l’a fait pour défoncer les Algériens et le Polisario. Écoutez, chacun défend ses intérêts, mais croyez-moi, l’affaire est bien calculée par les gens du Makhzen [Palais royal]… »

En s’apprêtant à quitter les lieux, après avoir acheté quelques journaux à un kiosque adjacent du café, converti pendant un temps en plateau d’analyse politique, une voix engagée s’exprime du fond du café pour répondre aux commentaires lâchés précédemment.

Sur un ton plutôt menaçant, cet homme jeune, à peine la vingtaine, pointe du doigt la scène où l’ambassadeur israélien aux États-Unis allume la menorah (chandelier à sept branches des Hébreux) pour orienter le « débat » improvisé vers l’aspect religieux de la scène, qui coïncide d’ailleurs avec la fête juive de Hanouka, en martelant un verset coranique (sourate al-Baqara, v. 120) : « Ni les juifs, ni les chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. »

Hassan II aurait mieux négocié la normalisationCes commentaires improvisés lâchés spontanément sur la place publique traduisent toute la complexité qu’il y a à saisir les perceptions de la question juive par les Marocains en raison de l’imbrication du politique, du culturel et du religieux dans l’imaginaire collectif : à l’image du premier quadra, la plupart des Marocains lambda croit à la « théorie du complot » et à la superpuissance d’Israël, dont les services de renseignement seraient capables de faire et de défaire les régimes politiques arabes.

De ce point de vue, la normalisation du Maroc avec Israël bénéficierait avant tout à la monarchie, qui parviendrait, grâce au soutien d’Israël et ses alliés, à garantir la stabilité politique du régime, au regard de la montée éventuelle de la protestation dans le royaume.

Le second personnage, le serveur de café, inscrit quant à lui ses propos dans le cadre d’une réflexion nostalgique émanant d’un héritage culturel et identitaire commun entre le Maroc et Israël.

Quant au troisième commentateur, il traduit pour sa part la position officielle du régime, lequel prône la normalisation avec Israël en vue de défendre les intérêts politiques du royaume dans un contexte de crise mondiale et d’incertitudes dans la région.

Le dernier commentateur, lui, représente une bonne partie des jeunes Marocains ayant subi les effets d’une vague d’islamisation transnationale, qui inscrit le conflit entre les pays arabes et Israël dans le cadre d’une guerre religieuse inéluctable.   

Dans l’imaginaire collectif, la plupart des Marocains considèrent que les rois alaouites ont toujours été des amis privilégiés d’Israël, à commencer par Hassan II (1929-1999), qui accorda un intérêt particulier à la communauté marocaine d’origine juive, dont certains membres furent nommés à des postes à responsabilités de haut niveau, à l’instar du conseiller du roi, André Azoulay.

Dans l’imaginaire collectif, la plupart des Marocains considèrent que les rois alaouites ont toujours été des amis privilégiés d’Israël

En 1986, dans un contexte de tensions extrêmes entre Israël et les pays arabes, le roi Hassan II accueillit officiellement le Premier ministre Shimon Peres. Il essuya d’ailleurs de nombreuses critiques à ce propos, lui reprochant une certaine compromission avec Israël.

Il y a quelques années, un ex-haut responsable sécuritaire juif a publié un livre où il atteste de l’implication du roi Hassan II dans des affaires d’espionnage au profit d’Israël, dont notamment les discussions secrètes qui se sont déroulées au Maroc entre les dirigeants de la Ligue arabe.    

Nombreux sont les Marocains qui se rappellent en outre l’engagement du roi Mohammed V (1909-1961) à protéger les juifs persécutés par le régime de Vichy dans les années 1940.

Pour la plupart des Marocains lambda, la décision du roi Mohammed VI de normaliser les relations du royaume avec Israël n’est donc pas une surprise ; c’est tout simplement un pas naturel supplémentaire sur le chemin des relations de coopération tenues jusque-là pour secrètes.

