Saturday, November 23, 2024
Saturday, November 23, 2024
Get the Daily
Briefing by Email

Subscribe

AGRESSION TURQUE, MENACE IRANIENNE ET LE SORT DES ÉLECTIONS ISRAÉLIENNES

 

 

 

 

 

RÉFLEXIONS EN PERSPECTIVE DES ÉLECTIONS
Daniel Haïk
upjf.org, 21 octobre 2012

 

La décision de Binyamin Nétanyaou de devancer les prochaines élections législatives n'a pas surpris. Elle suscite toutefois de nombreuses réflexions. En voici trois à méditer.

 

1. « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras »

C’est l’adage que tout Premier ministre israélien devrait se remémorer avant de provoquer des élections anticipées. Certes, Binyamin Nétanyaou savait qu’il ne parviendrait pas à convaincre les partis Shas et Israel Béténou de voter un budget de l’Etat économiquement douloureux et il a donc voulu prendre les devants. Certes, les sondages d’opinion lui sont favorables et le Likoud devrait se renforcer. Mais en féru d’histoire qu’il est, Mr Nétanayou sait aussi pertinemment qu’en Israël, le public a pour tradition de sanctionner celui qui prend l'initiative de devancer les élections : c’est précisément ce qui lui est arrivé en 1999 lorsqu’il a dû céder le pouvoir à Ehoud Barak.

 

Qui plus est, Binyamin Nétanyaou ne devrait pas oublier qu'en temps normal, la stabilité du pouvoir lui permet de tirer toutes les ficelles politiques. Par contre, en période pré-électorale, il ne contrôle même pas ce qui se passe dans son propre parti et se retrouve face à des situations imprévues capables de bouleverser tous ses pronostics initiaux. Shimon Peres en sait quelque chose, lui qui a provoqué des élections anticipées en 1996 après l’assassinat d’Itshak Rabin, en étant sûr de l’emporter, et qui, finalement, s’est fait coiffer sur le poteau par un certain… Binyamin Nétanyaou… Les trois mois de campagne, une éternité en politique intérieure, seront parsemés de surprises. Le retrait inopiné de Moché Kahlon de la vie politique est un premier coup de semonces. Il y en aura d’autres.

 

2. La mobilisation des médias en faveur d'Olmert

« Vas-y, Olmert. Cours, prend la direction du bloc de centre-gauche, parce qu’il n’y aura pas d’autre occasion. Car on ne peut plus attendre, car on veut un homme courageux et sage à la tête du pays. Un homme qui n’a pas peur de prendre les bonnes décisions ». C'est le correspondant politique d'un grand quotidien israélien(en difficulté) qui a rédigé cet appel dans son éditorial hebdomadaire. Sa prose est le fidèle reflet de la stupéfiante campagne médiatique menée, ces derniers jours, par plusieurs médias et journaux israéliens en faveur d'un retour d’Ehoud Olmert sur le devant de la scène politique. Comprenant que Nétanyaou avait de fortes chances de rester Premier ministre, cette caste de commentateurs à la pensée unique, et qui prétend toujours vouloir préserver la démocratie israélienne, n’hésite pas aujourd'hui à propulser au rang de messie politique, un homme qui a passé le plus clair de ces trois dernières années dans les tribunaux. Ni plus. Ni moins. Oubliés les échecs civils et militaires de la seconde guerre du Liban, mis au crédit d'Olmert par la commission Vinograd. Oubliées les enveloppes reçues par Talanski. Oubliée la condamnation à une année de prison avec sursis, intervenue il y a un mois à peine. Oublié le procès Holyland dans lequel Olmert est accusé de corruption. Pour chasser Nétanyaou du pouvoir, ces chevaliers de la liberté d'expression sont prêts à absoudre un personnage qui a eu tant de démêlés avec la Justice. Ceux-là même qui, en 2005, avaient offert à Ariel Sharon le pardon suprême en échange de l’évacuation du Gouch Katif, récidivent aujourd'hui, oubliant au passage qu’Olmert avait évité, en septembre dernier, le sceau de l’infamie juridique, le « Kalon », après avoir assuré la Cour qu'il était désormais un homme privé et qu’il n’avait pas l’intention de revenir en politique. Il est toujours stupéfiant de constater la morale et l'éthique à géométrie variable de ces commentateurs. Il a fallu qu’une juge israélienne, Edna Bekenstein les rappelle à l’ordre en affirmant « qu’un retour d’Olmert serait contraire à la logique juridique publique et morale », pour que la campagne s’atténue quelque peu. Quant à Olmert, il semble avoir compris de lui-même que, contrairement à ses amis journalistes, l'opinion publique ne tolèrera pas son retour alors qu'il est toujours dans le collimateur de la justice !

