Kurdes : le conflit turco-syrien en trois questions
Gabriel Nedelec,
Les Echos,10 oct. 2019
La Turquie a lancé son offensive contre les Kurdes du nord-est de la Syrie malgré les appels au calme de nombreux dirigeants internationaux. « Les Echos » font le point sur ce conflit qui pourrait avoir de lourdes conséquences dans la région.
Par Gabriel Nedelec
Les Echos, 10 oct. 2019 à 7h14
La Turquie est passée à l’attaque. Après de nombreuses tractations internationales tout au long de la matinée, Recep Tayyip Erdogan a annoncé le lancement d’une offensive dans le nord-est de la Syrie pour déloger les forces kurdes qui l’occupent depuis 2016. Nombreux sont les dirigeants qui ont appelé le président turc à revenir sur sa décision. Peu après le début de l’offensive, la Commission européenne, la France et l’Allemagne notamment ont appelé la Turquie à mettre un terme à son attaque.
La Turquie profite notamment du retrait des troupes américaines de Syrie, dont l’annonce a été faite en début de semaine par Donald Trump, aux côtés desquelles les Kurdes se sont battus face à l’Etat islamique (EI). Cette décision remonte en réalité au début de l’année. Déjà à l’époque, Recep Tayyip Erdogan avait promis de passer à l’acte. « Les Echos » font le point sur ce conflit qui pourrait avoir de lourdes conséquences dans la région.
Qui sont les Kurdes pris pour cible par Ankara ?
Les Kurdes sont le plus grand peuple apatride de la planète. Le territoire qu’ils occupent recouvre pas moins de quatre pays limitrophes : la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Entre 15 et 17 millions de Kurdes vivent ainsi dans le sud-est de la Turquie. Dix millions sur la bordure ouest de l’Iran. Entre 5 et 6 millions dans le nord de l’Irak et enfin un peu plus de 2 millions dans le nord-est de la Syrie.
Dans chacune de ces régions, les peuplades kurdes ont tenté de s’organiser politiquement malgré les réticences des Etats au sein desquels ils vivent. Le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) a ainsi été créé en 1978 pour unifier les Kurdes de Turquie et militer pour l’indépendance de la région où l’ethnie est majoritaire. Considérée comme organisation terroriste par de nombreux pays (dont les Etats-Unis et l’Union européenne), le PKK a notamment inspiré la création du Parti de l’union démocratique (PYD), en Syrie, et du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), en Iran, qui lui sont liés. En Irak, les Kurdes ont obtenu officiellement depuis 2005 un territoire autonome.
Les Kurdes peinent à s’intégrer dans leurs pays respectifs et font régulièrement l’objet de persécutions. L’un des massacres les plus emblématiques subits par les Kurdes remonte à 1988, lorsque Saddam Hussein a tué environ 5.000 Kurdes à l’arme chimique dans la ville irakienne de Halabja.
Quel rôle ont joué les Kurdes pendant la guerre contre l’EI ?
Les Kurdes ont été le fer de lance de la guerre contre l’EI. Les milices kurdes sont principalement réparties en trois groupes : les Peshmergas du Gouvernement région du Kurdistan Irakien (GRK), les Unités de Protection du Peuple (YPG, la branche armée des Kurdes de Syrie) et les soldats du PKK.
En reprenant Kobané aux mains des guerriers du Khalifa, les Kurdes ont été les premiers à infliger une défaite symbolique à l’EI. Par la suite, ils ont été en première ligne pour reprendre, entre autres, les villes de Tell Abyad mais aussi de Raqqa, qui fut un temps la capitale politique et militaire de l’EI.
Ces prises ne sont pas non plus anodines pour les Kurdes : elles sont essentielles au projet du PYD de créer un Kurdistan autonome en Syrie. Ce projet sera concrétisé un an plus tard grâce à la jonction des trois cantons d’Afrine, de Kobané et de la Djézireh et prendra le nom de Système fédéral démocratique de Syrie du Nord, ou Rojava. Cependant, le 18 mars 2018, l’enclave d’Afrine est passée aux mains des Turcs et des forces rebelles syriennes.
Le Pentagone avertit d’une résurgence de Daesh en Syrie et en Irak
Le rôle primordial des Kurdes dans la guerre contre l’EI a également eu des incidences sur la politique intérieure des Etats-Unis. L’annonce, fin 2018, de Donald Trump souhaitant retirer ses troupes de Syrie – et donc d’abandonner les Kurdes à la fureur de Recep Tayyep Erdogan – a mis le feu aux poudres entre le président américain et son secrétaire d’Etat à la Défense, James Mattis. Au point de pousser ce dernier à la démission. Et La décision du milliardaire de passer à l’acte en début de semaine lui a de nouveau valu des critiques au sein même de son parti.
