Covid-19 : un brevet de l’Université de Tel-Aviv pour développer un vaccin dans quelques mois qui cible le talon d’Achille du virus
Israelscienceinfo.com,22 avril 2020
Le Prof. Jonathan Gershoni de l’École de biologie cellulaire moléculaire et de biotechnologie de la Faculté des sciences de la vie de l’Université de Tel-Aviv a reçu l’approbation du Bureau américain des brevets pour la conception d’un vaccin innovant contre les virus de la famille du corona. Ciblant le « talon d’Achille du virus », la zone de liaison de son enveloppe avec la cellule humaine qu’il cherche à pénétrer, la plate-forme immunitaire développée servira de base à un nouveau vaccin qui pourrait être prêt à l’emploi d’ici un an à un an et demi.
« J’étudie les interactions entre les virus et leurs récepteurs dans les cellules humaines depuis plus de 35 ans », explique le Prof. Gershoni. « En 2004, à la fin de l’épidémie du SRAS, nous avons commencé à explorer le virus qui le causait, et par la suite nous en avons fait de même avec le virus MERS, tous deux de la famille des coronavirus. Sur la base de ces recherches, nous avons développé une méthode immunitaire extrêmement efficace, et avons même déposé un brevet. Le nouveau coronavirus, SARS CoV2, qui provoque le COVID-19 nous a trouvé prêts, et nous pourrons rapidement adapter notre approche pour le développement d’un vaccin innovant et efficace ».
Cibler la zone la plus vulnérable du virus
La nouveauté de la méthode développée par le Prof. Gershoni réside dans sa capacité à cibler la réponse immunitaire sur la zone la plus sensible et la plus vulnérable du virus. « Le principe d’action des vaccins est, en règle générale, de faire en sorte que le système immunitaire développe des anticorps qui détectent le virus ou une partie de celui-ci et se lient à lui. De cette manière, l’anticorps bloque le virus et l’empêche de se fixer aux cellules et de les infecter », explique-t-il, « Aujourd’hui, les chercheurs du monde entier cherchent à développer un vaccin contre le corona, en se concentrant sur la protéine de l’enveloppe du virus, dont le rôle est de préparer la voie à son infiltration dans les cellules humaines. L’hypothèse est que les anticorps produits par l’organisme en réponse au vaccin se lieront à la protéine de l’enveloppe du virus et le neutraliseront. Le vaccin que nous développons procure au système immunitaire une cible plus précise ce qui augmente son efficacité ».
Comme il l’explique, l’enveloppe du virus est constituée entre autres par une grosse protéine, contenant environ 1 200 acides aminés, qui sert de cible dans la plupart des études. Certains chercheurs ont réduit leur cible à une zone plus petite de la protéine, contenant environ 650 acides aminés, appelée S1, et d’autres encore sont parvenu à restreindre la cible à une zone d’environ 200 acides aminés appelée RBD (domaine de liaison du récepteur – Receptor Binding Domain). Le problème est que ces zones relativement larges comprennent elles-mêmes une variété de cibles, et le système immunitaire produit des anticorps pour toutes sans distinction, ce qui réduit l’efficacité du vaccin. De plus, lors des essais menés avec les virus du SRAS et du MERS, on a constaté que lorsque la zone cible par les anticorps est trop grande, le virus développe des stratégies intelligentes qui lui permettent de leur échapper et même d’aggraver la maladie ».
« Par conséquent, plus nous réduirons l’objectif et ciblerons l’attaque, plus l’efficacité du vaccin sera grande », explique le Prof. Gershoni. « Or le RBD, ‘porte d’entrée’ du virus dans la membrane cellulaire, contient une zone encore plus petite d’environ 50 acides aminés, appelée ‘motif de liaison du récepteur’ (RBM – Receptor Binding Motif), qui est l’endroit exact de la membrane du virus qui identifie le récepteur sur la cellule humaine et se lie à lui pour la pénétrer et l’infecter. Le RBM est donc le point faible du virus, sans lequel la contamination ne se produit pas, et donc le virus fait tous les efforts possibles pour le dissimuler au système immunitaire humain. La meilleure façon de ‘gagner’ cette guerre contre le virus est donc de développer un vaccin qui cible spécifiquement le RBM ».
