Innovation : Quel est le Secret d’Israël ?
Eytan Messik
Maddyness, 06 Février 2018
J’ai passé plusieurs mois à Tel Aviv aux côtés de Oneragtime, afin de screener l’écosystème, trouver de belles startups dans lesquelles investir et surtout essayer de comprendre le sens de cette phrase. Les israéliens l’utilisent comme outil marketing, mais cette phrase est bien plus que le titre d’un livre. C’est une réalité. Israël n’est pas qu’une startup nation, mais une nation de startups.
Quelques données surprenantes concernant l’écosystème israélien
Mis à part les États-Unis et la Chine, c’est le premier pays du monde, en termes d’entreprises cotées au Nasdaq.
C’est le premier pays du monde, en termes d’investissements dans des capitaux-risques par personne et en pourcentage de PIB.
C’est le premier pays du monde concernant la concentration en startups : il y a une startup pour 400 habitants et tous les 19kms².
C’est le premier écosystème de startups au monde, après l’écosystème américain, si l’on en croit les chiffres du classement mondial pour l’année 2015 des écosystèmes de startups fait par Compass.
C’est le premier pays du monde, en ce qui concerne la concentration des employés du domaine de la recherche et du développement : 140 pour 10000 (les États-Unis sont en deuxième position, avec 85 pour 10000).
C’est le pays n°1 en termes de concentration des employés du secteur de la high tech : Israël compte 250000 employés travaillant dans la high tech (ce qui représente près d’un employé sur 10).
C’est le premier pays du monde, de par son volume de publications scientifiques.
C’est le premier pays sur une liste de 148, en termes de capacité d’innovation, deuxième pays, en termes d’esprit d’entreprise et numéro 3 mondial en termes d’innovation, selon l’indice 2016 de compétitivité mondiale utilisé par l’IMD.
C’est la première économie sur 60 économies développées dans le monde, en termes de capacités technologiques et scientifiques, selon l’Index de Dynamisme Mondial, actualisé tous les ans.
C’est le deuxième pays du Forum Économique Mondial.
C’est le deuxième pays du monde, en termes de niveau d’instruction, selon le Wall Street Journal.
C’est le quatrième pays du monde, de par sa capacité à attirer les investisseurs étrangers, selon Deloitte.
C’est le cinquième pays du monde, en termes de brevets par habitants.
C’est le dixième pays du monde, sur l’index Bloomberg.
La question se pose donc : comment est ce possible ? Quelle est la recette d’innovation d’Israël ?
Avec l’équipe de Oneragtime, on a décidé de répondre à cette question avec une infographie (en anglais) qui résume parfaitement les liens entre les différents acteurs de l’écosystème et comment chacun contribue à la réussite de cet esprit d’innovation :
Les piliers des innovations
1) Le pilier militaire
En Israël, le service militaire est obligatoire, entre 18 et 21 ans. Il prépare le futur de tous les citoyens. Il y a quelques unités de renseignement exceptionnelles qui forment des experts en technologie ou en informatique, des hackers… comme on en voit nulle part ailleurs. Par exemple, 8200 est l’unité d’information et de renseignement suprême de l’armée israélienne ou encore 81 qui se concentre sur la fourniture des technologies les plus avancées aux soldats israéliens. La culture et la méthodologie d’enseignement y sont exceptionnelles :
« Il n’y a personne autour de vous qui vous indique la marche à suivre. La culture –et c’est comme ça que ça fonctionne ici – veut que vos supérieurs vous demandent de vous débrouiller. Ceci vous donne l’immense liberté de pouvoir penser différemment. C’est vous et personne d’autre. Et quand vous êtes un entrepreneur, c’est la qualité la plus importante«
Avishai Abrahami, fondateur de Wix
Quand on se dit que la grande majorité des innovations technologiques que nous connaissons maintenant, comme le GPS ou Internet provient des services technologiques de l’armée américaine, on peut imaginer à quel point l’armée israélienne contribue à cet esprit d’innovation que l’on constate dans le pays. Plus de 1000 startups ont été montées par des alumin de l’unité 8200 : de Waze à Check Point, en passant par Mirabilis, l’entreprise-mère de ICQ et 90% du matériel utilisé par le service des renseignements en Israël provient de 8200, selon Forbes.