Le royaume a toujours entretenu avec Israël des relations politiques et diplomatiques solides, qui se sont traduites par une coopération économique et culturelle remarquable.               

Mohammed VI flanche devant MBZ

Les déclarations spectaculaires de Trump sur la normalisation des relations entre le Maroc et Israël et la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les États-Unis sont tombées tel un couperet.

Personne ou presque ne s’attendait à ce que le royaume bascule si vite vers une normalisation, malgré la vague d’accords qui a vu ces derniers mois les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn puis le Soudan normaliser leurs relations avec Israël.

Le monarque voit désormais son leadership régional s’effriter devant les princes forts du Golfe

L’engagement déclaré du royaume à défendre la cause palestinienne, dans le cadre du Comité al-Qods, présidé par le roi Mohammed VI, ne laissait pas présager, du moins dans le court terme, un accord secret visant la normalisation en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara occidental. En effet, il y a quelques mois encore, les officiels marocains parlaient de « rumeurs infondées ».

Après l’annonce de ce jeudi, le ministre marocain des Affaires étrangères s’est trouvé dans une situation embarrassante. Voulant se dérober à ses déclarations précédentes, il a tenté maladroitement de dissocier la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental de la normalisation du royaume avec Israël.

Dans le même temps, il a avancé que la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental, qui sera basée uniquement sur la proposition d’autonomie formulée par Rabat, a pris deux ans de négociations.

Une tentative de la part de la diplomatie marocaine de sauver la face, en donnant la fausse impression que le royaume n’avait pas subi de pressions, notamment de la part de Mohammed ben Zayed (MBZ), dirigeant de facto des EAU et homme fort des Américains dans le Golfe, qui semble avoir réussi à sortir le roi Mohammed VI de sa torpeur diplomatique.

Le monarque voit désormais son leadership régional s’effriter devant les princes forts du Golfe, même s’il peut se consoler avec la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Une reconnaissance qui devrait être, cependant, entérinée par la nouvelle administration du président élu Joe Biden et validée par les puissances mondiales.         

Les islamistes du PJD dans une impasse

Au plan national, et sans grande surprise, les leaders des partis politiques et les responsables locaux et régionaux se sont empressés de saluer l’initiative royale, en la qualifiant tous, sans exception, d’« événement historique et de victoire de la diplomatie royale ».

C’est le cas notamment de Sidi Hamdi Ould Rachid, président de la région Laâyoune-Sakia El Hamra (Istiqlal ; droite) et aussi de son père Moulay Hamdi Ould Rachid, président du Conseil municipal de Laâyoune, qui comptent, tous les deux, organiser des rassemblements populaires dans le Sahara afin de célébrer la décision américaine.

C’est le cas aussi des chefs des partis politiques, dont notamment Nabil Benabdellah (PPS ; gauche), Aziz Akhnouch (RNI ; centre) et Driss Lachgar (USFP ; gauche), qui ont tous applaudi « la sagesse de la décision américaine et le succès retentissant de la diplomatie royale ».

Les islamistes au pouvoir n’ont d’autre choix que de rallier la position officielle du régime, sans quoi ils seraient inéluctablement attaqués par les autres partis politiques

Après l’annonce de la décision du président Trump, une source fiable au sein de l’exécutif, sous couvert d’anonymat, nous a confié que les membres du secrétariat général du PJD (islamiste ; au pouvoir) s’étaient donné rendez-vous, le jeudi en début de soirée, au siège principal du parti à Rabat pour discuter de la nouvelle donne politique et du positionnement du parti sur la cause palestinienne, surtout à la veille des prochaines élections.

Le chef du gouvernement, Saâdededdine el-Othmani, secrétaire général du PJD, aurait donné pour directive à ses partisans, notamment au sein de la jeunesse du parti, de rallier d’une manière inconditionnelle l’initiative royale, qui a permis au Maroc, selon lui, d’obtenir la reconnaissance américaine historique de la marocanité du Sahara occidental.