Eliminer la menace du corona dans le monde entier
Dans des études antérieures sur les virus du SRAS et du MERS, le Prof. Gershoni et son équipe ont réussi à surmonter des défis techniques complexes pour isoler et reconstituer la zone RBM du virus, étape essentielle dans le développement du vaccin. A présent, ils sont en train d’adapter cette technologie au nouveau coronavirus SARS CoV2, qui cause la maladie du covid19, c’est-à-dire de reconstituer le RBM du covid19 pour l’utiliser dans le nouveau vaccin. La société de transfert de technologie de l’université, Ramot, a déjà déposé une demande de brevet supplémentaire aux États-Unis pour ce nouveau développement, qui est actuellement en cours d’examen.
« En 15 ans de recherche, nous avons construit une base solide pour développer un vaccin pour le coronavirus actuel, basé sur notre expérience du développement d’un RBM reconstitué pour les virus du SRAS et du MERS », conclut le Prof. Gershoni. « Par la suite, nous avons l’intention de transférer la technologie à l’industrie, par l’intermédiaire de Ramot, pour permettre le développement et la production de masse d’un vaccin qui éliminera la menace du corona dans le monde entier. Le développement d’un tel vaccin devrait se faire en quelque mois, mais il devra ensuite faire l’objet de différents essais cliniques qui prendront environ une période supplémentaire, ce qui nous amène à un nouveau vaccin qui pourrait être prêt à l’emploi d’ici un an à un an et demi».
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Covid-19 : l’Université Bar-Ilan (Israël) transforme l’eau du robinet en un désinfectant 100 fois plus puissant que l’eau de Javel
Israël Science Info Desk, 23 avril 2020
Un antiseptique respectueux de l’environnement pourrait être utilisé en toute sécurité au quotidien pour désinfecter les surfaces dans les hôpitaux, les supermarchés et les crèches. En 2019, l’Université Bar-Ilan en Israël avait annoncé de nouvelles technologies pour produire des désinfectants puissants et respectueux de l’environnement, à base d’eau du robinet, qui peuvent éliminer les bactéries et tuer les virus, y compris ceux de la famille des coronavirus. Ce désinfectant, efficace et sûr, ne contamine pas les eaux souterraines. Ces matériaux ont été récemment testés par la Dr Inna Kalt et la Dr Tatiana Borodiansky Shteinberg dans le laboratoire du Pr Ronit Sarid, de la faculté des sciences de la vie Mina et Everard Goodman de l’Université Bar-Ilan, et se sont révélés efficaces pour neutraliser les virus de type corona.
Cette technologie qui transforme l’eau du robinet ordinaire en une solution anti-virus a été développée et brevetée par le Dr Eran Avraham, le Dr Izaak Cohen et le Pr Doron Aurbach, chef du groupe d’électrochimie, au Département de chimie et à l’Institut de nanotechnologie et Matériaux avancés à l’Université Bar-Ilan.
La technologie repose sur un réseau d’électrodes nanométriques aux propriétés de surface uniques. La rencontre entre l’eau et les électrodes crée un matériau de nettoyage dans un environnement aquatique. Cette combinaison offre une capacité antibactérienne efficace pour les micro-organismes (bactéries, virus et spores), sans danger pour les macro-organismes (comme les cellules de la peau).
La plate-forme sur laquelle repose la technologie permet la préparation d’une variété de solutions pour nettoyer les espaces contre les bactéries, telles que les aérosols en spray (pour désinfecter les surfaces, les appareils, les lits, les placards, les salles de bains, les toilettes, etc.), les conteneurs pour l’immersion (appareils de lavage, mains…), lingettes désinfectantes, lavage des mains, lavage des chaussures, seaux pour laver et désinfecter les sols, systèmes de climatisation, machines à laver et purificateurs d’air à brouillard sec.