 

3. Elections et menace iranienne

Il y a encore deux mois, les Israéliens et même de nombreux Juifs de France bien informés, étaient persuadés que Nétanyaou s'apprêtait à lancer une armada aérienne pour détruire les installations nucléaires iraniennes. L'affaire avait même provoqué, on s'en souvient, une vive tension entre le Premier ministre et le Président américain. Depuis la tension est retombée comme un soufflet. Comme s'il avait soigneusement programmé son calendrier, le Premier ministre s'est rendu au Palais de verre à New York pour expliquer aux Nations du monde, feutre rouge à l'appui, qu'au printemps prochain, voire durant l'été 2013, l'Iran aurait enrichi suffisamment d'uranium pour produire une bombe nucléaire. En attendant, Mr Nétanyaou va donc profiter de ces quelques mois, pour exiger de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran… et s'efforcer d'obtenir du peuple un mandat renouvelé qui lui donnera carte blanche pour lancer, le moment venu, l'opération militaire qui sonnera le glas du programme nucléaire iranien. Comme par hasard, le gouvernement Nétanyaou, s'il est formé, devrait prendre ses fonctions au début du printemps 2013. S'il reçoit de l'opinion publique un tel mandat, (et plus encore si Mitt Romney est élu à la Maison Blanche, dans quinze jours), Nétanyaou pourra alors agir et neutraliser cette menace existentielle pour Israël.

 

ANKARA EN GUERRE
Daniel Pipes

National Review Online, 16 octobre 2012
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

 

Pourquoi le gouvernement turc agit-il de manière si agressive contre le régime Assad de Syrie?
 
Peut-être que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan espère que lancer des obus d'artillerie en Syrie aidera à amener au pouvoir un gouvernement satellite à Damas. Peut-être qu'il s'attend à ce que l'envoi d'un avion de guerre turc dans l'espace aérien syrien ou le fait de forcer à atterrir un avion civil syrien en route de Russie va lui gagner la faveur de l'Occident. Il se peut que le tout ne soit qu'une grosse diversion pour détourner l'attention de la crise économique imminente en raison de trop d'emprunts.

 

Les actions d'Erdogan s'inscrivent dans un contexte remontant à un demi-siècle. Pendant la guerre froide, Ankara se tenait aux côtés de Washington en tant que membre de l'OTAN alors même que Damas servait de Cuba du Moyen-Orient pour Moscou, un Etat client archi-fiable. Les mauvaises relations turco-syriennes avaient également eu des sources locales , y compris un différend frontalier, le désaccord sur les ressources en eau et le soutien syrien au PKK, un groupe kurde terroriste. Les deux Etats avaient été à deux doigts de se faire la guerre en 1998, lorsque la capitulation en temps opportun du gouvernement d'Assad avait évité un conflit armé.
 
Une nouvelle ère a commencé en novembre 2002 lorsque l'AKP d'Erdogan, un parti islamiste intelligent qui évite le terrorisme et les coups de gueule à propos d'un califat mondial, remplaça les partis centre-droit et gauche qui avaient dominé longtemps Ankara. Gouvernant de façon compétente et supervisant un boom économique sans précédent, la part de l'électorat de l'AKP augmenta d'un tiers en 2002 et de moitié en 2011. C'était donc en bonne voie pour atteindre l'objectif présumé d'Erdoğan qui était de défaire la révolution d'Atatürk et d'apporter la charia en Turquie.

 

Tout émoustillé, l'AKP abandonna le parapluie protecteur de Washington et entreprit sa propre trajectoire indépendante néo-ottomane, visant à être une puissance régionale comme dans les siècles passés. En ce qui concerne la Syrie, cela signifia mettre fin à des décennies de vieilles hostilités et de gagner de l'influence par le biais des échanges – bonnes relations commerciales et autres, symbolisés par des exercices militaires conjoints, Erdoğan et Bachar al-Assad passèrent des vacances ensemble, et une foule de ministres littéralement levèrent la barrière qui avait fermé leur frontière commune.
 