2) Le soutien du gouvernement
En Israël, le gouvernement consacre une grande partie de son budget à l’Armée, ainsi qu’à la recherche et développement technologique (20% et 4% de son PIB, respectivement). Le graphique ci-dessous fait par l’institut Samuel Neaman (en anglais) montre clairement la manière dont le gouvernement et les entreprises publiques contribuent à l’émergence de tous les types de pôles d’innovation.
3) Pôles d’innovation & départements de Recherche et de Développement multinationaux
Il y a environ 350 centres de recherche et de développement multinationaux en Israël, la plupart de ces centres ont été créés après l’acquisition d’entreprises israéliennes spécialisées dans les nouvelles technologies. Les centres de recherche et de développement forment une part importante de l’écosystème d’innovation israélien. Ils créent de la valeur technologique non négligeable : ils représentent en effet environ 50% des investissements en recherche et développement. De plus, ces centres de recherche et de développement ont un effet positif sur l’économie, en termes de salaires et de productivité. Les employés des centres de recherche et de développement passent aussi par différents acteurs du secteur des hautes technologies au cours de leur carrière, leur permettant ainsi de « distribuer » les compétences technologiques et managériales acquises. Dans le monde professionnel, ce phénomène est connu sous le nom de « débordement », selon l’édition 2017 du rapport de l’Autorité Israélienne de l’innovation.
4) Un écosystème de VCs très performant
Israël compte environ 150 Vcs en activité. Certains sont connus pour leur expertise dans un secteur donné comme la cyber-sécurité, les biotechnologies ou la fabrication industrielle, d’autres pour leur brillant track record (Magma, Pitango, Gemini, Canaan, JVP…). En bref, l’écosystème de financement est impressionnant et il n’y a pas besoin d’expliquer à quel point ce dernier contribue à l’écosystème. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
En 2017, les entreprises israéliennes spécialisées dans le high tech ont permis de lever 5,24 milliards de dollars avec un record de 620 deals.
En 2017, les startups israéliennes « exited » pour 23 milliards de dollars, répartis sur 112 contrats signés, dont : 92 contrats de fusion-acquisition, 13 Premiers Appels Publics à l’Épargne, et 7 rachats, dont 18 montants ont dépassé la barre des 100 millions de dollars
Voici un excellent mapping de l’écosystème de financement en Israël avec la plupart des acteurs :
5) Structure compétitive
Israël est un tout petit pays, peuplé de 8,5 millions d’habitants, parmi lesquels environ 480 000 vivent à Tel Aviv. Quand vous pensez que la moitié de ces gens sont des consommateurs et qu’encore moins de monde aura accès à du capital libre, un fait se dégage clairement : vous ne pouvez pas imaginer lancer avec succès votre produit ou votre service dans cette région. Vous devez vous résoudre à étendre votre marché à l’échelle mondiale. Il vaut mieux ne pas avoir de marché du tout que d’en avoir un petit, cela oblige à rêver plus grand : « To live, you’ll have to go big. »
Ceci étant dit, les données concernant Israël sont impressionnantes, comparées à sa structure. Par exemple, la population a doublé en 30 ans (passant de 4,1 millions d’habitants à 8,2 millions d’habitants), son PIB a augmenté de 400%, ses réserves en devises étrangères ont augmenté de 3%, ce qui a permis de réduire la dette de 76%. Les dépenses de sécurité par rapport au PIB ont aussi baissé de 75%, le déficit de – 82%, la pression fiscale de 30%, et l’aide américaine (en tant que pourcentage du PIB) de 90%. Israël doit cette croissance impressionnante au moins en partie aux succès rencontrés dans le secteur de la high tech qui ont entraîné l’apparition d’un flux continu d’investissements étrangers, selon l’édition 2016 du rapport du Groupe Luzzatto concernant l’Innovation Technologique en Israël.
6) Les synergies
Israël possède de sérieux atouts pour être un leader mondial dans le domaine de l’innovation, mais ce qui est encore mieux, c’est que tous ces atouts sont liés. C’est pourquoi, dans ce cas précis, on peut dire que 1+1 = 3 :
Un cadre culturel fort qui est influencé à la fois par l’Armée et la structure compétitive, ce qui a un impact énorme sur la mentalité des israéliens.