Pourquoi la Turquie s’en prend-elle à eux ?
Comble de l’histoire, Ankara a justifié son attaque en affirmant que les YPG, qui occupent le nord de la Syrie, sont des alliés du PKK, mais également de… Daesh. Une affirmation surprenante alors que la milice a justement gagné ses galons auprès des Occidentaux dans la lutte contre l’EI, lui valant même d’être ravitaillé en armement pas plus tard que la semaine dernière.
Syrie : pourquoi la Turquie passe à l’assaut contre les Kurdes
Cette bande de territoire syrien longue de 120 km et profonde d’une trentaine de kilomètres dans le nord du pays, pourrait également, selon la Turquie, servir à terme de zone tampon pouvant accueillir une partie des 3,6 millions de Syriens actuellement réfugiés en Turquie. Mais cela paraît peu probable pour des raisons de logistique et de sécurité.
C’est la troisième offensive d’Ankara en Syrie depuis 2016. La dernière, en mars 2018, avait permis à son armée de s’emparer d’une partie du canton d’Afrine. Selon l’ONU, plus de 320.000 habitants de l’enclave avaient dû fuir leurs foyers, pour la plupart pillés.
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Nettoyage ethnique des Kurdes en Syrie : la stratégie néo-impérialiste d’Erdogan
Alexandre del Valle
Lundi 14 octobre 2019
https://www.valeursactuelles.com/monde/nettoyage-ethnique-des-kurdes-en-syrie-la-strategie-neo-imperialiste-derdogan-111754
L’opération turque lancée le 9 octobre contre les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes et les Forces démocratiques syriennes arabo-kurdes (FDS), a déjà entraîné la mort de plus de 150 personnes et l’exode de 200 000 civils, majoritairement kurdes. Derrière l’ordre de mission officiel, il s’agit surtout pour Erdogan de créer une “zone sûre” destinée à accueillir à terme les réfugiés syriens en Turquie.
Alors que le chef du Pentagone Mark Esper a annoncé ce dimanche le retrait de 1000 soldats américains du nord de la Syrie, selon la décision de Donald Trump, l’armée turque a annoncé avoir pris Tal Abyad et même Ras al-Aïn, bien que les forces kurdes continuent de défendre leurs positions. L’armée turque prétend avoir pris Sari Kani — ce qui est contesté par les FDS qui affirment que la bataille pour le contrôle de la ville fait toujours rage. Au total, les forces pro-turques se sont déjà emparées de 40 villages depuis mercredi. D’après l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, si l’on ajoute aux 40 civils tués depuis le début de l’assaut mercredi dernier les 90 combattants et combattantes kurdes déjà tuées dans les affrontements, les morts côté kurde s’élèvent déjà à plus de 130. Quant à l’Armée d’Ankara, elle a reconnu avoir perdu quatre combattants en Syrie et 18 civils tués par des roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques. Cibles favorites des islamistes sunnites, 8 villages yézidis frontaliers du Rojava kurde-syrien ont dû être évacués. Au total, depuis le 9 octobre, 200 000 civils auraient déjà fui les attaques des milices islamistes pro-turques de l’Armée nationale Syrienne (ANS). A terme, si l’opération “Sources de la Paix” devait s’intensifier et durer longtemps et si les Kurdes continuaient d’être lâchés par les Occidentaux, notamment leur ex-protecteur américain, un véritable drame humanitaire se profilerait pour les 6 millions de civils, kurdes, arabes, arméniens, assyriens, yézidis, etc, qui vivent dans le Nord-Est de la Syrie. Au total, depuis mercredi, les Kurdes ont perdu près de 25 villages. D’après le média kurde Ronahi TV, Ankara aurait tenté de sauver et libérer ce dimanche des prisonniers de Daech retenus dans le camp d’Ayn Isa, en bombardant les alentours du camp. Une partie des détenus ont d’ailleurs réussi à fuir avec nombre de familles de jihadistes, le chiffre avancé par plusieurs sources est d’environ 800 jihadistes et parents ou proches de jihadistes étrangers membre de Daech. Rappelons que 12 000 combattants de l’EI, Syriens, Irakiens puis 3 000 étrangers originaires de 54 pays — dont 2000 Européens — sont détenus dans les prisons sous contrôle des Kurdes. Une véritable bombe à retardement aux mains du pouvoir d’Ankara quand on sait que Washington a confié aux Turcs la “surveillance” des jihadistes…
Les buts de guerre d’Erdogan et des militaires turcs