Sur le site web du parti, les responsables de la communication ont fait en sorte de diluer tout ce qui se rapporte à Israël dans des titres trompe-l’œil, qui mettent en avant la victoire diplomatique du Maroc sur le Polisario ou encore la décision américaine d’adopter la solution marocaine sur le Sahara occidental et d’ouvrir un consulat à Dakhla.

Face à cette décision royale impromptue prise sous les pressions des hommes forts du Golfe et dans un timing inapproprié, qui coïncide avec le départ du président Trump, les islamistes au pouvoir n’ont d’autre choix que de rallier la position officielle du régime, sans quoi ils seraient inéluctablement attaqués par les autres partis politiques, dont certains voient dans la normalisation avec Israël, à la veille des élections législatives marocaines d’octobre 2021, une opportunité de choix pour fragiliser davantage le socle idéologique du PJD, fondé notamment sur l’adhésion indéfectible à la défense de la cause palestinienne.

Un coup dur pour le chef du gouvernement actuel, qui n’a cessé de déclarer que la normalisation avec Israël n’était pas une question d’actualité et que le royaume n’était pas disposé à reconnaître l’existence d’Israël.

De leur côté, les Marocains lambda continueront à commenter l’actualité et à se poser des questions sur l’avenir de la question palestinienne, prise entre le marteau des intérêts politiques du régime et de sa pérennisation, et l’enclume de la pression internationale qui a eu raison, cette fois-ci, de la politique du « soft power » du roi Mohammed VI.

Ce dernier se place désormais derrière les puissants princes du Golfe, qui s’invitent avec force dans la région du Maghreb. Le pouvoir pourrait se targuer d’avoir emprunté le chemin d’un « smart power », un pouvoir intelligent, raisonnable et avisé qui privilégierait l’« agir collectif » pour préserver l’intégrité territoriale du royaume. Mais encore faut-il que le régime de Mohammed VI soit capable de composer démocratiquement avec les voix de l’opposition et qu’il décide de couper avec l’autoritarisme et l’oppression des libertés.
Par ailleurs, le Maroc devra prendre en considération les contraintes de la communauté internationale, à l’image de l’ONU, qui a déjà émis des réserves quant à la décision unilatérale du président Trump de reconnaître la marocanité du Sahara, laquelle ne prend pas la mesure des effets collatéraux d’une telle initiative sur la région, notamment sur l’avenir des relations entre le Maroc et l’Algérie, qui soutient le Polisario.

L’administration du nouveau président américain Joe Biden sera invitée à apporter des réponses à toutes ces questions et à tester, par là-même, sa capacité effective à préserver la paix, la démocratie et les droits de l’homme dans le cadre d’un « agir collectif » qui ne favorise pas la recrudescence de l’autoritarisme et des guerres entre les peuples et les nations.  

SOURCE ORIGINAL
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Normalisation Maroc-Israël : des heureux, des mécontents et des déçus

Par 
Le Point.fr/ 11/12/2020

REVUE DE PRESSE. Au cœur du rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, la question du Sahara côtoie désormais la question palestinienne.
C’est une décision qui « chamboule durablement la donne géopolitique dans la région nord-ouest africaine », de l’aveu du site d’informations marocain Le 360. Ce jeudi 10 décembre, en quelques tweets, le président américain Donald Trump « a fini par franchir le Rubicon en reconnaissant, sans équivoque, la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara atlantique ». Une reconnaissance américaine négociée en échange de la normalisation des relations entre l’État hébreu et le Royaume chérifien.