Un transfert efficace de l’expertise et de la technologie qui implique l’Armée, l’enseignement, les incubateurs, le gouvernement et les multinationales qui partagent et mettent leurs ressources en commun pour offrir à la population ce qui a été fait sur le terrain et dans les laboratoires.
Un accès facile aux fonds provenant du gouvernement et des VC, doublés de hubs performants permettant aux entreprises d’acheter des startups et de construire des centres de recherche et de développement. Ce phénomène contribue grandement au cercle vertueux de l’innovation en Israël.
_________________________________
Le Décollage de la Start-Up Nation
Stephane Benoit-Godet
LE TEMPS, 8 Septembre 2017
«Il y a un seul Etat dans le monde qui a commencé par la connaissance, c’est Israël.» Menahem Ben-Sasson, président de la Hebrew University de Jérusalem, n’occupera plus ce poste dans quelques heures, son mandat se terminant. Mais il tient à faire visiter à une délégation suisse son école, dont la création a été soutenue par Albert Einstein et où Amnon Shashua, le cofondateur de Mobileye, la success story israélienne, a enseigné. L’Uni fondée en 1925, soit vingt-trois ans avant la création de l’Etat hébreu, apparaît comme un symbole fort d’un pays orienté vers l’innovation. «Nous connaissons un long succès dans la recherche fondamentale, avec de nombreux Prix Nobel et nous avons construit une mentalité de start-up. Nous devons maintenant franchir un nouveau cap.»
Opération de rachat spectaculaire
L’année 2017 symbolise cette nouvelle étape. L’entreprise Mobileye, qui développe la technologie des voitures autonomes, a réussi la plus grande opération de rachat dans l’histoire du pays en se vendant 15,3 milliards de dollars à Intel en mars. La somme, totalement extravagante, illustre bien le potentiel de la technologie made in Israël. «Le fondateur de Mobileye a compris une chose: il fallait construire un système qui permette de rendre une voiture autonome en lisant les indications du réseau routier comme un humain et pas en créant d’autres capteurs trop coûteux», explique le président de la Hebrew University. Une approche pragmatique qui résume bien l’attitude développée par les compagnies du cru. Les jeunes pousses veulent grandir par rachat (90% d’entre elles) ou une cotation en Bourse pour avoir un impact mondial le plus rapidement possible.
Les firmes restent
Israël a un avantage sur la Suisse. Même quand elles se font racheter, les firmes restent sur place à l’instar de Mobileye qui pilote depuis Jérusalem tout le programme de technologie pour la mobilité autonome d’Intel, désormais premier employeur du pays. «Quand je suis allé voir Steve Ballmer au moment de prendre mon job chez Microsoft, se souvient Yoam Yaacoui du centre de R&D de la société américaine, je lui ai demandé pourquoi il ne rapatriait pas toutes les boîtes qu’ils rachetaient ici aux Etats-Unis. Il m’a répondu que deux choses l’intéressaient ici: la technologie bien sûr, mais aussi la mentalité d’entrepreneur.» Microsoft a désormais huit accélérateurs de start-up dans le monde, tous gérés depuis Tel-Aviv où le premier avait été créé.
En Suisse, la situation s’avère très différente avec de nombreuses sociétés, créées dans le giron de l’EPFL par exemple, qui finissent rachetées et partent sous d’autres cieux comme Biocartis ou HouseTrip. «On commence à avoir des firmes qui comprennent qu’il y a un intérêt à rester sur place, analyse Patrick Aebischer, président émérite de l’EPFL en visite en Israël avec une délégation économique emmenée par la Banque Cantonale Vaudoise à laquelle Le Temps participait. On doit vraiment passer, aussi chez nous, d’une mentalité de start-up nation à une autre de scale-up nation.» C’est cette capacité de faire grandir rapidement l’activité de start-up dans des domaines très novateurs qui distingue Israël. Et il y a une recette pour cela.
L’armée comme école
Les entrepreneurs israéliens sont tout d’abord formés à la meilleure des écoles: l’armée. Dans un pays où presque tout le monde doit faire trois ans de service obligatoire, une formule magique a été créée. «Il y a une très grande sélection des enfants dès 8 ans avec des programmes supplémentaires de maths et sciences pour les plus doués», raconte Michael Bloch, senior partner de McKinsey à Tel-Aviv. Quand ils ont 16 ans, l’armée prend les meilleurs: elle les placera dans des sections d’élite, appelées aussi unités technologiques, où ils créeront leur start-up au sein même de l’institution. «Les héros ont longtemps été ici les généraux: maintenant, ce sont les entrepreneurs, détaille Benjamin Stoffer de T3, l’organe de transfert de technologie de Technion, une des grandes unis du pays. Nous n’avons pas de grandes écoles de commerce, tout passe par l’armée.»