A partir de janvier 2011, ces projets allèrent à vau-l'eau, car le peuple syrien se réveilla de quarante ans de despotisme d'Assad et fit campagne, dans un premier temps de façon non violente, puis violemment, pour le renversement de son tyran. Erdoğan au début offrit des conseils politiques constructifs à Assad, qui repoussa ces derniers, leur préférant une répression violente. En réponse, le sunnite Erdogan faisant appel au sentiment [religieux] dénonça l'alaouite Assad et commença à aider la force rebelle largement sunnite. Alors que le conflit était devenu plus brutal, sectaire et islamiste, devenant ainsi une guerre civile sunnite-alaouite, avec 30.000 morts, beaucoup plus de blessés, et encore plus de déplacés, le refuge et l'aide turcs devinrent indispensables aux rebelles.
 
Ce qui au début était apparu comme un coup de maître était devenu le premier grand faux pas d'Erdoğan. Les théories de complot farfelues qu'il utilisait pour emprisonner et intimider le commandement militaire lui avaient laissé une force de combat moins qu'efficace. Les réfugiés syriens indésirables s'entassèrent dans les villes frontalières turques et au-delà. Les Turcs massivement s'opposèrent à la politique de guerre vis-à-vis de la Syrie, avec une opposition particulière venant des alévis, une communauté religieuse qui constitue 15-20 pour cent de la population turque, distincte des Alaouites de Syrie, mais qui partage un héritage chiite avec eux. Assad prit sa revanche en ravivant un soutien au PKK, dont l'escalade de la violence posait un problème majeur interne pour Erdoğan. En effet, les Kurdes – qui avaient raté l'occasion quand le Moyen-Orient avait été découpé après la Première Guerre mondiale – furent peut-être les grands gagnants du conflit actuel; pour la première fois, les contours d'un Etat kurde avec des composantes turque, syrienne, irakienne et même iranienne pouvaient être imaginés.
 
Damas a toujours un patron de grande puissance à Moscou, où le gouvernement de Vladimir Poutine propose son aide par l'intermédiaire de l'armement et des vetos des Nations Unies. De plus, Assad bénéficie de l'aide iranienne indéfectible, brutale, qui se poursuit en dépit des problèmes économiques profonds du régime des Mollahs. En revanche, Ankara peut encore appartenir formellement à l'OTAN et jouir du privilège théorique de son fameux article 5, qui promet qu'une attaque militaire contre un pays membre mènera à «telle mesure … nécessaire, y compris l'utilisation de la force armée,» mais les poids lourds de l'OTAN ne montrent aucune intention d'intervenir en Syrie.
 
Une décennie de succès est montée à la tête d'Erdogan, et il n'a pas résisté à la tentation de s'engager dans la mésaventure syrienne qui pourrait nuire à sa popularité. Il peut encore apprendre de ses erreurs et revenir en arrière, mais le padishah d'Ankara a mis le paquet sur son djihad contre le régime Assad, travaillant dur pour que ce régime s'effondre et que lui s'en tire.
 
Pour répondre à ma question de départ: le bellicisme turc résulte surtout de l'ambition et de l'amour-propre d'un seul homme. Les Etats occidentaux devraient rester complètement à l'écart et il faudrait qu'Erdogan soit pris à son propre piège.

 

LE CALME TROMPEUR DES TERRITOIRES PALESTINIENS
Daniel Haïk
crif.org, 25 octobre 2012

 

Le 18 octobre dernier, les Israéliens ont marqué le premier anniversaire de la libération de Guilad Shalit. Ce qui a permis de se remémorer le douloureux débat qui a divisé, durant plusieurs années, la société israélienne autour du prix à payer en échange du retour du soldat franco-israélien. On se souvient de l’opposition farouche de ceux qui affirmaient que la libération d’un millier de terroristes du Hamas – dont plusieurs dizaines d’assassins ayant du sang juif sur les mains – allait provoquer une nouvelle vague de terrorisme à l’instar de celle qui avait déferlé sur la Judée et la Samarie à la fin des années 80 (l’intifada des pierres), à la suite du « Marché Djibril ».
 
Or, un an après le retour de Shalit auprès des siens une constatation s’impose : de prime abord, la situation sécuritaire n’a pas connu de dégradation majeure et fort heureusement on n’a pas assisté à une recrudescence des actes terroristes. Ce calme relatif peut avoir deux causes essentielles :
 
Selon l’accord d’échange, seul un tiers des terroristes « durs » sur les 450 libérés par Israël lors de la première phase du marché sont retournés en Judée et Samarie. Israël s’était en effet farouchement opposé à l’exigence du Hamas qui voulait que plus de 330 de ces architerroristes reviennent dans les Territoires. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui. Le fait que la majorité d’entre eux aient été expulsés vers Gaza ou à l’étranger a certainement contribué au maintien du calme.
 