L’ annonce, qui « survient un mois après le début de la dégradation de la situation au Sahara occidental », nous apprend le média algérien TSA [des violences ayant éclaté dans la zone tampon de Guerguerat lors d’une manifestation, le Front Polisario s’était retiré de l’accord de cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, NDLR] fait du Maroc « le quatrième pays arabe à mettre de côté l’hostilité avec Israël au cours des quatre derniers mois », affirme le quotidien égyptien Al Ahram, après le SoudanBahreïn et les Émirats arabes unis.

Des relations pas si nouvelles que ça

Si pour le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, « l’accord est historique », le site du Centre d’études et de consultations mauritanien Essahra rappelle tout de même que « la question de la normalisation des relations entre Rabat et Israël avait été relancée en février dernier à l’occasion d’une visite officielle au Maroc du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo ». « À l’époque, des médias israéliens assuraient que le Maroc serait prêt à faire un geste en contrepartie d’un soutien américain à la position du Maroc sur le Sahara occidental », assure l’article.

Pour TSA, le rapprochement entre le Maroc et Israël remonte même « à plusieurs années » et se matérialise « notamment dans le domaine économique et commercial ». Ce que confirme un haut diplomate cité par le journal palestinien Al Ayyam : la décision marocaine n’est pas « une question de reconnaissance, mais plutôt de reprise des relations existantes ».

« Des bureaux de liaison ont fonctionné par le passé, pendant six ans, rappelle en effet Le 360. En 1994, le roi Hassan II avait rétabli des relations diplomatiques à un niveau subalterne (comprenez sans ambassadeur). En prenant cette décision, le Maroc était devenu à l’époque le troisième pays – après l’Égypte et la Jordanie — à établir des relations formelles avec l’État hébreu. » Mohammed V les a finalement rompus le 21 octobre 2000, à la suite du déclenchement de la seconde Intifada, « en signe de soutien aux Palestiniens ».

Toujours selon le média marocain, un lien spécial unit tout de même les deux pays, qui repose en grande partie sur la communauté juive marocaine avec laquelle « le Maroc n’a jamais rompu ». « La Constitution de 2011 consacre d’ailleurs par son préambule la richesse et la diversité des composantes spirituelles et culturelles (y compris l’affluent hébraïque) qui forgent l’identité des Marocains », rappelle le média, qui ajoute : « Les Israéliens d’origine marocaine restent, de leur côté, attachés à leur pays et ne s’en cachent pas. » « Certains parmi eux occupent des postes de haut rang dans l’administration israélienne : pas moins de dix ministres du gouvernement de Benyamin Netanyahou, installé en mai dernier, sont d’origine marocaine », précise-t-on. Depuis une vingtaine d’années, c’est également via « des échanges culturels » que s’inscrivent les relations entre le Maroc et Israël.

 

Au-delà des liens culturels, des ouvertures économiques

Avec la reconnaissance marocaine, des échanges pourraient bien désormais se concrétiser aussi sur le plan économique. Car, hier, « le Royaume a accédé à une vieille demande israélienne : l’établissement d’une liaison aérienne pour le transport des membres de la communauté juive marocaine et des touristes israéliens en provenance et à destination du Maroc », indique Le 360. Mais c’est surtout la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis – en contrepartie de la normalisation des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël – qui promet les plus fortes retombées économiques.

Pour le site d’informations marocain, le Sahara est même un « futur eldorado des investisseurs américains ». Car « malgré sa faible densité de population, la région est riche de ses multiples ressources en poissons et en bétail, en minéraux et en pétrole », explique le journal égyptien Al Shourouk« La ville de Laâyoune est l’une des villes industrielles les plus importantes de la région, précise-t-on. Les Émirats arabes unis et la Jordanie y ont d’ailleurs récemment annoncé l’ouverture de leurs propres consulats, [pour faciliter] les activités industrielles, de pêche et d’exportation. »

La ville côtière de Dakhla, plus au sud, possède également de nombreux atouts, comme sa zone industrielle portuaire, « dont les revenus constituent une ressource essentielle pour le développement local ». « D’importantes ressources minérales », « du pétrole », mais aussi « un cheptel de bétails de taille – 30 000 chameaux et plusieurs milliers de vaches » font de la région un pôle économique à haut potentiel. Un communiqué du cabinet royal, relayé le 10 décembre par Le 360, annonce d’ailleurs « l’ouverture d’un consulat [américain] à Dakhla, à vocation essentiellement économique, en vue d’encourager les investissements américains et de contribuer au développement économique et social, au profit notamment des habitants des Provinces du Sud ».