L’objectif du pouvoir d’Ankara est depuis le début de la crise syrienne d’installer dans cette future “zone de sécurité” du Nord-syrien une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens accueillis en Turquie et dont la présence est de plus en plus mal supportée par la population turque et les électeurs mêmes d’Erdogan. Rappelons qu’entre 2016 et 2018, la Turquie d’Erdogan avait mené deux offensives dans le Nord syrien. Le plan du président turc et de ses généraux a bien entendu également pour objectif de profiter de l’éradication des forces kurdes YPG/FDS et de l’exil de centaines de milliers de civils kurdes pour élargir sa “profondeur stratégique” dans le Nord de la Syrie, ex-colonie turque. Cette stratégie d’expansion correspond à une véritable vision irrédentiste néo-ottomane également palpable en Irak, à Chypre, dans les îles grecques de la mer Égée ou dans les Balkans, ou partout le néo-Sultan-Calife Erdogan affirme se sentir chez lui, là où régna la Sublime Porte. L’offensive d’Ankara devait d’abord se concentrer sur une zone frontalière située entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes de 120 km. A terme, Erdogan compte contrôler une vaste bande au nord de la Syrie profonde de 32 km et allant de l’Euphrate (Ouest) jusqu’aux frontières de l’Irak. La stratégie et les “buts de guerre” d’Ankara en Syrie mêlent donc à la fois des mobiles ethno-nationalistes, sécuritaires, néo-impérialistes, économiques (pétrole) et même religieux, pour ne pas dire “panislamistes”. Les supplétifs arabes-syriens qui se battent aux côtés de l’armée turque dans le cadre de l’Armée Nationale Syrienne (ANS) sont en effet composés d’anciens rebelles islamistes ayant combattu le régime syrien et qui ont trouvé refuge dans le Nord-Ouest sous protection turque après avoir dû quitter les zones rebelles reprises par Damas et ses alliés russes et iraniens depuis 2016 dans l’Ouest et dans le Sud du pays notamment.
Guerre turque contre les “terroristes” ? tout dépend comment et qui définit-on comme terroristes…
Officiellement, Ankara assure ne pas combattre les Kurdes en tant que tels mais les “terroristes” du PKK et leurs branches syriennes PYD/YPG/YPJ. Fidèle à sa position annoncée depuis le début de la guerre civile syrienne, Recep Taiyyp Erdogan a assuré que son pays ne « permettra pas la création d’un Etat terroriste dans le nord de la Syrie ». Quant au président français, il a déclaré dimanche soir que l’offensive turque en Syrie est « au cœur de nos préoccupations » et « qu’elle doit cesser », après avoir échangé (en vain) avec les présidents Trump et Erdogan. En guise de pression, Paris a annoncé « suspendre les exportations vers la Turquie de matériels de guerre susceptibles d’être employés » en Syrie. Quant à son homologue allemande, Angela Merkel, elle s’est également entretenue avec le président turc ce dimanche afin de lui faire part (en vain) de sa préoccupation face à « la menace de Daech encore très forte », annonçant elle aussi sa décision de suspendre ses ventes d’armements à la Turquie. La Suède, l’Italie et d’autres pays de l’UE ont eux aussi plus ou moins emboité le pas au tandem franco-allemand. C’est ainsi que le conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne, qui se réunira cette semaine, le 14 octobre à Luxembourg, a fait figurer en bonne place dans son ordre du jour la coordination d’une « approche européenne en ce sens », laquelle risque d’être — comme d’habitude face au Sultan turc — divisée et peu offensive. Face aux pressions occidentales, atlantiques et françaises, le président turc Erdogan, loin de se laisser impressionner et uniquement décidé à plaire à ses électeurs islamistes, a d’ailleurs affirmé dans un discours à Istanbul que « rien ne stoppera [son] opération », ni les embargos, ni l’arrêt des ventes d’armes, ni l’annonce de Damas d’envoyer des troupes pour contrer l’offensive turque. Selon nos informations, des positions kurdes où étaient postés également des forces spéciales américaines et françaises ont été visées par les bombardements de l’aviation turque. L’idée étant de faire partir les dernières forces occidentales afin d’avoir le champ libre, Erdogan sachant que ses partenaires de l’OTAN sont prêts à lui céder les Kurdes pourvu qu’il demeure dans le giron atlantiste et n’aille pas plus loin dans son flirt avec Moscou… Sans parler des questions des migrants et des jihadistes relâchés des prisons kurdes… Erdogan connait bien sa capacité de nuisance couplée aux divisions inter-occidentales.