Un jeune sorti d’une unité d’élite commence avec un salaire mensuel de 12 000 euros par mois
En trois ans, ces jeunes font du management dans un cadre militaire, ils ont élaboré un projet avec leurs copains d’unité. «On parle toujours de l’unité 8200 mais il y en a bien d’autres», selon Michael Bloch. Celle-ci compte chaque année des milliers de membres alors que d’autres n’en ont que quelques dizaines, comme Talpiot, la crème de la crème, 32 recrues par an. Ces jeunes Israéliens sont plus matures et plus charismatiques que nos jeunes entrepreneurs grâce à l’expérience de conduite. Ils savent dénouer des problèmes complexes qui ont autant trait à la technologie qu’aux relations humaines. Tout ce qui fait le quotidien d’une entreprise high-tech. Mais la compétence se paie: «Un jeune sorti d’une unité d’élite commence avec un salaire mensuel de 12 000 euros par mois», prévient Moises Cohen de l’incubateur fintech The Floor à Tel-Aviv.
Nous n’avons pas d’industrie automobile mais nous comptons déjà 400 start-up dans la voiture autonome, c’est l’agilité à l’israélienne!
L’excellence en technologie permet, par ailleurs, d’accomplir des miracles. «Nous n’avons pas d’industrie automobile mais nous comptons déjà 400 start-up dans la voiture autonome, c’est l’agilité à l’israélienne!», s’enthousiasme Avi Zeevi, patron du plus grand fonds de capital-risque du pays, Viola. Les entrepreneurs s’intéressent rapidement aux domaines dont ils pressentent qu’ils vont devenir porteurs: en quatre ans, le nombre d’entreprises actives dans le secteur automobile a ainsi triplé. On y trouve des leaders dans la technologie pour la mobilité (comme Waze, racheté par Google en 2013, ou Gett, un très sérieux concurrent d’Uber), des acteurs traditionnels comme Porsche et BMW qui achètent de la technologie locale quand d’autres investissent sur place, à l’instar de GM et Mercedes, à travers des fonds d’investissement. Cette capacité à saisir rapidement les nouvelles opportunités est fondamentale: «Tout va très vite dans un pays où les gens n’avaient pas l’air conditionné il y a vingt ans, analyse Michael Bloch. Nous comptons environ 430 fintechs contre quelque 200 en Suisse. Dans la foodtech, il y a déjà 400 start-up.»
Des drones dans le bâtiment
Cet attrait des grandes entreprises internationales contribue à verrouiller sur place une scène très active dans l’innovation. Dans l’accélérateur d’entreprises Sosa de Tel-Aviv, on croise le réassureur allemand Munich Re, le spécialiste de l’énergie Enel mais aussi la ville de Cologne et le gouvernement australien. «Nous pratiquons l’open innovation, glisse la responsable du développement du lieu, Roni Kenet Harmelin. Nos clients nous indiquent les verticales qui les intéressent et nous les mettons en contact avec l’écosystème local. C’est très stimulant pour tout le monde.»
En général, ces entreprises envoient des équipes différentes tous les deux mois et voient des start-up, des CEO qui ont réussi et résolvent des problèmes de technologie comme de modèles d’affaires. «Les Suisses sont très frileux sur l’open innovation, regrette Michael Bloch, alors que des grandes boîtes pourraient créer des incubateurs et envoyer des employés comme coaches.» Un bon moyen de densifier l’écosystème helvétique, selon notre interlocuteur. De nouveaux secteurs, jusqu’ici peu exposés à la technologie, font leur apparition chez Sosa, comme la construction: «Le Ministère de l’économie nous a demandé de l’aide à ce sujet: la réalité virtuelle mais aussi les drones peuvent amener beaucoup à une industrie très arriérée en termes de technologie.»