Transformer des opportunités pour le Maroc

Pour Omar Belmamoun, qui dirige les activités de Total Eren au Maroc, l’initiative permettra à de grands projets américains de se concrétiser sur le sol marocain. Par exemple, « le vaste plan d’électrification de l’Afrique, Power Africa, doté de 16 milliards de dollars, lancé par l’ancien président Barack Obama ». « En l’absence de projets structurants en Afrique dans le domaine des énergies, le Maroc est mieux placé pour se positionner en tant que hub énergétique entre l’Europe et l’Afrique, explique le haut responsable au site d’informations. L’expertise marocaine et le cadre réglementaire énergétique marocain permettront de combler le manque de projets énergétiques structurants bancables en Afrique subsaharienne. » Avec la reconnaissance américaine du Sahara occidentale, « le Maroc n’est donc plus seulement l’allié géostratégique, mais un sérieux et potentiel allié géo-économique des entreprises américaines qui veulent conquérir des marchés africains et sud-est méditerranéens », affirme pour sa part, au même média, l’économiste Abdelghani Youmni.

L’Algérie « groggy »…

De l’autre côté de la frontière, en revanche, les conséquences pourraient être beaucoup moins heureuses. Pour le quotidien algérienEl Khabar, « la décision de Trump menace les relations algéro-américaines ». Sarah Yerkes, membre du programme Moyen-Orient du Carnegie Endowment for International Peace, et dont les propos ont été initialement publiés dans le New York Times, soutient que « la décision du président américain Donald Trump de soutenir la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est susceptible de provoquer des frictions avec l’Algérie et de compromettre gravement les relations » entre les deux pays.

« Ce que l’Algérie craignait le plus au monde est finalement arrivé », renchérit Le 360 dans son article « Reconnaissance de la marocanité du Sahara par les USA : le tandem Algérie-Polisario groggy ». « Comme on peut l’imaginer, la stupeur et le désespoir du régime algérien sont à leur comble », affirme le média pour qui « l’homme malade du Maghreb doit prendre le train en marche, et faire définitivement le deuil d’un État fantôme qui lui aurait servi de marchepied vers l’Atlantique ».

Algérie patriotique pour sa part s’inquiète davantage de « l’officialisation du couple Maroc-Israël », une décision par laquelle « l’ennemi s’approche de l’Algérie ». « Israël s’est donc définitivement implanté au Maghreb et rien ne dit que la Mauritanie n’emboîtera pas le pas au Maroc dans les semaines ou les mois à venir ». Pour le média, le constat est préoccupant : « l’Algérie se verra ainsi coincée entre un voisin à l’ouest qui offre à Tel-Aviv l’opportunité d’officialiser sa présence en Afrique du Nord et de s’y enraciner, une Libye morcelée et en proie aux convoitises de puissances étrangères qui se livrent une guerre par procuration, et un Sahel pris en étau entre les groupes terroristes et l’armée française », écrit-il.

Au Proche Orient, aussi, la décision marocaine inquiète, bien que Mohammed VI ait assuré dans un communiqué relayé par Le Matin d’Algérie que « ces mesures n’affectaient en aucune manière l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste ». Ainsi, d’après le quotidien palestinien Al Ayyam« les factions palestiniennes condamnent la décision du Maroc ». Pour le Front populaire de libération de la Palestine, ce 10 décembre est « un jour noir dans l’histoire du peuple palestinien ». Pour le Hamas, qui s’exprime par la voix de son porte-parole Hazem Qassem, « la normalisation encourage l’occupant à continuer de nier les droits de notre peuple ».