Les crimes de guerres des milices arabes pro-turques contre les forces et civils kurdes de Syrie
Dans le cadre des récents combats de ce week end, dans lesquels les Kurdes ont perdu 10 soldats supplémentaires, ainsi que des civils; les supplétifs des milices islamistes pro-turques ont annoncé avoir fait « exécuter », au sud de la ville frontalière de Tal Abyad, lors d’une embuscade contre un convoi de civils près de Girê Sipî (Tell Abyad), Hevrin Khalaf, la secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, liée au parti kurde syrien PYD. Sa voiture a été arrêtée sur une autoroute syrienne par des membres des milices pro-turques, qui l’ont tuée ainsi que son chauffeur et huit autres personnes. Fidèles à la “tradition” djihadiste, les assaillants islamistes pro-turcs ont filmé les exécutions contre les civils puis diffusé sur internet des vidéos de Hevrin Khalaf tuée ainsi que de nombreux civils et combattants désarmés puis sauvagement exécutés. Ceci donne un avant-goût de ce que deviendrait la “zone” de sécurité que la Turquie veut édifier pour y loger des opposants et civils syriens islamistes exilés en Turquie. Ankara est d’ailleurs apparue embarrassée par les exactions des forces arabo-islamistes pro-turques et a demandé à la direction de l’Armée Nationale Syrienne (qui fédère les milices arabes et turkmènes pro-Ankara) d’ordonner à ses combattants de cesser de publier des vidéos d’affrontement et de meurtres sur le terrain.
L’Armée Nationale Syrienne ou la façade pro-turque de l’opposition islamiste anti-Assad et anti-Kurde
Déjà connue pour ses atrocités et maintes violations des droits de l’homme à Afrin, ville syrienne du Nord-Ouest de l’Euphrate sous le contrôle des milices pro-turques depuis mars 2018, la soi-disant “Armée Nationale syrienne”, qui rassemble nombre de groupes rebelles islamistes aux méthodes n’ayant souvent rien à envier à Daech et Al-Nosra, sème la terreur aux côtés de l’Armée turque depuis mercredi dernier aux cris très souvent entendus et filmés de “Allahu Akbar!”… Forces Azaz, Mourad Sultan, Ahrar Sharqiya, etc, ces légions rebelles islamistes composées de Syriens sunnites arabes et turkmènes sont en train de reproduire aux portes de Ras al-Ain le même scénario de nettoyage ethnique que celui déploré dans l’Ouest de l’Euphrate depuis 2018 mais accompli dans l’indifférence générale de ladite “communauté internationale”. Aujourd’hui à la frontière du Rojava, la région autonome du nord-est de la Syrie contrôlée par les FDS kurdes, les milices islamistes syriennes et l’armée d’Ankara ont déjà réussi à provoquer la fuite de 200 000 civils kurdes et arabes pro-kurdes terrifiés par la barbarie “jihadiste” des forces pro-turques anti-Kurdes. « Allahu Akbar, filmez-moi, filmez-moi », crie un combattant en vidant le chargeur de son AK-47 dans le corps allongé d’un homme… Un autre apparaît avec un fusil de sniper et tire sur un autre homme. « Les cochons du parti kurde », crie un autre milicien islamiste arabe pro-turc , ceci en référence au principal parti politique du nord de la Syrie, le Parti de l’union démocratique. Ces vidéos dignes des jihadistes de Daech font bien évidemment du tort à Ankara et démontrent que les alliés/supplétifs de la Turquie en Syrie enrôlés dans l'”Armée Nationale syrienne” ne sont pas des démocrates laïques… D’où la décision de l’état-major de l’ANS, samedi dernier — et dont une copie a été postée sur Twitter — d’interdire désormais aux combattants d’enregistrer tout événement violent sur le champ de bataille, toute torture ou traitement inhumain de prisonniers de guerre et de civils étant considéré comme un crime de guerre. Reste à savoir si l’armée turque parviendra à contrôler ces milices islamistes venues dans le Nord syrien après avoir été vaincues par les forces pro-Assad et qui ont commis des exactions dans nombre d’autres zones de Syrie, parfois aux côtés des jihadistes de Daech ou Hayat Tahrir al Sham (Al-Qaïda/al-Nosra en Syrie).