Limites politiques et démographiques
Tout est-il pour autant rose dans le pays surnommé la «start-up nation», depuis un livre édité en 2009 déjà? Les obstacles s’avèrent nombreux: de la bureaucratie décrite comme un véritable fléau, pour les entrepreneurs comme pour les universités, mais aussi des limites politiques et démographiques. Les cours dans les unis sont dispensés en hébreu, ce qui ne permet pas d’accueillir des étudiants arabes israéliens – qui font leur cursus dans leur langue – ou des recrues à l’international dans le cadre de programmes d’échanges. Par ailleurs, 20% de la population est constituée de juifs ultra-orthodoxes qui ne travaillent pas et n’étudient pas autre chose que le Talmud. Un véritable poids pour les finances publiques. Et une situation qui va s’aggraver puisque le taux de natalité très élevé des ultra-religieux en fera la population majoritaire à terme.
Avi Zeevi, fondateur de Carmel, le plus grand fonds local de capital-risque, s’alarme pour sa part de la structure économique du pays: «Il y a 1500 start-up créées par an ici, mais plus de 90% du PIB reste très en arrière de cette révolution.» Par ailleurs, certaines recettes ne fonctionnent plus aussi bien. La diaspora, qui donnait beaucoup à la recherche du pays – les murs des universités tapissés des noms de leurs donateurs en témoignent –, se montre moins généreuse ou plus regardante. «Les nouvelles générations sont moins sensibles à cette cause, analyse Isaiah Arkin de l’Université hébraïque de Jérusalem. Soit ils ont moins une âme de mécène, soit ils veulent plus clairement investir et espèrent un retour.»
Collaboration entre la Suisse et Israël
Un des enjeux pour Israël sera de densifier un réseau de solides PME actives dans des secteurs traditionnels mais tournées vers l’innovation, résume Avi Zeevi. Un peu comme ce qui existe en Suisse. «Nous étions surtout connus pour nos oranges de Jaffa vendues dans toute l’Europe, mais nous avons cédé la marque aux Espagnols», s’exclame Dov Moran, l’inventeur de la clef USB, dont la société a été rachetée par un géant de l’informatique. La Suisse et Israël ont lancé plusieurs projets de collaboration pour que la première explique son système d’apprentissage à l’autre et que le second insuffle un vent d’entreprenariat sur la région alpine.
Sommes-nous, nous aussi, une start-up nation du point de vue des Israéliens? «J’ai un message pour la Suisse, annonce Dov Moran: vous n’avez pas d’ennemis et ainsi pas besoin de consacrer 20% de votre PIB à votre protection. Si vous êtes moins entrepreneur que nous, ce n’est pas si grave.»
_____________________________________________
Israël À Les Pointe Des Decouvertes Scientifiques
ANNIE OUSSET-KRIEF
lvsmagazine.com, Septembre 2018
Les trois dernières décennies ont vu Israël accéder au rang des premières nations en termes d’innovations et de découvertes scientifiques et technologiques. « Start-Up nation » : c’est ainsi que cette petite nation de huit millions d’habitants est surnommée. Avec plus de 6 000 start-ups, Israël est devenu un leader mondial en haute technologie. Israël a maintenant sa Silicon Valley (le royaume du high-tech en Californie), la Silicon Wadi, située principalement sur la plaine côtière israélienne, qui attire les investisseurs du monde entier. Selon une étude réalisée par la société Start-up Compas 1, Israël est devenu le deuxième centre de nouvelles technologies, juste derrière la Silicon Valley 2.
C’est ce véritable miracle économique que décrivent Dan Senor et Saul Singer dans leur ouvrage Start-Up Nation, the Story of Israel’s Economic Miracle (McClellan and Stewart, novembre 2009). « Ils ont essayé de nous tuer, nous avons gagné, maintenant nous sommes en train de transformer le monde », c’est ce que déclarait Saul Singer au Jerusalem Post 3. Esprit d’entreprise, dynamisme, capacité d’adaptation, accent mis sur la connaissance et l’innovation : toutes ces caractéristiques font d’Israël un pays d’excellence, et pour beaucoup, le pays innovant de demain.
Israël a su transformer en énergie créatrice ce qui était faiblesses naturelles – climat, terrain, absence de ressources naturelles – et contexte géopolitique défavorable. Sa capacité d’innovation est exceptionnelle et tout à fait exemplaire. L’État consacre près de 5 % de son PIB à la recherche et au développement – contre seulement 2,5 % dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques 4). Il est impossible de mentionner toutes les découvertes, mais un aperçu de certaines avancées scientifiques et technologiques nous permettra d’apprécier la place primordiale de l’État hébreu dans le monde.