Et selonPalestine Chronicle, « la nouvelle est arrivée comme une autre déception pour les Palestiniens qui regardent leurs anciens alliés arabes rejoindre le camp israélien alors que les Palestiniens restent sous occupation militaire israélienne ». « Jusque récemment, la stratégie politique arabe officielle à l’égard de la Palestine reposait sur l’idée qu’aucune normalisation ou reconnaissance d’Israël ne précéderait jamais la fin de l’occupation israélienne de la Palestine et l’établissement d’un État palestinien, explique le site. À en juger par les nombreuses décisions en faveur de la normalisation, cette maxime ne semble plus en vigueur. » Dans la lignée de la position officielle, Le 360 assure que la décision du Maroc « ne remet nullement en cause l’engagement du Maroc pour la défense de la cause palestinienne, si chère à tous les Marocains ». Pour le média en ligne, la normalisation des relations avec Israël « ne fait que refléter le soutien du Maroc à une solution fondée sur deux États vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité ».

Pour certains médias algériens, le départ de Donald Trump en janvier prochain, et l’arrivée au pouvoir du démocrate Joe Biden, pourrait bien changer la donne, et mettre des bâtons dans les roues à cette relation naissante. « La décision de Trump n’est à ce stade qu’une déclaration sur laquelle Biden peut facilement revenir, et soutenir un règlement négocié par les Nations unies », écrit El Khabar. Pour le journal, « la décision de Trump met les États-Unis en désaccord avec l’opinion publique mondiale et menace de transformer le conflit en guerre ouverte […], voire en conflit régional, qui pourrait ouvrir des portes à des groupes terroristes d’Afrique de l’Ouest ». Dans une moindre mesure, le journal en ligne marocainLe Desk le reconnaît : l’initiative américaine est « une patate chaude pour les démocrates ». « En signant une proclamation présidentielle reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara, Donald Trump met la future administration démocrate dans une situation difficile », admet-il. L’équipe de Joe Biden reviendra-t-elle sur la décision de son prédécesseur ? « Il n’y a rien d’irréversible », pense le média algérien TSA.

SOURCE ORIGINAL

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Aperçu de l’actualité

Quand John Le Carré soulignait « l’extraordinaire » Israël qui l’avait « chamboulé »

TIMES OF ISRAEL STAFF, 14 décembre 2020,

Dans un entretien rare d’il y a 22 ans, l’auteur de thrillers avait évoqué Israël et les Juifs ; Smiley aurait pu être Juif, avait-il dit de son personnage le plus célèbre

Dimanche à l’âge de 89 ans. Il nourrissait une profonde admiration pour les Juifs et pour Israël.

Des personnages juifs étaient imbriqués dans un grand nombre de ses romans et ses recherches qui devaient déboucher, en 1983, sur La petite fille au tambour lui avaient permis de découvrir réellement, pour la toute première fois, Israël – une visite qui l’avait « chamboulé », avait-il expliqué dans un rare entretien accordé en 1998 à Douglas Davis de la Jewish World Review.

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Tsahal envoie un puissant message aux terroristes : une hanoukkia allumée dans un des tunnels du Hamas

Le Monde Juif.info, 14 Déc 2020

 

La hanoukkia, qui est utilisée lors de la fête juive miraculeuse de Hanoucca, est un chandelier à neuf branches dont une branche particulière est appelée shamash.

Fin octobre, l’armée israélienne avait annoncé avoir découvert un nouveau tunnel terroriste du Hamas qui prenait naissance dans la bande de Gaza et débouchait en territoire israélien. Le tunnel pénétrait sur plusieurs mètres en territoire israélien, mais il restait du côté gazaoui de la barrière de béton qui entoure l’enclave palestinienne.

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