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La Turquie est un Etat policier en guerre contre les Kurdes»
Alain Jourdan
Tribune de Genéve, 28 avril,2016
Öztürk Türkdogan préside l’Association turque des droits de l’homme. Il dénonce la passivité de la communauté internationale à l’égard du président Erdogan. De passage à Genève, il souhaite alerter l’ONU.
Pourquoi êtes-vous à Genève?
Pour remettre mon rapport à l’ONU et aux diplomates afin qu’ils ne se laissent pas berner par les manœuvres du gouvernement turc. Lequel essaie de minimiser ce qui se passe depuis un an. Mais aujourd’hui, il faut ouvrir les yeux. La Turquie est devenue un Etat policier. Le pouvoir s’est lancé dans une véritable guerre.
Vous faites allusion aux combats dans les zones kurdes?
Pas seulement. Nous faisons face à une vague de répression qui vise les responsables politiques, les défenseurs des droits de l’homme et les médias. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés, des sites d’information sont fermés, les médias sociaux sont sous contrôle. Les libertés sont bafouées. Dans les régions habitées par les Kurdes, la situation est encore plus grave et l’injustice plus criante. Il y a des couvre-feux permanents et les forces de sécurité tuent des civils.
Vous avez dressé le bilan des violences dans ces régions?
Depuis le 15 janvier, environ mille personnes ont trouvé la mort; la plupart ont été tuées par les forces militaires. Les villes de Cizre, Silopi, Nusaybin et Yuksekova ont été détruites à 50% et 500 000 personnes ont été déplacées. Cela risque d’entraîner une nouvelle vague de migrants.
L’Europe en a conscience?
Pour l’instant, l’Europe protège le gouvernement turc, qui a pactisé avec les djihadistes en Syrie. Quant à Angela Merkel, elle mène une politique très hypocrite. Tout cela ne va pas pouvoir durer. La guerre en Syrie a détourné l’attention. Mais lorsque les Etats-Unis en auront fini avec les groupes islamistes, nous pensons qu’ils vont s’occuper du cas de la Turquie et d’Erdogan.
Pourquoi le pouvoir a-t-il renoncé à négocier avec les Kurdes?
Les scores du Parti démocrate kurde (HDP) constituaient une menace pour Erdogan et son parti, l’AKP. Il fallait créer un climat de tension pour briser cet élan. A présent, le pouvoir accuse les responsables du HDP et ses six millions d’électeurs d’être proches du PKK. C’est une manipulation. Il n’est plus question de négocier avec ce mouvement, au prétexte que c’est un groupe terroriste. Mais l’argument ne tient pas. Que ce soit avec l’ETA, l’IRA ou encore les FARC, il y a bien eu un moment où les Etats concernés ont entamé des négociations.
Le conflit syrien a-t-il compliqué les choses?
Evidemment. La Turquie sait que le destin des Kurdes de Turquie et de Syrie est lié. C’est la raison pour laquelle Ankara a mis un veto à la participation du PYD (Parti kurde syrien) aux négociations de Genève. Si le statut politique des Kurdes de Syrie est reconnu, cela ouvrira une brèche. Ce que redoute Erdogan. Mais cette échéance est inéluctable au regard de la contribution kurde au recul des milices islamistes. La Turquie ne peut rien y faire. Tôt ou tard, elle sera obligée de revoir sa politique.
Pourquoi la Turquie tenait-elle tant à faire enlever la photo exposée sur la place des Nations ces jours derniers?
Par réflexe. Cela vous donne une idée de ce que nous vivons quotidiennement, mais à une autre échelle.
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Actualité
25 ans après, Israël et la Jordanie ignorent l’anniversaire du traité de paix
La coopération sécuritaire est bonne, mais le commerce est en déclin, les relations diplomatiques sont glaciales et “l’île de la paix” symbolise des liens de plus en plus tendusPar RAPHAEL AHREN et ADAM RASGON25 octobre 2019,
Il y a vingt-cinq ans, le 26 octobre 1994, Israël et la Jordanie ont mis fin à des décennies d’hostilité et de guerres sanglantes en signant un « traité de paix » dans la vallée de la Arava, du côté israélien de la frontière.
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i24NEWS, 29 octobre 2019
“Les Juifs ont leur place en France, ils y sont aimés et leur départ est une amputation” (E. Macron à i24NEWS)
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