En situation de défense et de conflit armé depuis sa fondation, Israël a dû développer sa capacité militaire après l’embargo français lors de la guerre des Six Jours. La technologie israélienne en matière militaire pour la défense de tous ses citoyens est l’un des grands atouts de l’État hébreu. L’une des inventions les plus notables est le système de défense aérienne Iron Dome – Dôme de fer – pour intercepter et détruire à courte portée les roquettes et obus d’artillerie. La cyberdéfense, pour protéger dans le cyberespace des informations sensibles et bloquer les tentatives d’intrusion ennemies, est également un secteur de pointe. La recherche militaire a ainsi un impact crucial sur la société civile, notamment grâce à la formation au développement informatique et à la cybersécurité, dispensée par Tsahal, l’armée de défense israélienne.Conséquemment, le pays a le plus fort taux au monde de travailleurs spécialisés en technologies de pointe. Confluence du potentiel humain, de l’investissement et de la recherche : Israël est, selon de nombreux experts, devenu l’épicentre mondial des hautes technologies.
Dans le domaine civil, les innovations sont innombrables. Les sionistes avaient compris dès le début l’importance fondamentale de former des ingénieurs qui bâtiraient la nation. Le célèbre Technion de Haïfa a été fondé en 1925, et a produit des dizaines de milliers d’ingénieurs, architectes, médecins. De cette élite sont issus trois prix Nobel de chimie – sur les six lauréats israéliens récompensés 5.
Le pays est constitué à 60 % de désert, mais grâce à l’ensemble de ses découvertes, il a acquis son indépendance hydraulique. Les chercheurs ont mis au point des méthodes de désalinisation de l’eau de mer. Cette technique majeure a été exportée : la technologie israélienne est utilisée dans plus de 150 pays. Les plus grandes usines de désalinisation en Inde et en Chine ont été construites par l’entreprise israélienne IDE, leader mondial en la matière. IDE a également bâti en 2015 la plus grande usine de désalinisation des États-Unis, à Carlsbad en Californie.
l’entreprise Netafim, créée en 1965 dans un kibboutz du Néguev, a adopté et produit l’invention de l’ingénieur Simha Blass : l’arrosage goutte à goutte. Le modèle de goutteur permet une économie en eau de 50 % par rapport aux systèmes traditionnels. Aujourd’hui, 75 % des plantations agricoles et des espaces publics israéliens en bénéficient. Netafim est rapidement devenu champion mondial de ce modèle de micro-irrigation et est présent dans une centaine de pays.
Sait-on que la petite tomate cerise qui agrémente nos apéritifs est le résultat de la recherche israélienne ? C’est grâce à Nachum Kedar, professeur émérite de l’Université hébraïque de Jérusalem, que ce petit fruit est cultivé et exporté partout dans le monde.
Outre la recherche en agriculture, bien d’autres domaines sont au cœur des inventions : la médecine en premier lieu. Israël est numéro 1 mondial pour les brevets de matériel médical par habitant. La firme Given Imaging (actions rachetées en 2015 par Medtronic) a ainsi créé en 2001 la PillCam, cette capsule endoscopique dotée d’une caméra miniature. Ce procédé permet de réaliser un examen du système digestif de manière sûre et non invasive.
C’est à une invention israélienne que Gabrielle Giffords, élue de la Chambre des Représentants des États-Unis, doit la vie : en janvier 2011, elle est la cible d’une fusillade lors d’une réunion politique à Tucson (Arizona). Grièvement blessée à la tête, elle est sauvée grâce à un bandage élastique spécial, avec applicateur de pression intégré, qui permet de stopper les hémorragies. L’Emergency Bandage (pansement compressif israélien) – surnommé Israeli Bandage – fut mis au point en 1994 par un médecin militaire israélien, Bernard Bar-Natan, et fut rapidement adopté par les armées américaine et britannique. Secouristes civils et hôpitaux l’ont intégré dans leur équipement de premier secours.