La capacité de produire des électrodes dans une variété de formes et de textures rend la technologie adaptée à presque toutes les applications : un filtre dans un climatiseur, un récipient pour laver le poisson et la viande, la désinfection et l’élimination des pesticides des légumes et des fruits, en spray portable, un appareil pour la fabrication de chiffons antibactériens jetables et de nombreuses autres applications, même des masques et des gants.
Cet antiseptique est 100 fois plus efficace que l’eau de Javel et de faibles concentrations (50 à 200 mg) de matières actives par litre suffisent pour désinfecter (contrairement à l’eau de Javel qui nécessite entre 5000 et 20000 mg par litre). Ils sont également beaucoup plus respectueux de l’environnement et ne provoquent pas de brûlures ou de sécheresse cutanée. Ils peuvent être efficaces dans le traitement des plaies, une possibilité selon l’étude. Ils ne provoquent pas de corrosion et, surtout, avec une très faible concentration à 50 mg, ils éliminent toutes sortes de virus.
Dans des conteneurs sans électrode, les désinfectants peuvent rester efficaces pendant deux mois et être vendus dans des bouteilles recyclables. Pour les produits en bouteille réutilisables, un processus assez simple peut être appliqué pour une utilisation au long terme.
« Nous avons examiné la capacité de ces matériaux à bloquer l’infection par le virus de l’herpès simplex de type 1 et le coronavirus humain OC43. Les deux virus ont été complètement éliminés lorsqu’ils ont été exposés aux désinfectants pendant différentes périodes. Les caractéristiques structurelles de l’OC43 sont similaires à celles du récent SRAS- Le CoV-2 suggère que ce virus sera également facilement éliminé avec ce désinfectant », a déclaré le Pr Sarid.
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Déconfinement: en Israël, des cabines mobiles pour tester la populationwww.rfi.fr/fr/moyen-orient, 20/04/2020
Israël a entamé dimanche 19 avril son déconfinement. Le pays a mis en place une politique de dépistage assez large pour les personnes présentant des symptômes du coronavirus, que ce soit dans les hôpitaux, à l’aide de stations « drive-in » ou, désormais, avec des cabines mobiles. Reportage à Tel-Aviv.
Avec notre correspondant en Israël, Guilhem Delteil
Dans sa cabine, Michael Attal est séparé des personnes venant se faire tester par une paroi vitrée. Ainsi protégé, nul besoin d’équipement spécifique pour le responsable de cette station de dépistage de la mutuelle Maccabi. À travers deux hublots, il peut placer les bras dans d’imposants gants en caoutchouc pour réaliser le test. Cette cabine permet un précieux gain de temps.
« Elle nous permet de réaliser des tests beaucoup plus efficacement qu’avant, assure Michael Attal. Cela nous prenait environ 8 minutes avec tout l’équipement blanc qu’on connaît. Là, les personnes sont invitées à venir et toutes les 4 ou 5 minutes, on peut faire un test. » Entre chaque patient, l’extérieur de la cabine peut être facilement désinfecté.
Cette technologie répond ainsi aux critères d’hygiène essentiels et à un besoin du système de santé, juge le docteur Daniel Kuhn, l’un des concepteurs de ce projet : « Le dépistage dans les hôpitaux n’est fait que pour les cas critiques et les patients en état grave. Qu’en est-il du reste de la population qui a le virus ? Ceux qui ont des symptômes moins graves mais dont on doit savoir s’ils sont malades ou non pour pouvoir les isoler ?
Actuellement, cette cabine est un prototype mais d’autres sont en cours de construction et seront installées dans les prochains jours en Israël. Certains pays ont aussi manifesté leur intérêt pour cette technologie. |