La seconde raison c’est incontestablement l’action menée par les forces de sécurité israéliennes. Depuis le 18 octobre 2011, le Shin-Bet et les services de Renseignements militaires suivent à la trace, à l’aide de technologies sophistiquées, les centaines de terroristes qui ont été relâchés. Ceux qui ont repris des activités terroristes ont été arrêtés. On en a recensé une quarantaine dont 24 sont actuellement en procédure judiciaire. Certains d’entre eux devront retourner en prison pour purger l’intégralité de leur peine. Qui plus est, Tsahal a pu bénéficier du concours des services de sécurité palestiniens qui ne tiennent pas à ce que le Hamas relève la tête en Judée et Samarie. Les forces palestiniennes ont elles-mêmes arrêté des terroristes du Hamas qui projetaient des attentats.
 
Cependant, le calme qui semble régner actuellement en Judée et Samarie serait, selon les forces israéliennes, factice et les risques de dégradation sont réels. Le Hamas est toujours persuadé que l’enlèvement d’un civil ou d’un militaire israélien reste l’arme la plus « efficace » pour combattre Israël. L’un des responsables du mouvement terroriste a promis que « lors du prochain enlèvement, le Hamas exigera la libération de tous les prisonniers qui sont restés derrière les barreaux » : « Il reste 6 000 de nos hommes dans les prisons israéliennes. Pour les libérer nous allons capturer six Israéliens » a-t-il déclaré. Au sein de Tsahal, on prend ces menaces très au sérieux. Au cours des derniers mois, plusieurs Israéliens civils et militaires ont failli être enlevés, mais au dernier moment, ils ont réussi à tromper la vigilance de leurs agresseurs. L’armée a lancé une vaste campagne d’information afin de mettre en garde les soldats et les habitants juifs qui circulent en Judée et Samarie, contre les risques d’enlèvement : « Le kidnapping est une menace véritable et le Hamas fait tout pour enlever un soldat » a dit le lieutenant-colonel Amit Yamin, chef des opérations de Tsahal dans la division de Judée et Samarie. Au sein de l’armée, on vante les mérites de la coopération sécuritaire avec les forces palestiniennes en la matière, mais dans le même élan on fait état d’un relâchement chez les policiers palestiniens, depuis que les salaires n’ont pas été entièrement versés et depuis les manifestations sociales de septembre qui secouent les instances palestiniennes (voir notre dossier dans ce numéro). Selon un responsable sécuritaire israélien, certains des policiers palestiniens qui sont chargés de surveiller les détenus relâchés du marché Shalit auraient eux-mêmes sombré dans la corruption dans l’espoir d’améliorer leurs fins de mois. L’instabilité économique pourrait donc être un terrain propice au recrutement par le Hamas d’apprentis terroristes qui, le moment venu, pourraient embraser à nouveau la Judée et la Samarie.

Donate CIJR

Become a CIJR Supporting Member!

Most Recent Articles

The Empty Symbolism of Criminal Charges Against Hamas

0
Jeff Jacoby The Boston Globe, Sept. 8, 2024 “… no Palestinian terrorist has ever been brought to justice in the United States for atrocities committed against Americans abroad.”   Hersh Goldberg-Polin...

Britain Moves Left, But How Far?

0
Editorial WSJ, July 5, 2024   “Their failures created an opening for Reform UK, led by Nigel Farage, a party promising stricter immigration controls and the lower-tax policies...

HELP CIJR GET THE MESSAGE ACROSS

0
"For the second time this year, it is my greatest merit to lead you into battle and to fight together.  On this day 80...

Day 5 of the War: Israel Internalizes the Horrors, and Knows Its Survival Is...

0
David Horovitz Times of Israel, Oct. 11, 2023 “The more credible assessments are that the regime in Iran, avowedly bent on Israel’s elimination, did not work...

Subscribe Now!

Subscribe now to receive the
free Daily Briefing by email

  • This field is for validation purposes and should be left unchanged.

  • Subscribe to the Daily Briefing

  • This field is for validation purposes and should be left unchanged.