ReWalk Robotics a développé un système d’exosquelette robotisé afin d’aider les paraplégiques à marcher. Le ReWalk est l’œuvre de l’ingénieur Amit Goffer, lui-même tétraplégique à la suite d’un accident de voiture. Il mit au point l’exosquelette en 2004, sept ans après son accident. Mais il fallut plusieurs années pour que l’administration américaine donne son accord à la commercialisation du produit (2011). Aujourd’hui, il y a environ 400 utilisateurs de ReWalk dans le monde – notamment des vétérans de l’armée américaine. Des essais sont en cours pour une nouvelle version de ReWalk, une combinaison souple, ReStore, qui pourrait aider les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral à retrouver la mobilité de leurs membres inférieurs.
Autre invention cruciale : Babysense, un moniteur respiratoire, a été conçu par la firme HiSense pour contrôler la respiration des bébés pendant leur sommeil et prévenir la mort subite du nourrisson.
L’ingéniosité des Israéliens semble sans limite, et nous leur devons de nombreuses créations qui font partie de notre quotidien, comme la clé USB, invention de l’ingénieur Dov Moran, en 1998.
Toujours dans le domaine informatique, les Israéliens ont mis au point le logiciel de traduction automatique Babylon (commercialisé en 1997 par l’entrepreneur Amnon Ovadia). En un seul clic de souris, Babylon peut traduire des documents, textes, pages Web dans plus de 33 langues. Babylon compte cent millions d’utilisateurs.
Waze, une application mobile de navigation GPS, a été élaborée par le chercheur israélien Ehud Shabtai en 2008. Elle permet d’échanger en temps réel des informations sur l’état des routes et de la circulation. Plus de cent millions de personnes l’utilisent dans le monde. La société a été rachetée par Google en 2013.
L’équipement des automobiles en caméras intelligentes est également le fruit de la recherche israélienne : la start-up Mobileye a conçu un système de caméra capable de détecter piétons, vélos, motos, et ainsi prévenir les conducteurs de risques de collision. Mobileye a été adopté par une vingtaine de constructeurs automobiles mondiaux, parmi lesquels General Motors, Nissan, BMW et Honda.
Toutes ces inventions permettent d’améliorer la vie de millions de personnes, d’opérer le tikkun olam, la réparation du monde, au cœur du message biblique. C’est ce que souligne Avi Jorisch dans un récent ouvrage, Thou Shalt Innovate : How Israeli Ingenuity Repairs the World (Gefen Publishing House, mars 2018). L’auteur décrit « comment l’ingéniosité israélienne aide à nourrir ceux qui ont faim, à soigner les malades, protéger ceux qui sont sans défense, et à faire fleurir le désert 6 ». L’impact positif des inventions israéliennes sur nos sociétés est extraordinaire. Grâce à leurs technologies, les Israéliens savent rayonner dans le monde entier. Un exploit pour ce petit pays sorti du désert il y a à peine 70 Ans.
APERÇU DE L’ACTUALITÉ
** À NOTER : Pour Lire l’intégralité des Articles, Veuillez Cliquer sur Leur Titre en Bleu.
La Chambre des représentants au Congrès américain a adopté une importante résolution qui condamne le BDS et appelle à une augmentation de l’aide financière militaire à Israël. Le texte a été adopté à une très large majorité de 398 voix contre 17 oppositions et 15 abstentions. Parmi les opposants, les deux représentantes musulmanes Ilhan Omar (Minesota) et Rashida Tlaib (Michigan).
Un blogueur saoudien qui se trouve en Israël à l’invitation du ministère des Affaires étrangères a été attaqué lundi lors d’une visite au mont du Temple dans la vieille ville de Jérusalem.
Un Nouveau Rapport Accablant Sur l’UNRWA
Déjà sévèrement critiquée par les Etats-Unis et Israël, l’Unrwa est maintenant épinglée par un rapport interne de l’Onu quant à sa direction.
Ce audit interne de l’agence fait part de mauvaise gestion, abus d’autorité, népotisme, conduites morales inappropriées, passe-droits, intimidations, représailles et autres faits répréhensibles qui seraient devenus la norme au sommet de cette agence, jusqu’à son directeur le suisse Pierre Krähenbühl directement impliqué. Au moins vingt-cinq fonctionnaires actuels et passés sont cités dans ce rapport. Comble de l’incompréhension, ce rapport avait déjà été remis au secrétaire-général de l’ONU Antonio Gutteres il y a sept mois, appelant à « faire le ménage » au haut de la pyramide, mais rien n’a été fait depuis.
Shabbat Shalom!
|